mercredi 22 décembre 2021

Bonne élève de Paula Porroni

Je viens de faire quelque chose que je ne fais jamais : regarder les avis sur ce livre avant même d’avoir rédigé le mien. 

Et là, quelle surprise de voir que si peu de gens l’ont aimé, quand moi, je l’ai adoré. Et dévoré. 



Bonne élève, c’est l’histoire d’une jeune femme qui vient d’Argentine mais qui a effectué ses études d’histoire de l’art dans l’établissement le plus prestigieux d’Angleterre. 

Après avoir obtenu son diplôme et être rentrée en Argentine pour trouver du travail, elle est bien obligée d'abdiquer, il n’y a rien pour elle. 


Alors elle marchande encore et toujours plus pour que sa mère accepte de lui donner de l’argent, de subvenir à ses besoins une dernière fois, pendant un an. Si à la fin de cette période elle n’a toujours rien, elle devra rentrer définitivement, et accepter de vivre aux côtés de sa mère, aussi ennuyante qu’envahissante. 


Bonne élève ça raconte l’histoire de cette fille brillante, intelligente mais sans argent, sans piston, sans contact, excepté cette nana qu’elle a rencontrée durant ses études et qui vit désormais à Londres. 

Cette nana avec laquelle tout est ambigu, cette nana avec qui elle est sans cesse en compétition. 


C’est comme ça qu’elle entendra parler d’une bourse doctorale en gros, dans une ancienne université technique. En bref, rien de bien fameux.


Paula Porroni nous livre avec ce court roman le tracé d’une vie déçue, un parcours exemplaire et pourquoi ? 

Rien.


Bonne élève est un roman grinçant, un roman passionnant sur l’impossibilité. Non pas la difficulté, où on aurait pu dire « si elle avait voulu, elle aurait pu », non, véritablement sur le caractère inexorablement catastrophique du futur. 

Sur la concurrence entre élèves, amis ou non, sur la honte de devoir assumer le fait qu’on a eu moins de chance, moins de possibilités, moins de tout. 


Et pourtant Bonne élève ne mine pas le moral parce qu’au fond la narratrice espère jusqu’à la fin, jusqu’à la dernière ligne. Alors oui la conclusion peut déranger. Alors oui la narratrice qui souhaite seulement briller, et qui devrait briller vu comme elle a travaillé dur, n’illumine rien, mais n’est-ce pas la réalité ? 


Avec des accents optimistes, Bonne élève est un roman qui pourrait être une histoire vraie : la déchéance d’une élève brillante directement liée à la déchéance de la société. Le monde est en crise, et son personnage ne tente que peut-être vainement de s’en sortir convenablement. 


Bonne élève soulève différentes questions sur notre société et sur le besoin de vivre ses rêves, malgré l’argent, malgré la famille, malgré l’hypocrisie de supposés amis. 

Paula Porroni raconte une histoire actuelle, une histoire grinçante, désespérée parfois, mais à mon sens, optimiste toujours. 

Et la fluidité aide à ne pas s’embourber dans un texte pathétique où on en viendrait à plaindre la narratrice. 

En bref, Bonne élève est un excellent titre de la fameuse collection Notabilia de chez Noir sur Blanc, un titre qui mériterait plus d’avis positifs. 



Traduit par Marianne Million. 






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