samedi 19 octobre 2019

Le Coin des libraires - #140 Les Mangeurs d'argile de Peter Farris

Le roman policier, le thriller, le roman noir. Pour moi ils ont en commun d’être des genres découverts tardivement, mais pour lesquels j’éprouve une grande affection. 
Par l’entremise de Babelio, j’ai pu découvrir Les Mangeurs d’argile de Peter Farris, un roman noir sorti à l’occasion de la rentrée littéraire. 

Je n’ai encore jamais lu Peter Farris, d’ailleurs ce roman n’est que mon deuxième Gallmeister. 
Et le deuxième, comme le premier (Idaho dont j’aurais voulu vous parler, mais dont je n’ai toujours pas écrit d’article…) a été une lecture addictive et percutante. 




Tout commence avec Richie, le père de Jesse. L’action se passe en Géorgie. Premier point positif puisque nous sommes perdus au milieu de l’immensité naturelle, les arbres et le lac pour seuls compagnies. 
Richie qui travaillait sur la construction d’un mirador pour son fils — parce que oui, la chasse c’est un peu toute leur vie, c’est un élément central de la relation entre le père et le fils, c’est aussi le symbole de toute cette histoire : le chasseur traquant sa proie, mais bref. 

Richie meurt assez bêtement dans le fond, mais ce n’est pas comment il est mort qui va nous intéresser, mais plus pourquoi est-il mort ? 
Et alors là, j’ai été servie ! Moi qui pensais suivre une banale histoire de meurtre, où la recherche du coupable allait prendre toute l’intrigue, mais quelle erreur ! C’était tellement bien de voir que ce n’est pas du tout ce qui occupe Peter Farris - et tant mieux parce que dès le début le lecteur peut déduire qui est le coupable, ça aurait donc été dommage de se farcir une enquête pendant 300 pages pour pas grand chose !

Et on part dans une spirale où le présent rattrape le passé, où celui-ci vient nous éclairer sur un membre de la famille en apparence pas très important, le frère de Richie, Vandy, décédé des années plus tôt. 
L’alternance des temps m’a beaucoup plu car contrairement à ce qu’on rencontre d’habitude : un chapitre présent / un chapitre passé, l’auteur a choisi de cumuler plusieurs chapitres au présent, et ensuite d’insérer un court chapitre au passé, si bien qu’il faut lire quelques chapitres avant de pouvoir retrouver le fil de l’histoire de Vandy, de la rencontre de Richie avec sa seconde femme, Grace. 

Ce que j’ai le moins aimé dans ce roman, c’est l’insertion de ce duo du FBI, dépêché pour arrêter un ancien militaire devenu terroriste : Billy. J’ai trouvé attachant le personnage de Billy et intéressant. Il est l’incarnation de ces hommes qui ont vu des atrocités, qui ont vu surtout des inégalités à la guerre et qui n’ont pas pu s’en remettre. Ses actes sont bien évidemment condamnables, mais il n’empêche qu’on ne peut que ressentir de l’affection pour ce vieil homme, sans doute prêt à se rendre. 

En découpant ses différentes parties en très courts chapitres, Farris donne toujours envie d’en savoir plus, et de se laisser prendre par le jeu du « encore un chapitre, il ne fait que 5 pages » et alors c’est la spirale infernale jusqu’à 3h du matin. 

Ces parties sont d'ailleurs un rappel des armes à feu, un rappel d'une des facettes du travail de Richie (fabriquant de cartouche), autant que le symbole de la relation avec son fils. Les armes sont indissociables de ce duo père/fils. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le rapport aux armes est sain dans le sens où Richie respecte ses proies, comme on le voit dans un flash-back. 


Porté par des personnages attachants et profonds - Jesse est définitivement mon personnage préféré, ainsi que son père, Richie, dont les retours dans le passé permettent de rencontrer un homme meurtri, entouré de morts, mais d’un courage immense, et Vandy dont la fragilité m’a énormément touché —, Les Mangeurs d’argile s’affiche comme un roman noir sur la méchanceté d'un côté, avides de pouvoir et prêts à tout pour l’obtenir, sur la fraternité entre des êtres que tout opposent de l'autre. 
Bref, Les Mangeurs d’argile c’est une excellente lecture, un dépaysement et une belle rencontre, celle de la famille Pelham. 


"Quelqu’un de célèbre a dit un jour que ne pas détruire les terres qu’on possède, c’est la plus grande oeuvre d’art dont on puisse rêver."
Peter Farris, Les Mangeurs d'argile .

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