dimanche 31 octobre 2021

Le Grand tremblement de terre du Kantô d'Akira Yoshimura

Vous lisez des livres-documents sur l’Histoire ou vous êtes plutôt roman pur et dur ? 


J’aime beaucoup le Japon et son histoire, c’est le pays que j’aimerais trop visiter (juste derrière l’Islande), mais il faut bien avouer que je ne connais pas grand chose sur son histoire. 

Voici donc un livre sur le Japon, plus spécifiquement sur une catastrophe naturelle, le grand tremblement de terre du Kantô de 1923.


Paru initialement en 1973 ce livre est un document, l’auteur retrace les événements survenus en 1923, avant, pendant et après le tremblement de terre. 


Avant d’entrer dans le vif du sujet, Akira Yoshimura prend le temps d’expliquer un peu l’histoire tumultueuse du Japon et des tremblements de terre. En s’intéressant à deux sismologues ayant deux partis-pris, il montre comment la sismologie est un terrain complexe où prévoir de nouvelles secousses n’est pas scientifiquement possible.


On peut se référer au passé, à l’histoire des tremblements de terre, mais ça ne semble pas être suffisamment fiable pour autant. 


En choisissant d’entrer dans l’histoire par le biais de deux sismologues ayant deux approches radicalement différentes, l’auteur insiste d’abord sur le caractère aléatoire que revêt un séisme, ensuite sur le fait qu’on peut effectivement voir une sorte de répétition : « Un grand tremblement de terre se produit tous les soixante ans ». 


Ainsi, le 1er septembre 1923, retentissent les premières secousses d’un tremblement de terre qu’on espère rapide et sans dégât - faut dire que généralement un séisme est suivi par un tsunami… 


Ce tremblement de terre fera deux cent mille victimes. Le feu qui se répand rapidement, détruit tout sur son passage. 

Les japonais qui tentent de fuir s’encombrent de leurs valises, de leurs biens personnels. D’objets matériels qui causeront la perte de centaines de milliers d’individus.


Akira Yoshimura nous entraîne dans les rues carbonisées, aux abords des points d’eau garnis de corps calcinés. Sur les ponts en feu, là où la fuite aurait été plus aisé s’il n’y avait pas eu autant de bagages, autant d’encombrants inflammables. 


Ce tremblement de terre de 1923 est une catastrophe naturelle devenue catastrophe humaine. Les morts se multiplient et ce n’est pas encore terminé. 


À la suite de ce tremblement de terre les survivants ont peur, ils dorment à la belle étoile par peur de se retrouver ensevelit si une autre secousse se produit. Ils ont besoin d’un coupable et à cette époque, le coupable idéal est tout désigné : le coréen. 


Il faut savoir qu’à cette époque le Japon a annexé la Corée depuis 1910 et leur relation ne sont pas aux beaux fixes - ça peut se comprendre. 


Il faut trouver un coupable à ce chaos et quoi de mieux qu’un lynchage pour aller mieux ? 

Les Coréens vont se retrouver accusés d’une chose impensable, on va leur imputer la faute, prétextant des attentats, et autres représailles. 

Beaucoup de Coréens ont été persécutés et tués à cause de la peur et de la désinformation. 


L’empire en profite aussi pour supprimer les éléments perturbateurs. C’est le cas de l’anarchiste Osugi Sakae, lâchement assassiné avec sa femme : 


« L'armée et la police qui avaient tenté de dissimuler le massacre de Kameido voulurent cacher un autre crime barbare, l'assassinat d'Osugi Sakae, de sa compagne Ito Noe, et de son neveu Tachibana Munekazu, par le capitaine Amakazu Masahiko, commandant de la gendarmerie militaire de Shibuya et de Kojimachi, et plusieurs de ses subordonnés.

Il fut commis le 16 septembre, et le ministère de l'Armée s'evertua à le tenir secret. » 


Le Grand tremblement de terre du Kantô est complet et passionnant, l’auteur s’intéresse aux tenants et aboutissants de cette catastrophe, aux pertes humaines et matérielles, aux erreurs commises aussi. 


À la suite des secousses de 1923, on compte huit séismes significatifs dont le dernier a eu lieu en 2011, déclenchant à sa suite un tsunami qui a causé l’accident nucléaire de Fukushima (plus de 18 000 morts et disparus). 


Ce livre est pour tous ceux qui s’intéressent au Japon et à sa relation tumultueuse avec les tremblements de terre. 


Le Grand tremblement de terre du Kantô d’Akira Yoshimura, traduit par Sophie Refle chez Babel. 







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