mercredi 12 janvier 2022

Les nuits bleues d'Anne-Fleur Multon

 Les nuits bleues d’Anne-Fleur Multon est un roman intimiste, célébrant l’amour entre deux femmes. 



« On voudrait tout disséquer car c’est encore plus fameux raconté que vécu 


et puis on se surprend à ne rien dire encore

car les mots n’existent pas 

les mots pour montrer pour expliquer

trop fort trop brut la peau en sensation 

ils ne comprendraient pas et l’amour et l’aventure, ils ne comprendraient pas comme le monde tourne différemment désormais, ils ne savent rien de l’amour on se dit (prétentieuses comme tous les amoureux) 

alors on garde pour soi juste une heure puis une autre

on sait que ça ne durera pas

on garde pour soi l’amour intact 

qu’il n’y a pas eu encore à partager »


La narratrice raconte,

nous raconte sa rencontre avec la jolie Sara. 

Nous sommes à Paris

dans un temps pas si lointain 

un temps où chacun devrait rester chez soi

sous peine de sanction. 


Ambiance confinée

où les deux jeunes femmes vont apprendre à se connaître, 

d’abord par écrans interposés. 

L’occasion de se découvrir, de se plaire, de s’exciter, 

toujours à distance. 


Arrive la bravade

le besoin de se voir, de se toucher, de se caresser

et alors là, dans l’explosion de leurs sens, 

dans la brumeuse réalité qui les entoure, elles vont 

s’aimer d’un amour magnifique. 



Les nuits bleues est une belle histoire d’amour contemporaine, on prend plaisir à découvrir la passion qui les unit, on dévore les chapitres (la plupart, minuscules, ne font qu’une ou deux pages) comme elles se dévorent, affamées d’amour. 

Le fait de planter le décor durant le confinement ajoute une pointe d’interdit en plus (c’est bien connu, l’amour adore les interdictions !). Il faut savoir que ce n’est pas trop ma came les romans autour du confinement et de ce que l’on vit depuis deux ans maintenant. Néanmoins, l’auteure est parvenue à un équilibre agréable, elle ne parle pas de « confinement » à proprement parler, elle mentionne un interdit, l’impossibilité de se voir, de se promener à plus d’un certain nombre de kilomètres ; le confinement est là mais il est sans nom. 


De courts chapitres pour capter la fulgurance et l’intensité amoureuse. Une écriture poétique à souhait qui renforce l’évidence de la rencontre sans pour autant masquer les obstacles. 

Les deux souhaitent un enfant de l’autre mais comment faire ? Jamais l’enfant n’aura les gênes de Sara et ses gênes à elle, jamais Sara ne pourra tomber enceinte, peu importe les jours ou semaines de retard. 


Il y a la réalité et il y a l’amour. Entre les deux il y a ces deux portraits de femme amoureuses. 

L’histoire d’un amour sans fin et sans barrière. 


« Et donc là-dessus on a dormi car de s’aimer comme ça, on dirait pas mais ça épuise. »



 

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