Vous risquez de souvent voir passer des livres des éditions Phébus dans les semaines/mois à venir. Après Notabilia, je dirais que c'est celle que je préfère pour la qualité des objets, la beauté des ouvrages, le fait que ce soit si agréable comme objet entre les mains, mais aussi pour la qualité et la diversité des textes.
C'est grâce à Babelio que j'ai découvert mon premier Phébus au début de cette année, et c'est grâce à Babelio et à la maison d'édition que je reviens puisque j'ai reçu Halgato de Feri Lainsček grâce à la Masse critique, alors merci à eux !
Au-delà de la rivière Mur, en Slovénie, dans le campement des Roms, le bonheur se cultive en toute simplicité : une cruche de vin, un foyer, de la musique à tout moment.
Le jeune Halgato le sait bien, et pourtant. Son violon ne chante que pour payer l’éducation de son demi-frère Pišti – son espoir, celui qui doit s’élever et écrire un jour l’histoire de leur communauté. Mais un Tsigane peut-il seulement échapper à son destin ?
Adapté au cinéma en 1995, le roman de Feri Lainšček fait entendre la voix brusque et belle d’une société singulière.
Halgato est un livre dont il est difficile de savoir ce qu'il m'a fait ressentir exactement. J'ai aimé l'histoire, mais je l'ai aussi trouvé très déroutante, alors même si cela fait maintenant trois jours que je l'ai terminé, j'ai du mal à me positionner par rapport à cette lecture.
Il s'agit de mon premier livre issu de la littérature slovène, j'étais extrêmement pressée de le commencer en grande partie pour cette raison, mais au final je ne me demande si ça a eu une réelle importance, je n'ai pas eu le sentiment de visiter la Slovénie, malheureusement.
J'ai adoré tout le mystère du début, au sujet du père d'Halgato, Mariska, de son "départ" et de la venue de Bumbas, son "nouveau père". Je pensais qu'on allait suivre que le personnage éponyme, mais finalement non, une large partie du livre se concentre sur son enfance et adolescence, ses escapades avec Bumbas pour faire entrer son frère à l'école, pour que lui au moins ne soit pas "qu'un Tsigane".
Je crois que c'est ce qui m'a le plus dérangé dans ce livre : le fait qu'être Tsigane passe clairement pour une malédiction, une maladie incurable. Ça m'a vraiment frappé parce que du début jusqu'à la fin on nous rabâche la même chose et surtout toutes les actions du personnage sont motivées par la volonté de sortir de cette condition, de s'élever.
Halgato, Feri Lainsček, édition Phébus.
Je pensais aussi que le violon aurait une place plus importante. Après l'avoir trouvé omniprésent dans Les Dieux du tango, je l'ai trouvé effacé ici. On nous en parle ici et là, pour nous dépeindre sa facilité à jouer ou même l'histoire autour de son violon. Ça ne m'a pas non plus trop embêter, mais j'aurais aimé en apprendre plus sur le passé de l'instrument, mais bon.
Sinon, j'ai passé un bon moment, ça a été une bonne découverte, j'ai suivi une philosophie de vie qui m'est lointaine - il y a cette phrase dans le livre qui pour moi, décrit parfaitement bien la communauté des gens du voyage : "La route qu’on empruntait importait peu, tout comme la direction qu’on prenait. C’est la règle dans ce monde : tous les chemins mènent quelque part. Qu’on aille de l’avant ou qu’on retourne en arrière, on est toujours en train de partir et de venir à la fois."
J'aurais en revanche aimé plus de descriptions des environs, les paysages, le pays afin d'être complètement immergée dans l'univers et ne pas avoir le sentiment d'en être extérieur.
Enfin, pour ce qui est de la fin, j'ai bien aimé, mais j'ai trouvé dommage que ce soit un dernier rappel des "préjugés contre les Tsiganes" : ils sont des voleurs. C'est dommage parce que jusqu'au bout tout tourne autour de la même chose, même si Halgato essaie de s'en défaire, il ne le peut qu'au prix de vivre en ermite, loin des autres et je ne sais pas si on peut y trouver un quelconque réconfort.
Quoi qu'il en soit je remercie une nouvelle fois Babelio et les éditions Phébus, j'ai fait une autre belle découverte grâce à eux.
"Il savait que l’eau n’exercerait que peu de ses voeux. Mais il savait aussi qu’elle emporterait tout ce dont il voulait se débarrasser. Parce que ça s’est toujours passé ainsi avec ce fleuve. Maintes pensées pénibles qu’il y avait plongées avaient disparu sans laisser de trace. Maintes envies ou douleurs s’étaient ainsi liquéfiées."
Feri
Lainsček, Halgato.
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