Aujourd'hui on va parler roman suédois avec À tout moment la vie de Tom Malmquist que j'ai eu la chance de recevoir par le biais de l'opération Masse Critique Babelio que je remercie ainsi que les éditions Noir sur Blanc.
Plus qu'un simple roman suédois, j'aimerais parler, du moins essayer de vous confier ce que j'ai ressenti durant ma lecture de ce livre.
Ce sera sûrement difficile pour moi de mettre les bons mots sur mes impressions, sur mon ressenti, À tout moment la vie faisant partie de ces livres qui bousculent, qui remette en question la perception que l'on a d'un sujet.
Avant de le recevoir, je ne savais pas de quoi il parlait, je déteste lire les résumés alors j'ai simplement fait confiance à la couverture. Faut dire d'une part que la collection Notabilia des éditions Noir sur Blanc est magnifique, l'idée d'utiliser trois couleurs - beige, noir, rouge - sur chaque couverture est génial, sans parler du marque-page qui a été une bonne surprise ! D'autre part parce que pour le coup, la couverture est assez significative avec ce spermatozoïde qui se dirige vers le sablier - symbole du temps.
J'ai lu le résumé une fois ma lecture terminée, une fois le dernier mot de la dernière ligne et je dois avouer que je suis bien contente de ne pas l'avoir lu au préalable.
Je déteste lire les résumés simplement parce que je préfère me plonger dans une histoire sans forcément en connaitre le début ni même le sujet et là, le résumé donne beaucoup - trop - d'informations sur la lecture, pour ma part, bien évidemment.
Pour Tom, il y aura désormais un avant et un après. Dans la fracture du temps, dans les profondeurs d’un hôpital de Stockholm, un corps dévasté, comme un autre lui-même, est arraché à tous ses liens terrestres. Mais au-delà des moindres signes cliniques émerge encore, par moments, la conscience d’une femme aimée, Karin, qu’il faut délivrer d’urgence de l’enfant qu’elle porte. Sa famille, ses amis veillent dans l’ombre, séparés d’elle, mis à nu devant la finalité obscure des jours.
Dans l’après, malgré les douleurs de la perte, les tourments, et les complications de la vie civile, Tom se consacre à la petite Livia et revit par la pensée ses années auprès de Karin, s’évertuant à ranimer partout la jeune femme.
À mille lieues du pathos et des poncifs sentimentaux, Tom Malmquist a ciselé un texte fort et vrai. Grâce à ses observations justes et fines, il évoque toute la gamme des nuances et des sensations qui restituent l’être aimé dans la mémoire et même dans la chair des jours. Voici un livre sur l’énigme indéchiffrable de l’existence.
Acclamé unanimement par la critique lors de sa sortie, le premier roman de Tom Malmquist est finaliste pour le Grand Prix de littérature du Conseil nordique 2016. Il a été vendu dans une dizaine de pays.
« Dans un souffle, elle murmure : Je t’aime autant qu’il est possible d’aimer. »
Dès la première page, la base est posée, nous allons suivre Tom (le narrateur) qui vient d'arriver à l'hôpital de Karolinska avec sa femme Karin, admise pour insuffisance respiratoire. À partir de là, le drame commence.
Alors enceinte de huit mois, on diagnostique à Karin une leucémie aiguë, il faut lui faire une césarienne où elle risque de perdre le bébé. Elle donne donc naissance à une petite fille qu'elle va appeler Livia - "la vie" -.
Ce sera son dernier mot, plus jamais Tom ne l'entendra parler ou être consciente, c'est fini.
J'ai fidèlement suivi Tom à travers son périple entre deux services, celui de Karin qui n'a cessé d'être ballottée d'un service à un autre et Livia, jeune prématurée. D'un jour sur l'autre, les diagnostiques changent, tout d'abord optimiste, l'état de santé de Karin ne cesse de se détériorer au fil du temps, ce qui donne au narrateur et au lecteur le temps d'assimiler toute sorte de termes médicaux. Puis, on commence à être moins optimiste, Karin n'est plus capable de respirer par elle-même, les médecins vont même jusqu'à la placer en ECMO (Oxygénation par membrane extra-corporelle), puis on dit à Tom qu'il y a un risque qu'elle perde sa jambe droite, le sang a de plus en plus de mal à circuler correctement, et finalement non, il sauve la jambe, mais pas la femme.
C'est en vain, Karin meurt. Tom la débranche de l'assistance respiratoire artificielle, c'est la fin de ce que j'ai nommé Partie I.
J'ai découpé ce livre en deux parties, la première regroupe les cent premières pages, jusqu'à la mort de Karin, la vie à l'hôpital, l'espoir qui, même s'il est peu présent persiste jusqu'au dernier moment, jusqu'à ce qu'on lise "[...] La patiente est décédée à 06:31".
Le reste du livre regroupe toute la Partie II, la vie sans Karin, la vie qui reprend, la vie passée qui se mêle à la vie présente et même future dans les dernières pages.
En entrant dans ce livre, je pensais que les 300 et quelques pages se passeraient à l'hôpital, que tout le livre raconterait comment Karin ou Livia a perdu la vie ou quelque chose comme ça, je ne m'attendais pas à autre chose que l'hôpital comme lieu de vie en fait.
Pourtant si, la partie II s'ouvre et Tom qui n'a plus sa compagne avec lui doit faire face à la difficulté qu'est d'élever une petite fille seule, sans la mère pour l'aider.
On nous présente quelques personnages ici et là, la mère de Tom qui l'aide, son père qui a une place relativement importante dans le récit ou encore des amis de la famille.
Karin n'est plus, elle s'en est allée, mais elle reste toujours présente. Le souvenir que Tom a d'elle reste indélébile et c'est dans ce souvenir qu'il va la faire revivre pour nous, et sûrement aussi pour elle, si jamais un jour, elle lisait ce qu'il a vécu, ce qu'ils ont vécu.
Le retour sur le passé de Tom permet d'en apprendre plus sur la personne qu'était Karin parce que, mine de rien, on ne savait rien d'elle auparavant.
Il nous explique alors qu'elle était aussi écrivain, qu'ils se sont rencontrés à l'Université lors d'un cours d'écriture créative - il me semble -. On apprend également qu'elle a eu deux "grosses" maladies par le passé d'abord un kyste au cerveau. Elle a été abandonnée par son copain du moment et sa mère a été "obligée" de s'occuper d'elle. Ça a été une expérience traumatisante et c'est pour cela qu'elle désire qu'il n'y ait que Tom qui soit avec elle à l'hôpital, elle ne veut personne d'autre parce que Tom, c'est sa famille à elle, au point qu'on a presque l'impression de voir se former une bulle autour d'eux lors des évènements de la partie I.
Ensuite, elle a eu une hémorragie au cerveau en 2002, soit dix ans avant les évènements de À tout moment la vie - qui se déroule donc en 2012. Là encore, le narrateur nous parle de cette expérience qui a été dure pour eux d'eux - bon pour elle surtout j'imagine.
Il revient souvent sur cette période parce que, justement elle s'en est sorti à ce moment-là, elle a réussi à s'en remettre et à reprendre sa vie, ce qui n'est pas arrivé cette fois.
J'ai trouvé le personnage de Tom extrêmement courageux, il continue à se battre pour sa fille malgré les problèmes qui se posent. D'abord, il perd sa femme, sa compagne depuis une dizaine d'années, il a des soucis avec la justice, n'étant pas marié à Karine, il n'est pas considéré comme le tuteur légal de la petite Livia même s'il est le père, détail qui paraît extrêmement futile et surtout absurde. Enfin, il perd son père, souffrant d'un cancer depuis une dizaine d'années. La relation avec son père a son importance, Tom en parle lorsqu'il se remémore des souvenirs en rapports avec Karin ou même ses souvenirs à lui, lorsqu'il n'était encore qu'un adolescent et qu'il devait faire face à la difficulté qu'a été d'être le fils de cet homme qui a notamment dénoncé des matchs truqués en Suède dans un grand magazine suédois, L'Expressen.
J'ai trouvé le personnage de Tom extrêmement courageux, il continue à se battre pour sa fille malgré les problèmes qui se posent. D'abord, il perd sa femme, sa compagne depuis une dizaine d'années, il a des soucis avec la justice, n'étant pas marié à Karine, il n'est pas considéré comme le tuteur légal de la petite Livia même s'il est le père, détail qui paraît extrêmement futile et surtout absurde. Enfin, il perd son père, souffrant d'un cancer depuis une dizaine d'années. La relation avec son père a son importance, Tom en parle lorsqu'il se remémore des souvenirs en rapports avec Karin ou même ses souvenirs à lui, lorsqu'il n'était encore qu'un adolescent et qu'il devait faire face à la difficulté qu'a été d'être le fils de cet homme qui a notamment dénoncé des matchs truqués en Suède dans un grand magazine suédois, L'Expressen.
Ce livre m'a mis une claque, véritablement j'ai ressenti comme une onde de choc dans tout le corps durant toute la première partie. C'est une immersion directe dans le milieu hospitalier avec l'utilisation de tous ces termes scientifiques que Tom veut connaître, qu'il consigne d'ailleurs dans un bloc-notes pour "pouvoir le raconter à Karin si jamais elle se réveille, pour qu'elle sache exactement ce qu'il s'est passé". Malheureusement, l'utilité de ces notes n'aura pas été celle-ci, mais plutôt les premières pistes pour écrire son histoire, une sorte d'hommage avec cette femme aimée, à cette femme qui est la mère de sa fille.
Dans cette partie I, Tom est comme nous, il obtient les informations en même temps que nous lecteurs, il est, entre guillemets, spectateur de son histoire, contrairement à la partie II où il prend la figure du conteur.
La réalité est oblige dans la première partie qui tranche totalement avec la suite où là, nous avons droit à des souvenirs mêlés à la vie "réelle", au présent qui continue malgré tout.
D'ailleurs, les dialogues sont inclus dans le récit de sorte que nous avons un bloc et non une mise en page "classique" où l'on revient à la ligne quand on fait parler un personnage. J'ai eu un petit temps d'adaptation pour cette forme, notamment pour discerner qui parlait lors des dialogues, mais après quelques pages, on s'y fait très rapidement. Surtout, le fait de tout réunir en un seul morceau, j'ai trouvé ça très intimiste, nos yeux n'ont pas la possibilité de s'arrêter sur une phrase de dialogue lorsqu'on tourne la page. Nous avons seulement ce bloc qui prend toute la page et qui continue encore et encore, comme si, quelque part l'auteur ne voulait pas perdre de temps - enfin ça, je ne sais pas trop.
À tout moment la vie est en quelque sorte la célébration d'une vie, celle de Karin qui renaît par le souvenir, mais aussi celle de Livia qui va grandir sans sa maman, mais pas sans la connaissance de la personne que celle-ci était et qui, même si elle est encore trop jeune, portera sa robe d'un bleu azuré que Tom connaît si bien.
C'est un roman très fort dans son propos : la mort, l'amour, la vie. J'aurais pu écrire encore des lignes et des lignes, mais je ne veux pas raconter toute l'histoire, je veux simplement transmettre le plaisir que j'ai eu à lire cette œuvre.
Il n'y a aucun épanchement de l'auteur, aucune volonté de faire pleurer dans les chaumières même si, on ne va pas se mentir, il y aurait de quoi. Non, Tom Malmquist raconte les faits, presque cliniquement, avec détachement, mais il connaît les lecteurs, il sait qu'il n'y a pas besoin de parler de l'abattement, de la tristesse pour que ceux-ci le ressentent et oui, on ressent de la tristesse, une tristesse infinie mais pas une tristesse pathétique.
Il a été difficile d'écrire cet avis, comme pour toutes les œuvres qui me tiennent particulièrement à cœur, j'ai du mal à trouver les mots justes, j'ai du mal à exprimer le panel d'émotions diverses que j'ai ressenti lors de ma lecture, mais qu'est-ce que j'ai aimé !
À tout moment la vie est le genre d'œuvre où j'aimerais pouvoir avoir l'auteur en face de moi et lui dire merci, seulement merci d'avoir écrit un texte si puissant, si étourdissant, merci de faire en sorte que moi, petite lectrice dans sa petite ville puisse éprouver des émotions encore jamais ressenties.
Vous l'aurez probablement compris, À tout moment la vie de Tom Malmquist a été l'une de mes meilleures lectures de cette année 2016, une pépite comme j'en trouve trop peu, une histoire dont je me souviendrai longtemps.
"L’appartement
de Karin paraît soudain un lieu de rassemblement pour le silence,
quelque chose qui s’est produit à notre insu en l’espace d’une
heure à peine, mais la masse de silence dépasse tout."
Tom
Malmquist, À tout moment la vie
Cette citation extraite à la page 173 est pour moi représentative du départ de Karin, de son départ qui a été fulgurant, sans même que l'on s'en rende pleinement compte, elle n'était plus là.
Encore une fois, un grand merci à Babelio et à la maison d'édition Noir sur Blanc pour m'avoir permis de découvrir cette œuvre majestueuse et intemporelle.
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