dimanche 29 mars 2020

Le Coin des libraires - Les Hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra

Ce titre, il est sur ma liste depuis au moins cinq ans. Il aura fallu un coup du sort (Pocket qui l’édite en édition collector) pour qu’il finisse entre mes mains. 


Mon premier Yasmina Khadra
Mon deuxième roman se situant en Afghanistan (après Les cerfs-volants de Kaboul). 


Les Hirondelles de Kaboul met en scène quatre personnages, deux couples : Atiq et sa femme Mussarat qui n’en a plus pour très longtemps et Mohsen et sa femme Zunaira, ancienne avocate qui vit très mal la situation dans son pays. 

La ville est assiégée par les talibans qui exercent un régime de terreur. Les femmes sont contraintes de porter un tchadri, un vêtement qui couvre l’intégralité du corps féminin, visage compris puisqu’il y a seulement un espèce de petit grillage de tissu pour que les femmes puissent voir. Je ne connaissais pas ce vêtement, pas plus que la situation en Afghanistan après la guerre avec les Russes. Cette guerre, qui a duré six ans (1979-89) a été meurtrière pour les afghans et elle est directement liée à la situation qui se passe dans le roman. 

Une fois la fin de l’intervention soviétique, le pays tombe en guerre civile la même année. Cette guerre oppose les communistes afghans aux moudjahidines, sorte de combattants de la foi qui s’étaient opposés aux Russes. Puis vient le gouvernement islamiste des talibans qui a été instauré en 1996 et a été chassé en 2001. Ce gouvernement de la terreur est le théâtre des Hirondelles de Kaboul

Les gens ont du mal à cohabiter avec leur propre ombre. La peur est devenue la plus efficace des vigilances. 

Dès le début, le lecteur assiste à une exécution publique, qu’il ne s’en offusque pas, il y en a aura encore plusieurs autres tout au long du roman. Après tout, Atiq l’un des personnages est geôliers donc forcément les prisons et autres condamnés sont présents. 

Les Hirondelles de Kaboul raconte l’histoire de deux ménages, de quatre destins différents mais tous brimés, empêchés. L’emprisonnement, l’un des thèmes majeurs du roman revient à chaque page. Chaque être est emprisonné, retenu en captivité par un régime autoritaire où les femmes n’ont pas voix au chapitre, où elles ne sont bonnes qu’à rester à la maison, à porter le tchadri, et c’est à peu près tout.

On remarque bien l’infériorité féminine dans la bouche de la plupart des personnagees — excepté Atiq et Mohsen en fait. 
Cette façon d’être brimée m’a beaucoup fait penser au Silence d’Isra, sans doute parce que je l’ai lu seulement quelques jours avant, sans doute aussi parce qu’il y est question de femmes vivant dans l’ombre de leur mari. 

Vivre, c’est d’abord se tenir prêt à recevoir le ciel sur la tête. Si tu pars du principe que l’existence n’est qu’une épreuve, tu es équipé pour gérer ses peines et ses surprises.

Ce livre est tout simplement extraordinaire. Il m’a permis d’en savoir plus sur les conditions d’un pays, l’Afghanistan, dont je ne connais quasiment rien. Il m’a permis de réfléchir au statut des femmes là-bas et à leur volonté de s’émanciper de la barbarie humaine. 

Les Hirondelles de Kaboul se veut une ode à la liberté impossible, au besoin de s’émanciper, de sortir de l’emprisonnement dans lequel chaque être se trouve forcé. Emprisonnement physique pour les femmes, emprisonnement mental avec, par exemple, l’obligation d’aller suivre un prêche sans pouvoir dire quoi que ce soit. 

Pourtant, l’ode à la liberté est rapidement bafouée, même avec les meilleures intentions du monde, même avec la meilleure des volontés, les événements s’enchainent et décrivent un monde où la terreur règne
Parmi les exécutions sommaires, les lapidations sauvages, les hirondelles tentent de trouver leur place. Manque de chance, le ciel est un volcan, la terre, un cimetière. 

Ton visage est l’ultime soleil qui me reste, lui a-t-il avoué. Ne me le confisque pas… - Aucun soleil ne résiste à la nuit.

⬛⬜ Mon premier roman de Yasmina Khadra : un coup de burin dans mon petit coeur, une lecture glaçante difficile et aussi tellement nécessaire. 







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