dimanche 16 février 2020

Le Coin des libraires - Le Peintre d'éventail d'Hubert Haddad

Mon premier roman de Hubert Haddad, auteur français d'origine tunisienne. J'ai commencé avec Le Peintre d'éventail, paru en 2013, parce qu'il est ma dernière trouvaille en date et celui que l'on m'a le plus conseillé. J'ai déjà lu Vent printanier du même auteur, un court texte autour de la Rafle du Vel d'Hiv. 

Tout d'abord j'ai été surprise par le choix du lieu, l'histoire se déroule en Asie, plus précisément au Japon. Surprise de prime abord, mais rapidement enthousiaste, je me dis que j'ai rarement eu l'occasion de lire des livres qui se passent en Asie. 


À la base, tout semble intéressant, le protagoniste, le lieu reculé dans lequel il va évoluer ; je m'y crois, au point que je fais des parallèles entre de vieux films japonais des années 50-60 et l'histoire que nous conte Haddad. Oui, mais rapidement des choses me chagrinent. 

Tout d'abord c'est cette lenteur dans l'avancée, ce sentiment d'être extérieur à l'histoire, aux lieux. Comme s'il s'agissait d'une toile de fond et que je ne pouvais pas y avoir accès de près. Je me sens exclue de l'histoire autant que par les personnages. Pas parce qu'ils ne sont pas moi (ou inversement), mais parce qu'ils ne possèdent pas réellement cette grâce qui me touche. 

Parce que le problème c'est aussi l'écriture. Tantôt pleine de poésie et de beauté, tantôt trop académique et trop grandiloquente pour moi. Sans rire, au bout de 10 pages, je me suis armée d'un crayon à papier afin de relever le trop grand nombre de mots que je ne connaissais pas (comme ludion). 

Et pourtant j'aimais ce que je lisais. Même en me sentant mise de côté, je trouvais que cette histoire avait du potentiel - et vraisemblablement, elle en a. 
J'ai donc persévéré au point de le terminer, faut dire que c'était pas non plus trop difficile étant donné qu'il ne fait même pas 200 pages. 

Peindre un éventail, n’était-ce pas ramener sagement l’art à du vent ?

Matabei est un personnage intéressant, mais trop évanescent. Je le vois comme un être fantomatique, un peu comme tous les personnages et en particulier celui d'Enjo qui m'apparaît comme fantasmé plus qu'autre chose. 
Malgré tout, Matabei m'a touché par sa sensibilité, par son amour pour ce jardin et pour ces éventails qui signifient tout pour lui. Sa vie est d'une grande simplicité, il n'en reste pas moins détenteur d'un grand savoir. 

Le récit qui nous est raconté par Hi-Han, disciple de Matabei se lit très vite, mais je pense qu'il contribue à ce sentiment de distance, de rejet du lecteur dans l'histoire. À vrai dire, je trouve que ce personnage est un peu insipide, sans grande consistance. 
C'est un récit enchâssé que l'on nous délivre : Hi-Han nous raconte la vie de son maître Matabei, qui lui-même raconte l'histoire du véritable peintre d'éventails, de cet homme qui a tout donné pour le jardin de Mme Hison, une ancienne geisha. 

Le Peintre d'éventail m'apparaît comme un roman de la contemplation, dans le sens où rien n'est absolument palpitant dans le livre. Le début inaugure bien ce à quoi on va être mangé si bien qu'il ne faut pas s'attendre à des surprises, à des personnages extrêmement aboutis - pour ma part, ce n'est pas le cas. 
C'est bel et bien parce que j'ai eu le sentiment de ne pas avoir ma place dans cet univers, et que la qualité de l'écriture est trop élevé pour moi pour bien tout comprendre que j'ai été déçue par cet ouvrage. 
J'ai le sentiment d'être passé à côté et c'est dommage, parce que ça reste prometteur. Mais je ne baisse pas les bras, j'ai encore deux autres livres de cet auteur dans ma bibliothèque. Et puis son dernier, Un monstre et un chaos me fait très envie ! 

Les saisons ne vieillissent jamais. Un éternel été succède au beau suicide du printemps. 








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Le ciel en sa fureur d'Adeline Fleury

Quand le varou m'emportera je m'endormirai dans le ciel de tes yeux. Sous les auspices de Jean de La Fontaine, Adeline Fleury nous ...