dimanche 14 novembre 2021

1984 de George Orwell

Il était temps que je lise 1984. The roman d’anticipation, on le connait tous sans l’avoir forcément lu. Tombé dans le domaine public en 2019, les éditions Folio ont mis le paquet en 2020 avec deux nouvelles éditions, celle-ci, exclusivement réalisée pour les magasins Fnac, et la traduction de Jodorowski, faisant la part belle au titre original : Mil neuf cent quatre vingt-quatre.


 
Si je ne me trompe pas la traduction d’Amélie Audiberti est en réalité la première traduction française (elle date de 1950) on y retrouve les termes inventés par Orwell (style : novlangue, angsoc…). 


Niveau traduction, je serais bien en peine de pouvoir en conseiller une, même si c’est un sujet d’une extrême importance. Un traducteur a le pouvoir sur une oeuvre étrangère, il en a le contrôle et décide de procéder à des ajouts ou des suppressions...


En exagérant complètement, le travail de Winston, le protagoniste, peut s’apparenter à celui d’un mauvais du traducteur : il faut inlassablement corriger et réécrire pour raconter autre chose. 

Winston est membre du ministère de la Vérité (à comprendre : ministère du mensonge), son travail consiste à reprendre des articles de presse pour simplement réécrire l’Histoire. 

Exemple : Oceania était en guerre il y a 3 ans contre l’Eurasia, aujourd’hui elle est en guerre contre l’Estasia, mais il ne peut y avoir qu’un seul ennemi, alors il faut remonter trois ans en arrière et réécrire les faits. 


Une étrange idée frappa Winston. On pouvait créer des morts, mais il était impossible de créer des vivants. Le camarade Ogilvy, qui n’avait jamais existé dans le présent, existait maintenant dans le passé, et quand la falsification serait oubliée, son existence aurait autant d’authenticité, autant d’évidence que celle de Charlemagne ou de Jules César.


Pour ce faire il est nécessaire de recourir à la « doublepensée », c’est-à-dire qu’il faut prendre en compte les changements opérés par le Parti mais oublier que le passé était différent, et oublié qu’on a oublié (compliqué tout ça quand même). 


Tout se perdait dans le brouillard. Le passé était raturé, la rature oubliée et le mensonge devenait vérité. Une seule fois, au cours de sa vie — après l’événement, c’est ce qui comptait —, il avait possédé la preuve palpable, irréfutable, d’un acte de falsification. Il l’avait tenue entre ses doigts au moins trente secondes.


1984 n’est pas un chef-d’oeuvre pour rien. Il dénonce les totalitarismes, il met en scène l’horreur ; comment peut-on vivre sans notre Histoire ? ou plutôt, comment peut-on accepter que l’Histoire soit effaçable, interchangeable ? 

Le contrôle de Big Brother et des télécrans, la hiérarchie sociale, les mensonges et les lavages de cerveau à répétition… 

Le culte de la personnalité n’est pas sans rappeler les dictateurs (la Seconde Guerre mondiale est terminée depuis seulement quatre ans quand paraît le roman). De même la fin du roman peut faire penser aux Grandes Purges russes des années 1930, et interroge sur les motivations du Parti — pourquoi en arriver là si on est parvenu à obtenir la docilité ? 


C’est une histoire de dingue, une dystopie extraordinaire qui fait tellement froid dans le dos ! 

Pour moi l’Histoire est indispensable pour vivre, sans Histoire nous sommes tellement peu de chose, sans l’Histoire les mêmes erreurs se répètent inlassablement. 

Plus encore que l’aliénation et la privation des libertés c’est cette falsification de l’Histoire qui m’a le plus horrifiée. 

Mais aucune augmentation de richesse, aucun adoucissement des moeurs, aucune réforme ou révolution n’a jamais rapproché d’un millimètre l’égalité humaine. Du point de vue de la classe inférieure, aucun changement historique n’a jamais signifié beaucoup plus qu’un changement de nom des maîtres.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Le ciel en sa fureur d'Adeline Fleury

Quand le varou m'emportera je m'endormirai dans le ciel de tes yeux. Sous les auspices de Jean de La Fontaine, Adeline Fleury nous ...