mercredi 18 décembre 2019

Le Coin des libraires - #150 Continuer de Laurent Mauvignier

Il y a en a eu des avis dithyrambique, des avis qui donnent envie de découvrir et après avoir découvert Seuls, Mauvignier est un auteur que je souhaite parcourir en profondeur. Mon troisième de lui, et malgré un démarrage était assez lent, il promettait une belle histoire. 




On ne fait pas de projet d’avenir - les projets, c’est pour ceux qui n’ont pas de présent. Quand le présent vous comble, pourquoi aller chercher demain ce qui s’accomplit pleinement chaque jour ?

Sybille a un fils, Samuel qui va à vau-l’eau, elle décide de prendre les choses en main afin qu’il ne finisse pas par être comme elle, plein de regrets. Elle décide de quitter la Bourgogne pour partir en trek au Kirghizistan. Dépaysement total. 

La mère comme le fils ont besoin des autres, du contact, du partage. 
Samuel, enfermé dans son mutisme, n’est pas franchement ravi, mais peu à peu, les barrières tombent. Les remarques désobligeantes se font plus rares, et bon gré mal gré, le jeune homme s’ouvre au monde. 

Car bien sûr, ça ne sert à rien de rêver, de ne pas savoir reconnaître qu’on n’est pas capable, simplement pas capable. Bien sûr, il a raison Benoît, c’est plus dur d’assumer d’être celle qu’on est, de n’être que cette personne qu’on est. On n’est pas un autre. On n’est que ce corps, on n’est que ce désir bordé de limites, cet espoir ceinturé. Alors il faut apprendre à s’en rendre compte et à vivre à la hauteur de sa médiocrité, apprendre à s’amputer de nos rêves de grandeur, vivre au calme, à l’abri de nos rêves. 

Je n’ai pas retrouvé la beauté de l’écriture comme dans Seuls (comme je ne l’ai pas retrouvé dans Des hommes), mais le style est incontestablement maîtrisé. Laurent Mauvignier dépeint une relation tumultueuse traversée par des situations touchantes. 
C’est vrai que ses personnages sont de prime abord stéréotypés, une famille déchirée, un père absent et con, une mère déçue par des rêves jamais réalisés, et un ado au bord de gouffre de la délinquance. Et pourtant ils deviennent des êtres à part entière, touffus et touchants. 


Un roman du dépaysement, de la rencontre des autres permettant la connaissance de soi, de la nécessité de profiter de l’instant, fugace et scintillant, pour parvenir à la suite du voyage. 

Si on a peur des autres, on est foutu. Aller vers les autres, si on ne le fait pas un peu, même un peu, de temps en temps, tu comprends, je crois qu’on peut en crever. Les gens, mais les pays aussi en crèvent, tu comprends, tous, si on croit qu’on n’a pas besoin des autres ou que les autres sont seulement des dangers, alors on est foutu.



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