dimanche 12 septembre 2021

Apprendre à se noyer de Jeremy Robert Johnson

« Quelle conception erronée du monde est la tienne pour considérer que les humains portent les seuls enfants ? Que seul l’homme peut être accablé de chagrin ou gémir dans la nuit ? »

Étrangeté : le mot qui me vient directement lorsque je pense à ma lecture d’Apprendre à se noyer. 


Jeremy Robert Johnson nous entraîne au coeur d’une histoire atypique où l’amour d’un père pour son fils dépasse tout. 


Le début est assez anodin : un père emmène son fils pêcher dans un coin inconnu de l’Amérique du Sud. 

Pas de lieu précis, pas d’époque, pas de nom. Cet homme peut être n’importe quel homme, sa femme, figure fantomatique du roman, peut être n’importe quelle mère. Cet enfant enfin, ce petit être fragile et innocent, peut être n’importe quel enfant. 


Malgré le commun des premiers mots, l’étrangeté arrive au galop et s’immisce au travers des lignes. 

Ce que l’on pensait être une histoire familiale est en réalité une sorte de nature writing. Une fable naturelle. 


Le cauchemar s’installe aussi vite que la joie disparaît. Et la gloire de la nature est remplacée par sa dangerosité. La nature respire, vit. Douceur et férocité. C’est dans cette ambiance de crise que le protagoniste survit tant bien que mal et essaie par tous les moyens de réparer l’irréparable.  


L’auteur nous entraîne dans une quête, le protagoniste doit suivre son parcours initiatique autant extérieur qu’intérieur. 

Le danger ne vient pas (seulement) de la nature, le danger vient surtout de nous-mêmes ; des chasseurs sachant chasser… 


Jeremy Robert Johnson dévoile un roman très fort dans sa brièveté. À peine quelques pages lus et vous serez pris d’empathie pour cet homme dont on ne connait le nom. Invitation à la réflexion sur notre place dans la nature et sur la nature elle-même, Apprendre à se noyer raconte bien son titre… 


Traduit par Jean-Yves Cotté. 








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