Ce petit livre est pour moi un espèce de hors-série de la collection Notabilia - un peu comme 22 lettres imaginaires d'écrivains bien réels écrit par Maria Negroni, sorti quasiment à la même période une année avant. Je dis qu'ils sont des hors-série, car ils ne sont pas numérotés comme c'est le cas des Notabilia habituellement.
Enfin bref, j'ai reçu Défense de Prosper Brouillon d'Eric Chevillard à mon anniversaire, je le voulais absolument parce que oui, maintenant vous le savez très bien, je veux tous les Notabilia et aussi parce que celui-ci me faisait très envie. Sans doute parce que j'aime particulièrement la mise en abîme de la couverture et aussi parce qu'il est illustré, ce qui est un gros plus quand même !
« Ce livre s’adresse aux désespérés, aux nostalgiques convaincus que nous nous essoufflons, que les plus belles pages de notre littérature ont été tournées depuis longtemps et jaunissent derrière nous et qu’il ne reste plus rien à écrire. »
Ce livre se présente à première vue comme une exploration de l’œuvre merveilleuse d’un écrivain répondant au nom de Prosper Brouillon, dans le but d’en faire l’éloge. Mais ce n’est qu’un leurre : il s’agit en réalité d’un féroce réquisitoire contre une certaine littérature institutionnalisée, pantouflarde et satisfaite d’elle-même. Qu’en est-il quand on y regarde de plus près ? Voilà à quoi répond Éric Chevillard dans ce livre aussi jouissif et frais que caustique et assassin. Prosper Brouillon est le nom donné à l’ensemble des écrivains chez qui ont été collectées les phrases, exemplaires, à partir desquelles Chevillard s’est amusé à reconstruire un faux roman délirant. Fruit de la collaboration au journal Le Monde entre Éric Chevillard et Jean-François Martin, qui en illustre le Feuilleton tous les quinze jours, ce livre comprend également une vingtaine d’images qui viennent ajouter un supplément de sens et d’humour à l’ensemble, pour un résultat des plus savoureux.
Cet article risque d'être court pour une seule est bonne raison : l'oeuvre fait à peine plus de 100 pages illustrations comprises, et j'ai tellement accroché à ce livre que je ne veux pas prendre le risque de gâcher votre futur plaisir !
Avant de l'entamer, j'ai lu la quatrième qui n'est autre qu'un passage du livre, je ne savais donc pas vraiment dans quoi je m'embarquais et c'est tant mieux ! Je pense que si on m'avait dit de quoi il en retournait, j'aurais pris moins de plaisir, j'aurais eu plus d'attentes alors que là, je ne pouvais pas être déçue du tout.
Je ne lis pas de livre humoristique à proprement parler, j'aime lire un livre où il y a des touches d'humour par-ci, par-là, mais c'est tout. Là, j'ai été gâtée niveau humour et le moins qu'on puisse dire, c'est que j'ai bien ris !
Défense de Prosper Brouillon d'Eric Chevillard, collection Notabilia.
C'est bien évidemment le gros point fort de ce livre, à chaque page, la défense de l'auteur pour le dernier roman de Prosper Brouillon (écrivain tout ce qu'il y a de plus fictif, mais l'auteur lui prête des citations d'auteurs bien réels), Les Gondoliers, nous plie en deux.
Je suis sans doute passée à côté de beaucoup de références, ne connaissant Éric Chevillard que de nom - je n'ai jamais lu aucun de ses livres, ni même lu ses chroniques dans Le Monde...
Mais il n'empêche que pour ce que j'ai compris, j'ai adhéré, je me suis marrée, et c'était fou parce que ça ne m'arrive jamais d'autant rigoler devant un livre.
Je vous disais dans mon article sur les 22 lettres que c'était un gros plus que le livre soit illustré et c'est véritablement le cas, ça donne une épaisseur en plus aux lettres, ça les insère dans une certaine typographie qui rend le tout bien plus agréable à lire.
Et ben, il en va de même pour les illustrations dans ce livre puisqu'en plus, elles sont du même artiste, j'ai nommé Jean-François Martin.
Si je ne devais en choisir qu'une ce serait bien évidemment celle avec le squelette qui souffle dans la langue de belle-mère - je crois bien que c'est comme ça qu'on appelle ce cotillon, mais j'ai un doute quand même... - ou encore celle avec l'homme qui a une moitié du visage en moins et qui se regarde dans le miroir (voir ci-dessous).
Pour le coup, je ne veux vraiment pas en dire plus et je veux vous laisser découvrir ce petit livre par vous-mêmes. Ça se lit extrêmement vite, les illustrations sont assez nombreuses mais elles ne noient pas le texte, en tout cas je trouve qu'il y a un bon équilibre entre les deux.
Défense de Prosper Brouillon est un type de lecture auquel je ne suis pas du tout coutumière c'est vrai, mais peut-être que c'est aussi pour ça si je me suis laissée prendre au jeu. Ne connaissant pas l'auteur ni rien, je ne pouvais pas partir avec de grandes attentes ou quoi, je me suis simplement laissée porter et une fois encore j'ai pu voir à quel point la collection Notabilia fait du bon travail. Je suis loin d'avoir lu toutes leurs publications, mais je commence à en avoir lu quelques unes et jusque-là, aucune ne m'a déçu, Défense de Prosper Brouillon ne fait pas exception.
Il m'a même donné envie de découvrir Éric Chevillard, de lire au moins un autre de ses livres pour me faire un avis sur cet auteur qui m'a énormément fait sourire et rire.
Pour celles et ceux qui, comme moi, pensent que la littérature d'aujourd'hui n'est plus forcément au niveau de celle d'autrefois, que nous croulons sous la littérature de consommation et qu'il n'y a plus de littérature qui s'élève au rang d'art, je vous conseille mille fois ce petit livre, il devrait vous réconcilier avec notre époque, vous faire rire, et donc vous faire relativiser - en tout cas, ça a fonctionné avec moi.
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