mercredi 6 octobre 2021

Le Monde du Dessous de la fratrie Brontë

« Ne soupire plus - c’est un rêve

Si vif qu’il ressemble à la vie. » (Charlotte B.) 

À la lecture de ce texte j’ai éprouvé un sentiment de retrouvailles. J’ai rencontré Branwell début 2021 par le biais de Daphné du Maurier - je vous invite à découvrir mon article dessus ! J’ai aimé le découvrir, lui et
sa vie d’une tristesse insupportable. 

Patrick Reumaux, préfacier et traducteur de cette merveilleuse édition nous introduit dans l’univers de la famille Brontë au travers de leurs écrits de jeunesse. 


Découpé en quatre parties correspondant respectivement à Charlotte, Branwell, Emily et Anne, Le Monde du dessous est un collage rendu permis par les diverses trouvailles au fur et à mesure des décennies. Certains textes sont facilement trouvables (comme ceux de Charlotte, l’aînée et celle qui leur a survécu), d’autres sont de véritables aubaines, en particulier ceux d’Emily dont seuls certains poèmes nous sont parvenus. Sa prose de Gondal a complètement disparu. 

« Et bien que nos paupières semblent mouillées de larmes 

L’espoir est toujours l’hôte de nos coeurs. » (Branwell B.) 


Mélange de poésie et de prose, les enfants Brontë ont la parole à tour de rôle et si les mêmes motifs ou thèmes reviennent (la guerre, l’amour, la mort), leur plume est bien différente.


L’autre aspect du Monde du dessous c’est l’insertion de ce qui a été appelé « Brontëana », composé de témoignages ou de lettres permettant de délivrer une image plus précise de chaque personnalité. 

C’est dans cette partie que j’ai retrouvé certains éléments déjà mis en lumière par Daphné du Maurier, notamment les commentaires des amis de Branwell ou encore les extraits de correspondance de Charlotte. 

« Et d’abord une heure de triste rêverie

Et puis une giclée de larmes amères 

Et puis un morne calme recouvrant 

Joies et peines d’une brume de mort


Et puis un frisson, et puis un éclair

Et puis un souffle venant d’en haut 

Et puis une étoile incendiant le ciel… 

L’étoile, la glorieuse étoile de l’amour. » (Emily) 


L’amour et la création poétique côtoie la solitude et la mort - on y parle de la maladie d’Emily puis de celle d’Anne. On mentionne les difficultés de Branwell, abandonné par ses soeurs. On mentionne Charlotte et sa façon de réécrire certains poèmes d’Emily (en les coupant, en ajoutant des phrases ici et là, en changeant le titre…). Dans cette nature isolée, la famille Brontë n’est pas la fratrie rêvée à laquelle tout le monde croit. 


Malgré tout la création a toujours été au centre de leur existence et c’est passionnant de découvrir que leur premier jeu de rôle a été inventé après que Branwell ait reçu en cadeau des soldats en bois. Sans doute fallait-il se changer les idées, viser le dépaysement pour échapper à la froideur du presbytère, pour atténuer l’image obsédante des mortes, en particulier celle de Maria, l’aînée. 

« Anne en avait assez de la vie - dans sa vingt-huitième année, elle l’a déposée comme un fardeau. Je ne sais pas s’il est plus triste de penser à cela qu’à Emily détournant à contrecoeurs ses yeux mourants de la lumière du soleil. Si je n’avais jamais cru à une vie future, le destin de mes soeurs m’en assurerait. Il doit y avoir un Ciel, ou c’est à désespérer - car la vie semble amère, brève - vide. Pour moi, c’est deux-là ont attaché à leur mémoire un noble héritage. » (Charlotte) 


Le Monde du dessous est un texte complet qui ravira tous les amoureux de la famille Brontë. 






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