dimanche 14 mai 2023

Autobiographie d'un mythe des éditions Ateliers Henry Dougier

Après la collection du Roman d'un chef-d'oeuvre, les éditions Ateliers Henry Dougier nous régale avec Autobiographie d'un mythe. En une centaine de pages le lecteur est invité à découvrir différents mythes - huit sont d'ores et déjà disponibles sur des figures qui ne sont pas forcément mythologiques, mais également biblioques (Judas, Judith, Satan). J'ai eu la chance de découvrir une des première parutions avec Œdipe et de remettre ça avec Psyché que j'affection beaucoup (comme quasi toutes les femmes bafouées, abandonnées, battues, punies présentes dans la mythologie). Pour lequel seriez-vous prêts à craquer ? 




Moi, Oedipe... d'Alain le Ninèze

Quand Œdipe prend la parole pour nous conter son destin tragique. 


"La seule chose qui me reste est la mémoire de la beauté du monde."



Comme le dit si bien Alain le Ninèze dans Autour du mythe, Sophocle est celui qui a porté à la connaissance le mythe d'Œdipe, mais celui-ci apparaît plus tôt chez Homère "donc plusieurs siècles avant Sophocle, ce qui montre que l'origine du mythe, comme presque toujours, se perd dans la nuit des temps." 

Vingt-cinq siècles. Un temps immense, infini ; le temps depuis lequel perdure cette histoire mythique d'Œdipe. Vingt-cinq siècles pour raconter une histoire où la barbarie meurtrière n'a d'égale que l'inceste. Vingt-cinq siècles pour rendre Œdipe incontournable, pour le transformer en complexe et en faire un concept psychologique. 




Œdipe est accompagné d’Antigone quand ils croisent Démétrios qui n’est autre qu’un avatar du lecteur.

Les événements se sont produits, l’horreur est arrivée et c’est au soir de sa vie qu’Œdipe accepte dire son histoire. Son enfance aimante à Corinthe jusqu’à ce qu’il entende la fameuse prophétie le transformant en parricide et le rendant coupable d’inceste, sa fuite le menant à Thèbes, sa rencontre et son coup de bâton contre un homme sur la route, son triomphe sur le Sphinx, créature monstrueuse, son mariage avec la reine Jocaste, faisant de lui le nouveau roi de Thèbes, l’épidémie de peste s’abattant sur la ville, la raison de cette épidémie et la révélation de la prophétie accomplie.


En plongeant tête la première dans le mythe et en donnant une vision globale, le texte s'adresse à la fois à un lectorat averti et à un lectorat peu familier qui nécessite une mise en contexte. En bref, Alain le Ninèze délivre une belle synthèse du mythe d'Œdipe. 


Le dossier Autour du mythe en fin d'ouvrage offre un aperçu de la pérénité de l'histoire d'Œdipe : de Freud à Claude Lévi-Strauss, chacun y a été de son interprétation et a usé du mythe pour dire quelque chose sur notre monde. 



Enfin, un des points les plus importants de cette collection, c'est son format, entre le poche et le grand format, ainsi que sa qualité : un beau papier glacé pour mettre en valeur les oeuvres d'art (peintures, sculpture, photogramme) qui complètent très bien le texte. 


Pour celles et ceux qui aiment la mythologie ou qui souhaiteraient la découvrir sans en passer par les auteurs antiques. Le format court et l'incrustation d'oeuvres picturales permet de brosser un portrait compet de ce mythe popularisé par Sigmund Freud. 





Moi, Psyché... d'Alain le Ninèze


"Je m'appelle Psyché, un mot grec qui signifie "l'âme". Peut-on rêver d'un plus beau nom ? La pureté, la transparence, la grâce et la légèreté d'un papillon voletant de fleur en fleur dans le ciel bleu de l'été, voilà ce qu'évoque ce mot."


Oui j'ai récidivé, oui encore avec Alain le Ninèze. J'y suis pour rien : j'adore cette collection (autant que celle du Roman d'un chef-d'oeuvre) et en plus c'est quoi, mon cinquième de cet écrivain ? J'aime son style et sa manière d'aller à l'essentiel tout en disant énormément. 




Le format de cette collection s'y prête d'ailleurs très bien comme on l'a déjà vu avec Moi, Œdipe... 


Sans doute moins connue que notre bon vieux Œdipe et son complexe, Psyché figure parmi les mythes qui ont une fin pour le moins joyeuse - contrairement à la plupart des autres. 


J'aime l'histoire de Psyché parce qu'elle me rappelle celle de Cendrillon : les méchantes soeurs jalouses du bonheur de leur soeur. J'aime l'histoire de Psyché parce qu'elle est celle d'une femme forte malgré les difficultés, malgré ses erreurs aussi ; une femme que rien n'arrête. 


Psyché figure parmi ces femmes punies pour leur beauté. Psyché est belle et c'est bien le souci : ses parents désespèrent de trouver un prétendant pour leur fille, ils vont jusqu'à consulter un oracle. Celui-ci est sans appel : pour apaiser Vénus, jalouse de la beauté de Psyché, elle doit accepter une union avec un monstre.




La cérémonie passée, la jeune femme se retrouve mariée à un être qui la rejoint une fois la nuit tombée. La seule et unique consigne est qu'elle n'essaie jamais de voir son visage. Tout se passe merveilleusement, au point que Psyché tombe amoureuse de ce monstre qu'elle a été contrainte d'épouser. 

C'est sans compter sur ses soeurs qui n'y vont pas de main morte pour lui faire peur. Et elles y arrivent, évidemment elles y arrivent et Psyché commet l'irréparable...


"Alissa et Melissa, dévorées par la jalousie, m'avaient presque convaincue que tu étais un démon, un être maléfique..." 


Nul monstre dans la couche de Psyché, rien d'autre que la personnification de l'Amour elle-même : Cupidon. 

Mais Psyché n'a pas respecté le contrat, elle a regardé, elle n'a pas pu s'en empêcher, la curiosité était trop forte. Et puis, ne s'est-elle pas sentie forcée, dévorée par la jalousie transmise par ses soeurs ? 




S'ensuit des épreuves dont il faudra triompher pour retrouver son amour perdu.


Le mythe de Psyché est celui des apparences trompeuses. L'idée que l'amour n'a pas de visage, que la beauté n'est qu'une chose dont il faut se libérer pour accéder à l'amour. 



On dit que les mythes traversent les temps parce qu'ils sont universels, parce qu'ils parlent du passé comme de l'avenir. Psyché ne déroge pas à cette règle et c'est avec bonheur que j'ai redécouverte l'histoire de cette femme battante dans cette édition sans chichis. 


On retrouve là aussi de magnifiques reproductions - décidément la qualité de l'impression ne cesse de me surprendre ! - dont je ne peux m'empêcher de vous en partager quelques unes. 






Le ciel en sa fureur d'Adeline Fleury

Quand le varou m'emportera je m'endormirai dans le ciel de tes yeux. Sous les auspices de Jean de La Fontaine, Adeline Fleury nous ...