mercredi 4 mai 2022

Marilyn : ombre et lumière de Norman Rosten

Mais elle s’est évadée des faits pour entrer dans le mythe, figée dans un obscur mélange d’histoire et de souvenirs. Elle nous hante avec des questions auxquelles nous ne pourrons jamais répondre… Toute beauté est mystère. Ce qui nous revient, c’est le sourire, le coeur désespéré, l’image qui flamboie et ne s’évanouira jamais. 

De Marilyn Monroe il y a la fascination. 

Fascination pour la femme Norma devenue Marilyn symbole d’un sex appeal hollywoodien des années 50.

Fascination pour ses amants, de son mariage avec un acteur à celui avec un écrivain réputé, ses relations sentimentales tumultueuses et dont on spécule une relation avec Kennedy - mais lequel, John ou Robert ? 


Son ami l’écrivain Norman Rosten nous délivre un récit intimiste, loin de l’icône et de la diva qu’on a voulu nous dépeindre. 



Dans son intimité, Norma est poète. Elle aime la poésie, c’est d’ailleurs un des éléments qui rendra l’amitié de l’écrivain avec l’actrice pérenne. Le texte s’ouvre d’ailleurs sur un poème de celle-ci :

« À l’aide à l’aide

À l’aide je sens la vie qui se rapproche

Quand tout ce que je veux, c’est mourir. »


Le point de départ est la rencontre entre Marilyn et l’auteur. La jeune femme a  une réputation solide, un précédent mariage qui n’a pas fonctionné. 

Ils se rencontrent sept ans avant la disparition de l’actrice, en 1955. Norman Rosten nous plonge dans le couple Monroe/Miller, l’attirance, l’annonce du mariage, l’épanouissement, les difficultés. 


Rosten nous raconte les souffrances d’une fausse-couche, d’une femme qui désire farouchement un enfant et n’arrive pas à en avoir. 


Il nous raconte quelques anecdotes de cinéma, entre Clark Gable et Laurence Olivier. 


Il nous raconte l’extravagance et une forme de je m’en foutisme de façade.

Ça me fait peur. Tous ces gens que je ne connais pas ; ils sont parfois si émotifs. Je veux dire, s’ils vous aiment tant sans vous connaître, ils peuvent de la même façon vous haïr. 

Il raconte son rapport aux hommes, sa sensualité, sa relation avec les Kennedy, dont Robert, dont il en décrit les rumeurs comme « nées de potins et de conjectures absurdes ». Prendre position, en tant qu’ami de Marylin, c’est d’une certaine façon éteindre une flamme éternelle. Il souhaite mettre fin aux rumeurs, mettre les pendules à l’heure : qui était cette femme ? une croqueuse d’hommes comme la plupart le pensaient ? 


Il raconte le déséquilibre, la dépression, le psy jamais bien loin. Le psy qu’on dérange pour un rien, pour lui montrer une sculpture fraîchement achetée, qu’on fait venir sur le tournage pour la tranquilliser. 

Elle paraît être joyeuse ; nous commençons à être habitués à ses changements d’humeur. Quand elle a le moral, c’est comme si une douce musique l’entourait. Quand elle est triste, elle se retire en elle-même.

Il raconte l’internement aussi. Quelques pages pour dire la difficulté de vivre pour Marilyn, pour dire l’attirance vers le bas. Pour dire aussi comme Hollywood prend mais ne rend jamais. 

En y repensant, toutes les aventures avec Marilyn avaient ce côté imprévisible, menaçant, comme si elle se heurtait malgré elle au destin. Le destin et elle semblaient cheminer côte à côte, je pense qu’il avait un peu peur d’elle.

Dans une suite de séquences, à la manière d’un film de vignettes, Norman Rosten dépeint une femme et non une icône. Il dépeint une amie et non une actrice. Marilyn était tout ça à la fois… mais c’est souvent derrière les plus beaux sourires que se cachent les peines les plus profondes. 






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