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dimanche 3 octobre 2021

Aventures du Commandant Servaz de Bernard Minier : Glacé / Le Cercle

Le Cercle 

Il y a quelques mois je vous parlais de Glacé, premier opus des aventures du commandant Servaz. 

Cette fois on va aborder la suite, Le Cercle, enveloppé d’un magnifique écrin signé Pocket — mais sorti dans cette édition il y a quoi ? trois ans ? — 




En tout cas on retrouve le commandant Servaz deux ans après les événements de Glacé

L’ombre de Julian Hirtmann plane, mais son temps est-il déjà venu ? 


La couverture donne le ton. Le roman sera orageux, foudroyant et pluvieux. 


Le premier chapitre représente bien le lecteur, ce voyeur insatiable. 

À l’instar du voisin de Claire Diemar, le lecteur va vouloir voir la scène, effroyable de morbidité, qui a dû se jouer dans cette maison. 

Une fois ce premier chapitre passé les événements s’enchaînent toujours plus frénétiquement pour permettre d’étaler l’intrigue autour de la mort de cette prof de lettres. 


Surtout, l’étau se resserre quand on append (dès le début vous en faites pas) que le principal suspect n’est autre qu’un des plus brillants élèves de Claire Diemar, Hugo, fils de Marianne, l’ancien amour de jeunesse de Servaz quand lui-même était au lycée de Marsac pour sa prépa littéraire — et comme sa fille y est aujourd’hui. 

Ça va permettre de se concentrer sur le passé de Servaz, notamment sur son amour pour la littérature, lui qui souhaitait devenir écrivain jusqu’à ce que la vie en décide autrement. 


Vous l’aurez compris le personnel se mêle au professionnel pour donner à voir une enquête pointilleuse et addictive à souhait ! 

J’avais bien aimé Glacé que j’avais trouvé prometteur. Avec Le Cercle j’ai retrouvé cette envie de faire défiler les pages encore et encore et ce malgré le fait que le roman ne soit pas loin des 800 pages ! 


Le Cercle est abouti, maîtrisé par son auteur jusqu’à la dernière page.

Les personnages continuent de gagner en épaisseur, que ce soit Servaz ou son équipe, en tête Irène qui m’a particulièrement conquise. 


Ayant bientôt rattrapé mon retard pour la saga Harry Hole, il me fallait absolument un nouveau chouchou et le voilà tout trouver ! 


Prochain arrêt : N’éteins pas la lumière ! 




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Glacé

J’ai reçu Glacé de Bernard Minier à Noël, il y a bien trois ans maintenant. Ayant très envie de lire un polar et plus encore pendant la période hivernale, ce roman m’a paru être ce qu’il fallait. 

Glacé est le premier volet d’une saga centrée autour du commandant Servaz, qui compte à ce jour cinq volumes. 


Nous sommes en décembre 2008, Diane, une jeune psychologue suisse arrive à l’Institue Wargnier afin d’étudier un certain nombre de malades. Bon j’ai trouvé un peu gros la présence de l’institut refermant les plus dangereux psychopathes d’Europe, mais passons.

On retrouve pas très loin le corps d’un cheval, sans tête, et accroché à une falaise. Le commandant Servaz qui travaille à la PJ de Toulouse est appelé pour prendre en main l’enquête.

Énervé à l’idée de devoir mettre de côté son enquête actuelle (des ados qui ont tué un sans abri) pour s’occuper d’un cheval, le commandant va devoir accepter qu'il ne s'agit pas de n'importe quel  cheval et qu'il n'appartient pas à n’importe qui. Peu importe dans quel pays on se trouve, si on a de l’argent, on est toujours important. 

J’ai été happée par cette lecture. Je pensais la traîner un certain temps au vue de sa longueur : plus de 700 pages quand même ! et en réalité il a été lu si rapidement ! J’étais tellement dedans, je voulais tout le temps le continuer, en venir à bout pour trouver le coupable. Pour savoir si Diane allait enfin avoir une quelconque utilité dans cette enquête. 

L’enquête piétine, mais la lecture jamais. Alors oui il est vrai que certains éléments semblent un poil trop simple : comment Diane peut-elle se promener tranquille en pleine nuit dans un institut sans être remarquée ? ça fait plutôt froid dans le dos de penser ça comme ça, mais bref. 

Les personnages créés par Minier sont prometteurs, que ce soit le collègue de Servaz, Vincent, ou encore la magnifique gendarme, Irène, que j’ai d’ailleurs longtemps suspectée. 

Glacé est une première enquête intrigante, une histoire à dévorer pour découvrir la suite. Ce n’est pas un coup de coeur, je suis restée un peu sur ma faim quand j’ai compris qui était le coupable (disons que c’est la première personne que j’ai suspectée), mais c’était si bon de le dévorer, de tourner les pages sans avoir envie d’arrêter. 
C’est pour moi la définition d’un bon thriller et pour un premier, il remplit amplement sa tâche. 

À voir la suite avec Le Cercle maintenant - ça tombe bien, je l’ai reçu à Noël ! 




dimanche 26 septembre 2021

Le Monde infernal de Branwell Brontë de Daphné du Maurier

Ce livre ne peut qu’attirer : écrit par la grande Daphné du Maurier et retraçant la vie tumultueuse et franchement triste du fils unique de la famille Brontë, Branwell. 

« Je ne sais qu’une chose, c’est qu’il est temps pour moi de devenir quelqu’un, alors que je ne suis rien. Que mon père n’a plus pour longtemps à vivre et que lorsqu’il mourra, ma vie, déjà en son crépuscule, sombrera dans la nuit. » 


L’écrivain du 20e siècle s’intéresse à cette famille d’écrivains du siècle passée. Si les trois soeurs Brontë ont survécu à la maladie jusqu’à l’âge adulte - Charlotte, Emily et Anne -  elles ne sont pas les seules qui vivaient de leur imagination. Elles sont en revanche les seules à avoir publié quoi que ce soit.


Le Monde infernal de Bramwell Brontë se concentre sur Branwell évidemment mais pas que, car la famille Brontë est unie, la fratrie ne se quittent pas et des groupes se forment entre les frères et soeurs. 


Avant d’aborder l’écriture, l’imagination et la place prépondérante du frère dans les oeuvres des soeurs, Daphné du Maurier s’arrête sur les drames qui ont constitué l’enfance du garçon. 

Traumatisé par la mort de sa mère alors qu’il n’a que quatre ans, c’est plus encore le décès de sa soeur ainée, Maria, qui le hantera toute sa vie. 


De constitution plutôt fragile, le père Brontë ne peut se résoudre à envoyer son unique fils suivre des études. Branwell, considéré comme l’enfant le plus doué de toute la fratrie, reste à la maison.

Avec ses soeurs ils inventent un monde bien à eux. Et en particulier avec Charlotte avec qui il a une affinité particulière, ils ont collaboré sur divers projets, notamment Angria


Après une enfance marquée par la perte mais aussi par la création, Branwell se demande ce qu’il pourrait bien faire de sa vie, lui le surdoué. Il est le ciment de la fratrie, le moteur de l’imaginaire. 

Branwell écrit et écrit, il noircit des pages à n’en plus finir mais rien n’y fait. Personne ne veut le lire, personne ne veut de ses poèmes.


Renfrogné et ressentant un manque cruel de confiance en soi, Branwell est brisé par le monde extérieur mais il doit faire quelque chose, il le faut. Il est l’espoir de la famille, le plus doué de tous, alors que faire ? 


Branwell sera portraitiste, voilà comment contrer sa mauvaise fortune, voilà comment accepter l’idée de ne pas être écrivain. Bien vite son envie disparaît et le jeune homme ne vivra jamais de ses maigres talents — le point positif a cette affaire et que les tableaux des soeurs Brontë ont été peints par Branwell. 


Rien ne marche pour lui, rien n’est à sa hauteur et lui-même n’est pas à la hauteur de grand chose. Il commence à boire et à consommer du laudanum (opium). 

Cette époque marque la déchéance de Branwell qui est n’est le frère adoré par ses soeurs chéries. 

Daphné du Maurier insiste sur cette abandon des soeurs, et notamment Charlotte avec qui il était pourtant très proche. Charlotte ne le supporte plus, elle raconte comment règne une atmosphère horrible dans la maison quand il est là. Branwell est brisé et rien ne peut le réparer. 


Son état empire lorsqu’on lui diagnostique trop tard une tuberculose - l’alcool a masqué les premiers signes. Il meurt à 31 ans avec rien d’autre derrière lui que des centaines de pages noircies et quelques tableaux, la plupart inachevés. 


Cette biographie de Daphné du Maurier est passionnante, elle nous entraîne au coeur de la vie de la famille, on en suit toutes les figures, de la jeune Emily, solitaire et timide, auteure du magistral Les Hauts de Hurlevent, de Charlotte, la seule a connaître la notoriété de son vivant grâce à son Jane Eyre, et Anne, la jeune Anne, auteure de La Locataire de Wildfell Park


On assiste à leur évolution et à leur éclosion. On comprend à quel point Branwell et leurs histoires d’enfant ont eu un impact considérable sur la création des soeurs. Un impact tel que pendant un moment, on a cru que Branwell était co-auteur de certains poèmes d’Emily par exemple, et sans doute qu’aujourd'hui encore on a du mal à définir qui a écrit quoi. 


À sa mort, Emily l’a qualifié de « hopeless », une façon de souligner qu’il n’a jamais rien fait de sa vie contrairement à ce qu’on pensait, quel gâchis tout de même ! Autant de génie et aussi peu de chance. Il y a un fort sentiment de régression chez lui, comme s’il était au meilleur de sa forme dans son enfance et que plus il grandissait, plus il devenait mauvais.


Branwell n’a pas accompli beaucoup au regard de ses soeurs, mais peut-être qu’elles-mêmes n’auraient pas accompli grand chose si elles n’avaient pas eu Branwell comme frère pour les guider dans un monde fantasmé et gigantesque. Le garçon ne manquait pas d’imagination c’est un fait, peut-être manquait-il d’une dose de confiance en soi… 


En citant de nombreuses lettres et autres écrits de Branwell ou de ses soeurs, Daphné du Maurier reconstruit le mythe de la famille Brontë pour notre plus grand bonheur. 

« C’est humiliant, cela, de ne pas savoir maîtriser ses propres pensées, être esclave à un regret, un souvenir, esclave à une idée dominante et fixe qui tyrannise son esprit. » 


Le Monde infernal de Branwell Brontë de Daphné du Maurier, traduit par Jane Fillion. 









dimanche 7 février 2021

Mind MGMT - Rapport d'opérations 1 & 2 de Matt Kindt

Mind MGMT - Rapport d'opérations 1/3 : Guerres psychiques et leurs influences invisibles 


!! Ceci est un message envoyé par le Mind MGMT, seul les agents dormants sont habilités à le comprendre !!

Les nouvelles parutions de Monsieur Toussaint Louverture sont toujours à regarder avec attention, elles promettent souvent de beaux moments d’évasion. Il n’est pas étonnant alors si après avoir reçu la brochure j’ai été très intriguée par ce roman graphique, premier tome d’une trilogie dont le dernier paraîtra en janvier 2021. 
Intitulé "Guerres psychiques", ce tome introductif nous entraîne au coeur de machinations à l’échelle planétaire. 


Sans entrer dans les détails (mieux vaut garder tout le mystère avec ce genre d’histoire), on rencontre Meru, auteure d’un livre d’enquête paru deux ans plus tôt. Voilà que son livre a été un best-seller complet mais depuis, bah la Meru elle se tourne un peu les pouces. 

Désespérant de trouver un sujet à sa mesure elle commence à s’intéresser au vol 815 dont les passagers ont mystérieusement perdu la mémoire (à l’exception d’un petit garçon). 
En voilà un sujet passionnant et qui promet une bonne histoire, mais Meru ne se rend pas bien compte d’où elle met les pieds et va se retrouver au centre d’une affaire absolument dingue. 

Car le Mind Management, organisation secrète centenaire a bien des secrets. 

Même si je ne suis pas hyper fan du dessin des visages j’ai adoré le travail de colorisation. L’utilisation de l’aquarelle et son détournement en quelque sorte — les couleurs traduisent de la violence notamment, tandis qu’on a l’habitude de voir l’aquarelle comme quelque chose de doux, avec des couleurs vives, gaies… 

Véritable OVNI, Mind MGMT est un livre qui part dans tous les sens. Les pages sont truffées de texte, d’informations, de récit dans le récit comme avec l’utilisation des marges. 
J’ai adoré cette la mise en abîme ainsi que les différents points de vue. On suit principalement Meru, mais pas seulement et c’est ce qui permet la création d’un suspense qui véritablement te donne envie d’aller plus loin, de toujours tourner la page suivante pour comprendre tout. 

Et surtout, surtout, ce que j’ai préféré, c’est l’ajout d’une page (ou une double page) à chaque début de chapitre pour nous présenter un des agents du Mind MGMT. 
Matt Kindt ce n’est clairement pas n’importe qui (il est très connu pour avoir contribué à l’écriture de comics notamment) et effectivement son travail vaut le détour ! 
La création de son monde, la facilité pour le lecteur de se perdre mais aussi de se retrouver… Mind MGMT est une oeuvre de qualité, une oeuvre prenante et dans laquelle on entre pour ne plus sortir. 

Apprenez-en le moins possible dessus. Jetez-vous à corps perdu dedans et laissez-vous entraîner par cette histoire de dingue, c’est tout ce que je peux vous conseiller. 



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Mind MGMT - Rapport d’opérations 1/3 de Matt Kindt 
(publication originale : 2012, publication fr. chez Monsieur Toussaint Louverture, 2020). 
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Thomas de Châteaubourg 
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Mind MGMT - Rapport d'opérations 2/3 : Espionnage mental et son incidence collective


Et on continue dans la découverte du roman graphique Mind MGMT de Matt Kindt avec la sortie du deuxième tome.


Souvenez-vous, tous les éloges pour le premier tome : la puissance des couleurs, le détournement de l’aquarelle, présente pour illustrer des scènes violentes, la sur-présence du texte… 


Tous ces compliments valent pour le deuxième tome intitulé « Espionnage mental et son incidence collective ». 





Si j’ai retrouvé tout ce qui me plaisait esthétiquement parlant dans le premier tome, il en a été de même pour le fond. 


En s’enfonçant encore plus dans les méandres du Mind Managment, l’intérêt grandit plus encore que dans le premier. 

Là on a une idée précise des choses et on veut savoir ce qu’il va bien pouvoir se passer pour tous ces personnages, Meru en tête. 


Il est impossible d’aborder ce deuxième tome sans raconter le premier alors je ne m’y essaierai pas. 


Dans le premier je vous avais parlé de mon enthousiasme concernant la double-page à chaque début de chapitre. Pages consacrées à la présentation d’un espion du Mind MGMT. On retrouve toujours le même principe mais cette fois pour atteindre les « étages supérieurs », ceux qui sont vraiment badass. Ou alors pour nous présenter les ennemis du Mind… 

Je crois que c’est ce que je préfère dans cette histoire, la présentation de nouveaux personnages ayant de nouveaux pouvoirs. Ça montre la richesse créative de l’auteur et ça s’emboîte parfaitement dans l’histoire qu’il souhaite raconter ! 


Enfin, j’ai adoré les dernières pages, consacrées aux mémoires d’Henry Lyme. Les couleurs, les dessins… je suis fan. 


Un deuxième tome encore meilleur que le premier où le lecteur est de nouveau baladé d’un coin à l’autre sans possibilité de souffler. 

La création de nouveaux personnages apporte un souffle d’air frais et la multiplication de récits au coeur du récit est sans doute l’un des plus grands tours de force de cette saga ! 


Mind MGMT 2 de Matt Kindt, traduit par Thomas de Châteaubourg aux éditions Monsieur Toussaint Louverture.






mercredi 25 novembre 2020

Une putain d'histoire de Bernard Minier

Lorsque j’ai reçu ce livre à Noël (2019) j’étais mi-figue mi-raisin. Ayant beaucoup aimé Glacé j’étais au départ partie pour continuer sur ma lancée avec l’exploration des aventures du commandant Servaz. 


Puis j’ai reçu Une putain d’histoire, un one-shot de Bernard Minier toujours. 

Je suis entrée dedans comme on entre dans un bon bain chaud : rapidement et avec plaisir.


Ce thriller raconte l’histoire de Henry, le narrateur qui n’est autre qu’un adolescent de seize ans vivant sur une île appelée Glass Island, à la limite entre les États-Unis et le Canada. Dès les premières pages un drame survient : Henry prend tous les jours le ferry avec ses amis afin de se rendre au lycée, mais voilà qu’un jour Naomi, sa petite amie, souhaite prendre ses distances. Et voilà que le lendemain, Naomi a disparu, pis, elle est retrouvée morte, échouée sur la plage, prisonnière d’un filet de pêche. 


Qui a bien pu tuer la belle Naomi ? Henry, en coupable tout désigné va-t-il parvenir à renverser la tendance ? Lui et ses amis, en apprentis enquêteurs seront-ils capables de démêler le vrai du faux ? 


C’est un véritable page-turner que nous a pondu Bernard Minier avec ce roman. On suit alternativement différents protagonistes, si bien que différentes pistes s’offrent à nous. Minier parvient avec brio à perdre son lecteur parmi la ribambelle de personnages, tous en apparence aussi coupables les uns des autres.


C’était amusant et prenant de suivre cette affaire, de se méfier de tous, même du narrateur - après tout, ce ne serait pas la première fois qu’un narrateur est un menteur n’est-ce pas ? 

Alors personne n’était laissé de côté, tous pouvaient être coupables. 

Alors j’ai continué d’enchaîner les chapitres, de tourner les pages si vivement que le roman a été avalé et digéré. 


Cette histoire m’a beaucoup fait penser à Shutter Island de Dennis Lehane. Sans doute à cause de cette couverture qui décrit parfaitement bien l’ambiance du roman : une mer agitée, une météo pluvieuse et orageuse. Bref, il ne fait pas forcément bon vivre sur Glass Island. 

Et puis à cause de Henry aussi, même s’il n’a rien à voir avec Teddy. Ceux qui l’ont lu comprendront, pour les autres, je préfère vous laisser la surprise. 


Parce qu’Une putain d’histoire est un thriller intelligent. Possédant quelques longueurs ici et là (principalement lorsqu’on suit d’autres personnages comme celui de Noah) mais au-delà de ça, il se laisse dévorer jusqu’au dénouement final, jusqu’à ce dernier chapitre deux ans après les faits. 

Ce chapitre m’a plu. Il a confirmé mes doutes du tout début, jusqu’à ce que j’abandonne cette piste pour me perdre dans les autres. Il faut croire en son instinct, voilà ce que m’a rappelé ce livre, de toujours se fier à son idée première parce qu’au final, elle pourrait s’avérer être la bonne. 


Je ne peux en dire plus sans en révéler de trop. Pour tous les fans de thriller, de roman policier et j’en passe, cette histoire est faite pour vous. Elle démontre qu’en France aussi on a des pointures du genre. Elle démontre qu’une bonne histoire, c’est avant tout de bons personnages et un bon cadre. Bernard Minier, en menant tout le monde en bateau réussit magnifiquement bien à traduire la peur, la culpabilité, le mensonge, et la manipulation. 









dimanche 22 novembre 2020

Le Coin des libraires - Les Sorcières du clan du nord I. Le sortilège de minuit & II. La reine captive d'Irena Brignull

Comment ne pas craquer pour cette couverture ? Et puis ce titre aussi. Si comme moi vous aimez les sorcières, il faut vous procurer ce premier tome d'une saga (est-ce juste un diptyque où y aura-t-il un troisième volet ?) 

Je me suis décidée à craquer pour Les Sorcières du clan du nord d'Irena Brignull à cause de la sortie du deuxième tome, et aussi parce que j'aime beaucoup lire de la jeunesse en été. Chez moi, c'est une période propice au genre fantastique et au polar/thriller, il n'est donc pas étonnant si j'ai lu ce premier tome. 



Dès les premières pages on sait à quoi s'attendre : Poppy et Clarée sont nées le même jour, leur place ont été échangées si bien qu'il est difficile de vivre puisqu'elles n'ont pas la place qui devrait leur revenir. 
On suit beaucoup plus Poppy que Clarée, pour mon plus grand bonheur. J'ai trouvé le personnage de Poppy certes un peu stéréotypé (comme la plupart du temps lorsqu'il s'agit de jeunesse/young adult) mais néanmoins plus profond que celui de Clarée. Cette dernière m'a souvent ennuyée à cause de son ignorance, mais surtout par sa naïveté. Elle est gentille, tout ça, tout ça, mais on dirait une gamine de 10 ans, c'était parfois trop abusé. 

Poppy est pour moi l'image de l'adolescente solitaire, mais extrêmement fort, celui qui souffre, mais qui s'en sort seule malgré tout. Du moins jusqu'à sa connaissance avec Léo. Le traitement de son personnage m'a semblé bien plus recherché que pour celui de Clarée, que ce soit dans sa relation au monde, avec ses parents ou même avec Léo. 
Je comprends pourquoi celui de Clarée est moins étoffé - ça s'explique du point de vue de son passé, de son éducation, de sa vie en général - mais j'aurais aimé pouvoir m'attacher à elle et non pas la voir comme une petite soeur envahissante et possessive. 


L'enjeu dans ce tome est relativement simple : une prophétie a été récitée il y a de nombreuses décennies disant qu'une Hawkweed deviendrait la reine. Les deux soeurs Hawkweed, Crécerelle l'aînée et Charlock la cadette ont toutes les deux des filles, mais Crécerelle décide que sa fille sera l'heureuse élue.

Sans réelle surprise sur l'issue, j'ai pris du plaisir à découvrir Poppy vivant dans le monde des humains (nommés ivraies par les sorcières) et Clarée, vivant dans celui des sorcières. Comme on s'y attend on trouve des thèmes tels que le rejet ou encore la solitude. 
Les personnages tentent de faire rentrer les bonnes pièces du puzzle afin d'arriver à quelque chose qui soit normal, afin que la mère de Poppy retrouve sa fille et sorte enfin de son mutisme et de sa pseudo folie. Afin que Poppy occupe la place qui lui revient de droit, etc. 

Au-delà de ces deux filles, j'ai énormément aimé Léo, il m'est apparu comme le meilleur personnage puisque c'est pour moi le plus prometteur. Sa vie dans la rue est intéressante, mais il manque cruellement de profondeur - ce que l'auteure a sans doute souhaité pour pouvoir lever les zones d'ombres de son passé.

Sa relation avec Poppy est tout simplement magnifique, ils sont tous les deux inadaptés socialement, mais ils se comprennent et s'aiment sans même se connaître. 
En revanche, gros point négatif pour le triangle amoureux. Ça se sentait à 100 km et c'est tellement dommage. Pourquoi faire un triangle amoureux sérieux ? Pourquoi faire en sorte qu'un personnage souffre inutilement ? (là, en l'occurrence, Clarée et Poppy tour à tour). 


La fin m'a laissé pantoise. J'étais certaine que Léo cachait quelque chose, qu'il ne pouvait pas être séparé de Poppy pour la simple et bonne raison qu'elle est une sorcière et lui un simple humain. Dès les premières pages j'ai eu des doutes sur lui et ces doutes se sont révélés être vrais par la suite. 
Je n'ai qu'une hâte, ouvrir le deuxième tome et voir comment Poppy et Léo vont bien pouvoir se retrouver. Mais aussi voir comment Poppy va prendre possession de ses pouvoirs.

Il me reste encore beaucoup de choses à apprendre et j'ai très envie de lire le deuxième tome, mais j'ai un peu peur que ce soit la fin, que l'auteure ait seulement écrit deux volets. 
Ça me semble bien mince pour conclure une histoire comme celle-ci, surtout lorsqu'on arrive au bout du premier tome et que pleins de questions restent en suspens. 


Vous avez lu ce livre ? Il vous fait envie ? 


Elle avait souvent rêvé de se laisser emporter par le courant vers un avenir meilleur. Et voilà qu’elle se tenait devant l’avenir, qui était devenu son présent. 



  • Les Sorcières du Clan du Nord II.  La reine captive 


Après avoir apprécié ma lecture du premier volet, j’ai attendu quelques mois avant de me plonger dans la suite (et fin) des aventures de Poppy, Clarée, Léo et les autres. 


La fin du premier tome laissait penser que les retrouvailles étaient désormais impossibles, mais il ne faut pas parler trop vite n’est-ce pas ? 



Une fois la prophétie vérifiée, Poppy n’est plus maître de son destin, elle doit accepter la réalité, elle est la gardienne et protectrice de ses soeurs sorcières, qu’elle le veuille ou non. 


Il en va de même pour Leo, qui, contre attente, se révèle être lui aussi un sorcier.

J’ai aimé cette idée, le rôle des hommes, bannis de la communauté des sorcières (tués, avant même d’être portés à terme), interroge sur la discrimination et la peur. La peur d’un autre qui n’est pas biologiquement comme soi, d’un autre qui pourrait être une menace pour les femmes. 


Ce livre, je l’ai dévoré, mais à dire vrai, je ne sais pas trop pourquoi. 

Il se lit très bien, le style est toujours agréable et Irena Brignull a un don pour nous donner envie d’en savoir toujours plus.

Au-delà de ça ma lecture ne m’a pas franchement emballée. 


Trop de longueurs, d’apitoiement, de répétitions. 


Je n’ai pas retrouvé la magie du premier tome, voilà tout. 

J’ai espéré pour Poppy et Léo, j’ai eu de la peine pour Clarée, reléguée au second plan par tous. Mais ça s’arrêtait là, et c’est bien dommage quand on voit que le premier tome était bien plus construit et intéressant. 


Après je dois dire que j’ai beaucoup aimé la présence de Badiane. Les flash-backs avec Charlock aussi, j’ai trouvé que c’était pertinent, mais justement cette idée m’a plus enthousiasmée que l’histoire de Poppy et Léo, ce qui n’est pas normal quand on sait que j’ai adoré suivre ces deux personnages dans le premier tome ! 


Ce livre n’est pas mauvais, il est même plutôt bon si l’on considère que c’est pour la jeunesse et qu’il n’y a pas de grands enjeux. Mais malgré ça, je garde un petit goût d’amertume. Cette histoire aurait pu être grandiose — elle est juste bien.  


Il ne sert à rien de s’étaler plus encore. Il y a des livres où on a beaucoup de choses à dire, d’autres où on en a beaucoup moins, La reine captive, le deuxième volet des Sorcières du clan du Nord fait partie de ceux-là. 


Vous avez-lu ce diptyque ? ou même entendu parler ? 






dimanche 21 juin 2020

Le Coin des libraires - Captive de Margaret Atwood

En 1996 paraît le roman de Margaret Atwood intitulé Alias Grace. Il aura fallu la mode de La Servante écarlate pour que le jour se fasse de nouveau sur ce roman, également adapté en série sous le même titre. 

En France, c’est en 1998 que Captive sort dans nos librairies.




Ayant adoré La Servante écarlate (livre comme série), j’avais très envie de découvrir Captive, même si je ne savais absolument rien dessus. En plus j’avais reçu à Noël (2018) la magnifique édition collector publiée par 10/18. Je n’avais plus d’excuse. 


Je ne sais pas si c’est pareil pour vous, mais je préfère toujours lire le livre avant de découvrir son adaptation (et inversement si c’est d’abord un film avant d’être un livre, chose très rare). 

Du coup je voyais toujours la vignette de la série passer et je me disais toujours qu’il fallait que je lise le livre…


Il aura fallu qu’on me mette devant le premier épisode pour que je me décide à ouvrir le bouquin. Et quelle lecture ! 

Je ne savais pas de quoi ça parlait (même si j’avais compris qu’il y avait une histoire de meurtre là-dessous) mais ça avait l’air quand même vachement bien ! 


Pour la première fois j’ai lu le roman et alternativement j’ai regardé la série si bien que je suivais vraiment les deux en même temps. 

J’ai rapidement compris que Margaret Atwood s’était inspirée d’un fait-divers et là, évidemment c’était le jackpot. 


Un fait-divers historique, dont je ne connaissais pas l’existence et où il est question de meurtre et de psychologie, mais que demander de plus ??


J’étais servie il y a pas à dire. 


Criminelle, criminelle, murmure-t-il tout bas. Ce terme a de l’attrait, une senteur, presque. De gardénias de serre. Terrifiante, mais également discrète. Il s’imagine en train de la respirer tout en attirant Grace vers lui, en appuyant sa bouche contre la sienne. Criminelle.


Captive reprend l’histoire de Grace Marks, femme de chambre chez Thomas Kinnear, un bourgeois ayant des relations avec sa gouvernante, Nancy Montgomery.


En 1843, James McDermott assassine le couple et s’enfuit avec Grace. Cerveau de l’opération, complice ou simple victime collatérale, Grace est arrêtée avec McDermott. Condamnée à perpétuité pour le meurtre de Kinnear uniquement (McDermott a pris la pendaison), Grace est restée 30 ans en prison avant d’être graciée en 1872. 

S'il n'y a pas eu la peine de mort pour elle, c’est uniquement en raison de son jeune âge lorsque les faits sont survenus. 


Aujourd’hui encore les raisons autour du meurtre de Kinnear et Montgomery sont mystérieuses, en particulier le rôle joué par Grâce. 

Margaret Atwood s’intéresse d’ailleurs surtout à la jeune femme, aux raisons qui auraient pu la pousser à en arriver là. Choisissant la thèse psychologique, Grâce aurait eu des problèmes, disons schizophréniques, après la mort de sa seule amie, Mary Whitney, décédée des suites d’un avortement. 


La place de choix de Mary dans l’imaginaire de Grâce pourrait expliquer les raisons de son acte : venger la jeune femme décédée à cause, notamment, de sa classe sociale et de son impossibilité d’avoir un enfant au regard de ses conditions de vie. 


Le livre n’est que spéculation et la série reprend bien ces diverses interrogations. 


En des moments pareils, j’envie ceux qui ont trouvé un refuge sûr où accrocher leur coeur ; ou peut-être est-ce que je leur envie d’avoir un coeur à accrocher. J’ai souvent le sentiment de ne pas en avoir et de ne posséder à la place qu’une pierre en forme de coeur ; et d’être donc condamné à «  errer en solitaire comme un nuage  », comme l’a écrit Wordsworth.



Captive de Margaret Atwood, traduit par Michèle Albaret-Maatsch aux éditions 10/18.


  • Du livre à l’écran 


Sans volonté de trancher, Atwood a choisi le parti de l’interrogation. Finalement on en apprend pas plus sur le fait divers et sur Grâce Marks après avoir lu Captive, mais on sort interrogatif et avec un sentiment contradictoire à l’égard de Grace. 


Il en va de même dans la série où la fascination ressentie par le Dr. Jordan (Edward Holcroft) est tout autant celle du spectateur. En équilibre entre la culpabilité et l’erreur judiciaire, on ne sait sur quel pied danser. 

Quelle est la vérité ? Est-ce une histoire macabre largement due aux conditions sociales de l’époque ? chose qu’Atwood décrit parfaitement bien dans son roman avec par exemple la jalousie éprouvée à l’égard de Nancy Montgomery, aussi méprisable que toute bonne bourgeoise qui se respecte (mais n’oublions pas qu’elle n’est en rien une bourgeoise).


J’ai eu la bonne surprise de retrouver Anna Paquin (True Blood, et plus dernièrement dans The Irish Man) dans le rôle de Nancy. 

En campant un personnage détestable elle donne des points à Grace pour laquelle on éprouve que de la pitié. 


La série retranscrit fidèlement ce sentiment d’injustice ressenti à l’égard de Grace. On croit la majeure partie du temps qu’une femme de sa trempe n’a pas pu faire ce qu’on lui reproche. Elle est trop douce, trop calme, trop gentille. 

Mais il faut se méfier des apparences, voilà ce qu’on veut nous faire comprendre. 





En 6 épisodes le spectateur est interrogé sur la difficulté à reconnaître quelqu’un coupable sur le seul fait d’un témoignage (McDermott et Grace ne cessent de se jeter la balle, et un troisième protagoniste y met son grain de sel). La réalisation est efficace et nous met dans une ambiance feutrée, celle, intime, des séances avec un psychologue. 


Le choix de reprendre le titre du roman Alias Grace est très fort. Je le comprends vraiment comme un aveu, celui de la maladie, du trouble de la personnalité. Tandis que le titre Captive est caractéristique de Grace Marks, un être énigmatique, complexe… captivant. 



D’ordinaire je déteste les fins ouvertes, mais là il y a à mon sens une nécessité de ne pas trancher. La thèse psychologique est parfaitement plausible. La thèse de l’influence de Grace sur McDermott l’est aussi. 

On ne saura jamais les raisons de cet acte, on ne saura jamais qui est véritablement coupable, qui a manipulé qui, qui est à l’origine du massacre. 


L’Histoire est composée de zone d’ombre et ce fait divers, survenu au 19e n’y coupe pas. 

Grace était un cas clinique avant l’heure, ou était-elle simplement une tueuse jalouse et dépravée. Qui sait ? 


Dans tous les cas je recommande à tous ceux qui aiment les faits divers le livre comme la série, ils sont à peu près pareils du point de vue de l’histoire, mais ils apportent chacun un éclairage différent sur les principaux protagonistes. 







dimanche 7 juin 2020

Le Coin des libraires - Franz Schubert Express & Looking Back de Tecia Werbowski

Ces récits de Tecia Werbowski possèdent plusieurs similitudes ;  les trois histoires auxquelles nous avons affaire sont directement liées par un même lieu : le train. Ensuite, il faut noter l'importance de la brièveté. L'histoire la plus longue, celle que l'on suit dans Looking back, le dernier ouvrage de l'auteure paru en France en mars 2018 dépasse à peine les 70 pages - et encore, 70 pages bien aérées ! 

Ces deux livres, parus dans la collection Notabilia sont à l'image de l'amour de l'auteure pour la République Tchèque, et plus particulièrement pour Prague, ville où elle a effectuée ses études. Polonaise de naissance, et Canadienne d'adoption, c'est néanmoins Prague la ville de son coeur.


  • Franz Schubert Express 

L'ouvrage intitulé Franz Schubert Express renferme en réalité deux nouvelles, la nouvelle éponyme et la deuxième intitulée "Gustav Mahler Express", deux noms de ligne de train donc. La première effectue le trajet Prague-Vienne tandis que la seconde l'effectue dans le sens inverse. 
Si j'ai trouvé l'idée de base très intéressante, j'ai décroché une fois Franz Schubert Express terminée. Avant d'expliquer pourquoi, j'aimerais souligner le fait que j'ai aimé l'ambiance qui se dégage de l'oeuvre de Werbowski, sorte d'entre-deux, entre l'ancien et le moderne. C'est avec une écriture actuelle (autrement dit, en utilisant des termes contemporains) qu'elle nous décrit des situations qui pourraient être empruntées à une autre époque. J'ai aimé ce mélange qui donne une ambiance assez unique au récit. 

Autre point fort, cette femme apprenti détective qui fait obligatoirement penser à ces grandes enquêtrices à l'image de Miss Marple d'Agatha Christie (auteure qu'elle cite par ailleurs !). On se prend facilement au jeu de l'enquête et puis, il faut aussi dire qu'on rentre très facilement dans l'histoire - encore heureux j'ai envie de dire vu la taille des histoires... 

Sinon, la deuxième partie de l'ouvrage (qui correspond au trajet Vienne-Prague) m'a bien moins enthousiasmé. Je pense que c'est notamment dû à la différence de focalisation, on passe d'une focalisation interne avec le personnage de l'apprentie enquêtrice qu'est Maya à une focalisation externe. Le passage du je au elle est soudain, assez brutal. Enfin pour être honnête, les événements qui se déroulent dans cette deuxième partie ne m'ont pas hyper intéressés contrairement à la première partie où j'ai trouvé passionnant le fait que Maya parvienne si facilement à apprendre la vérité. 
Généralement les auteurs de polars étalent leur intrigue sur des centaines de pages, ici Tecia Werbowski va à l'essentiel et sans être un roman policier ou un thriller à proprement parler, elle fait preuve d'un véritable talent pour la brièveté qui n'est pas sans rappeler de grands écrivains comme Stefan Zweig. 


Les trains, ces monstres sacrés… Il y aurait des livres entiers à écrire sur leur importance. 
Tantôt bienveillants, tantôt terrifiants, ils gémissent et hurlent ; ils vous endorment, à la façon d’une berceuse ; ils sifflent, respirent et soufflent bruyamment, selon le genre de responsabilités qu’on leur confie. Des monstres, comme ceux qui ordonnent qu’on emmène des innocents à Auschwitz ou au goulag, en usent et en abusent. Chers, très chers trains, complices de nos rêves… 
- Gustave Mahler Express 



  • Looking Back 

Si le train est omniprésent ici aussi, les personnages eux sont différents. Adieu Maya, bonjour Tecia, sorte d'avatar de l'auteure elle-même. J'ai aimé l'importance de la porosité fiction/réalité. Nous suivons une femme, Tecia, qui porte donc le nom de l'auteure. Est-ce un récit proprement autobiographique ou bien est-ce simplement une façon de perdre le lecteur ? Même si je n'ai pas la réponse le fait de s'interroger est quelque chose d'intéressant en soi.

Cette fois, Tecia fait la connaissance d'un homme dans le train qui la mène à Cracovie. Cet homme qui s'est invité dans son wagon lui dévoile le drame de sa vie. À ce moment le lecteur oscille entre soupçon et compassion. Une fois de retour au Canada, Tecia s'interroge sur cet homme, sur les étranges coïncidences qui les unis - ils ont tous les deux étudié à Prague, ils se sont tous les deux expatriés au Canada. C'est alors l'occasion pour Tecia de retrouver la trace de cet homme, Janusz Nowicki qui n'a pas quitter son esprit malgré les années.

Là aussi on trouve l'enquête au centre de tout, enquête sur cet homme étrange et sur sa résidence. Comment le retrouver ? que faire pour qu'il raconte son histoire en intégralité ?
Et alors là aussi on retrouve cette idée du récit autobiographique lorsque Janusz revoit Tecia et l'accuse de se servir de lui et de son malheur pour écrire un livre.

Se pose la question de la légitimité. Pourquoi écrire un ouvrage sur la détresse d'un homme, surtout si celui-ci l'interdit ? quelle image l'écrivain véhicule auprès d'autrui, est-il nécessairement vu comme un profiteur qui n'est là que pour "voler" les histoires des autres ou au contraire, apparaît-il comme un moyen de faire connaître son histoire ?
Voilà les questions qui n'ont cessé de me venir à l'esprit depuis ma lecture de Looking back.

J'ai pris du plaisir à retrouver la plume de Tecia Werbowski, sans fioritures, avec une certaine économie de mots et ses histoires un peu loufoques qui interrogent toujours le lecteur sur une ou des questions. Pour moi, le récit est le prétexte pour interroger plus que pour raconter. Car si on regarde Looking back seulement depuis son récit, le texte en soi est quand même assez pauvre : l'héroïne est dans un train, elle rencontre un homme, discute avec lui, puis désir le retrouver pour avoir le fin mot de l'histoire. Disons que ça n'a rien de vraiment original. Et pourtant l'auteure en fait un ouvrage intéressant et pertinent sur le sens que l'on peut donner au métier d'écrivain aujourd'hui.

La vie est comme un train qui roule depuis la station de notre naissance jusqu’au terminus où notre vie prend fin. De temps à autre, il s’arrête dans des endroits agités, troubles, voire dangereux, et nous nous demandons alors, incertains, s’il faut continuer le voyage. Mais pour aller où, avec qui ?







La promise au visage de fleurs de Roshani Chokshi

Il était une fois un homme qui croyait aux contes de fées. Il était une fois un homme qui savait que les contes révèlent ce qui demeure cach...