mercredi 15 juin 2022

Le Bon Père de Santiago Díaz

Imaginez, vous êtes père de famille et votre fils unique est accusé et condamné pour le meurtre de son épouse, que faites-vous ? 



Ramon Fonseca a la solution : enlever les personnes qu’il juge responsable de l’erreur judiciaire dont son fils est victime. Pour mener son plan à bien il va revendiquer les kidnapping et menacer les forces de l’ordre : chaque personne est séquestrée dans un lieu différent et chaque semaine l’un d’eux meurt tant que son fils n’est pas relâché. 


Gonzalo, le fils, ne peut être coupable malgré les preuves accablantes, c’est tout bonnement impossible qu’il ait tué sa femme à coup de couteau. Pourquoi l’aurait-il fait ? ils s’aimaient si fort. Le père ne croit pas à la culpabilité, il n’accepte pas que son fils prenne perpète c’est pourquoi il va exiger qu’une personne en particulier enquête. Cette personne c’est Indira Ramos, capitaine de police talentueuse et paria depuis qu’elle a balancé un collègue qui a falsifié des preuves pour faire tomber un baron de la drogue. Indira est toquée, elle ne supporte pas la saleté à tel point que franchir les portes d'un restaurant est tout un périple. Son obsession s‘est aggravée à cause d’une enquête et depuis, elle est invivable. Invivable au point qu’Indira ne supporte pas le contact des autres, à tel point que son couple s’est brisé et que son quotidien se résume à une journée aseptisée. Du coup aux yeux des autres elle est bizarre et pas très loquace alors ce n’est pas simple avec les collègues.

 

Indira croit Ramon, les preuves sont là, les empreintes, la présence, tout est là, mais quelque chose cloche à ses yeux.

L’enquête démarre sur les chapeaux de roue avec toujours cette date butoir : chaque semaine un mort. Tant que Gonzalo ne sera pas libéré, Ramon ne révélera pas l’emplacement des trois personnes enlevées.

 

Dans des chapitres percutants, Santiago Diaz nous emmène en prison aux côtés de Gonzalo où on le  découvre dans une situation délicate, il nous emmène auprès des victimes qui ne se rangent pas sous ce seul étendard. Tour à tour un avocat, une juge et une étudiante. ; les trois ont leur part de responsabilité dans la condamnation, les trois doivent mourir à défaut de voir Gonzalo libéré, il nous emmène évidemment aux côtés de la police, au plus près de l’enquête.

 

L’ancrage au présent renforce l’urgence de l’entreprise, l’heure tourne et c’est ce côté haletant qui ressort de ce roman difficile à lâcher avant la fin. Indira et ses troubles sont passionnants.

 

La brutalité est de mise, l’immoralité aussi, entre les passages en prison, les passages où Ivan, le collègue et ami de l’ancien flic dénoncé pour falsification de preuves, retrouve justement cet ami… Et puis il y a la fin, la fin où évidemment l’on s’attend à un twist, un petit quelque chose que l’on n’a pas vu et qui était bien là. La fin est particulièrement ingénieuse, elle nous interroge plus encore sur la notion de culpabilité et de féminicide, sur les erreurs judiciaires et les preuves matérielles irréfutables.

 

J’avais bien accroché avec le premier roman de Santiago Diaz, Talion, où on retrouvait déjà l’omniprésence du questionnement autour de la justice puisque le personnage de Ramon m’a rappelé celui de Marta, la protagoniste de Talion qui décide de faire justice elle-même à défaut de pouvoir compter sur la justice d’Etat.

 

Une lecture frénétique où Santiago Diaz confirme son talent pour tisser des toiles qui forme un motif des plus étonnants !

 

Traduit par Thomas Dangoumau.





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