mercredi 2 février 2022

Nous, les humains de Frank Westerman

L’année dernière à peu près à la même période je découvrais Le Dit du Vivant de Denis Drummond et j’entrais dans l’univers des ancêtres humains et de la paléoanthropologie. 

Avec Nous, les humains, Frank Westerman qui est aussi narrateur nous embarque dans une aventure personnelle : il décide de s’intéresser à ce sujet avec ses étudiants, il décide que les étudiants auront un rôle à jouer dans son prochain livre (celui que nous sommes en train de lire). 




Il y a énormément d’interrogations sur l’Homme, sur ce qui le différencie des autres animaux, ce qui le rend humain, mais pas nécessairement supérieur. Il y a une grande place pour la morale dans ce livre. Certains considèrent les Hommes comme étant supérieur aux autres espèces (ce qui entraîne des interrogations : en quoi sommes-nous supérieurs ? serait-ce à cause de notre réflexion, de notre capacité à pouvoir transformer la nature selon nos besoins ? serait-ce parce que nous prenons soin des nôtres ? serait-ce parce que nous sommes plus stratèges ?…) et d’autres pensent tout à fait l’inverse. 


Les interrogations et tous les éléments autour des différents hominidés retrouvés au fil des décennies sont passionnants. On en apprend vraiment beaucoup sur les différents homo mais aussi sur les rivalités, les querelles et les batailles entre spécialistes - ça n’a pas été sans me rappeler la lecture de La Guerre des dinosaures qui traite des mêmes stupides rivalités… -, sur la place des femmes dans la recherche aussi. 


Bref Nous, les humains est une mine d’or pour celui qui souhaite en apprendre plus sur l’Histoire des Hommes, sur les différentes espèces retrouvées, espèces plus ou moins proches de la nôtre (l’australopithèque, l’homo erectus, etc.) mais aussi sur l’histoire de ces découvertes. Retracer le parcours de chercheurs est passionnant, certains ont eu la chance de faire des découvertes capitales, d’autres ont péri pour hérésie à cause de ces découvertes, d’autres encore ont creusé au bon endroit, mais pas suffisamment profondément, laissant la découverte à d’autres… N’est pas chanceux qui veut.


On apprend une multitude de choses de manière accessible ce qui est  à mon sens le plus gros point fort du livre (j’avais fait ce même compliment pour Le Dit du Vivant, et décidément, la lisibilité est primordiale à mes yeux de néophytes). 


Le seul point noir c’est l’aspect contemporain, toutes les descriptions de lieux ou parfois les développements concernant les élèves, etc., tout ça a eu pour effet de ralentir ma lecture, de me couper dans mon élan. Non pas que je n’étais pas intéressée par l’élaboration du livre en lui-même, simplement je n’ai pas été embarquée par l’aspect intime de l’entreprise.


Nous, les humains est un texte interrogeant notre passé, ce qui fait de nous les homo sapiens d’aujourd’hui, ce qui, à un moment ou à un autre à donner ce résultat-là. Les développements autour des paléoanthropologues et des différentes espèces découvertes au fil des siècles sont passionnants, d’autant plus pour une novice dans mon genre. 

Je pense en revanche qu’il peut vite ennuyer un lecteur averti de la question.


Ni un roman, ni une autobiographie, ni un essai, disons peut-être une enquête. 

Enquête contemporaine sur les traces de nos ancêtres, à la recherche de réponses à des questions et des réflexions qui tiennent tantôt de philosophie, tantôt d’éthique, tantôt de métaphysique. 


Si la quête que j’ai menée sur l’essence de l’humain m’a appris quelque chose, c’est que nous sommes condamnés à rectifier sans cesse ce que nous croyons savoir. Seule la fiction peut donner l’illusion que la réalité est exacte, de façon éphémère. Tout autre écrit devra toujours laisser une porte ouverte, le début d’autre chose. Version après version. C’est justement la rectification, comme figure de style, qui nous différencie des autres espèces. La version finale n’existe pas. 


Traduit par Mireille Cohendy.  






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