Avant d'entrer dans le vif du sujet qui est mon avis sur Sous ses yeux de Ross Armstrong, j'aimerais partager une nouvelle avec vous. Suite à une annonce des éditions Cherche midi durant l'été passé, j'ai postulé afin de devenir chroniqueuse pour la maison d'édition et ce, pour l'année à venir. Cette candidature concernait les thrillers et comme je suis plus une lectrice de roman policier que de thriller finalement, et bien j'ai eu envie de tenter, je me suis dit que ce serait une excellente expérience pour moi et que ça me permettrait peut-être de m'ouvrir à un genre que j'apprécie mais dont je ne suis pas experte !
Tout ça pour vous dire que je suis ravie d'avoir été sélectionnée pour cette aventure qui promet d'être riche en découvertes que ce soit livresques ou humaines - bah oui, il ne faut pas oublier que j'ai été choisie avec d'autres blogueurs/instagrameurs et que je vais avoir l'année entière pour échanger mes impressions avec eux, je me languis !
J'ai pu découvrir les éditions du Cherche midi il y a quelques mois grâce à l'envoi du roman Les Dieux du tango de Carolina de Robertis que j'avais vraiment beaucoup aimé et je suis heureuse de revenir aujourd'hui pour vous parler d'un autre titre de cette maison d'édition - et préparez-vous, vous risquez de voir passer un bon nombre de livres de chez eux dans les mois à venir.
Entre La Fille du train et Fenêtre sur cour, un premier roman que les amateurs de thrillers n’oublieront pas de sitôt.
Passionnée d’ornithologie depuis son enfance, Lily Gullick ne s’éloigne jamais de sa paire de jumelles. Depuis l’appartement qu’elle occupe avec son mari, elle ne se contente toutefois pas d’observer les oiseaux. Elle ne peut en effet s’empêcher d’espionner ses voisins, en particulier les derniers habitants d’une vieille résidence, un vestige dans ce quartier qui s’embourgeoise à vue d’œil. Alors qu’elle vient de faire connaissance d’une de ses occupantes, Jean, cette dernière est retrouvée morte dans des conditions étranges. Lily, qui croit connaître presque intimement tous ses voisins pour les avoir longuement observés, décide de mener son enquête. Celle-ci, commencée par désœuvrement, pour fuir un mari de plus en plus lointain, une vie un peu trop déprimante, tourne vite à l’obsession.
Avec ce thriller psychologique exceptionnel, qui connaît un succès sans précédent dans les pays anglo-saxons, Ross Armstrong prend son personnage principal – et son lecteur – à son propre piège. Jouant sur les mécanismes contagieux du voyeurisme, il dévoile, par une série de rebondissements époustouflants, les surprises qui parfois nous attendent quand nous nous plongeons dans la vie des autres pour esquiver la nôtre.
On rencontre donc Lily, une jeune femme qui vit à Londres avec son mari Aiden. J'ai pris énormément de plaisir à la suivre, son personnage m'a plu dès le début parce qu'il est un personnage atypique. J'ai aimé le rapport aux oiseaux, même si finalement j'ai trouvé que c'était peut-être qu'un prétexte au voyeurisme - on peut conclure que Lily a passé son enfance à observer les oiseaux avec la personne à qui son journal est destiné, et donc qu'en grandissant, eh bien, elle est passée de l'observation des oiseaux à celle des humains, voilà tout. Pourtant les oiseaux en eux-mêmes n'ont qu'une place minime et j'aurais bien aimé que ce soit un peu plus exploité.
J'ai adoré suivre Lily, mais je ne m'attendais pas à du tout à ce que le roman prenne cette tournure. Encore maintenant, la façon dont l'auteur joue avec son personnage principal, mais aussi avec son lecteur me laisse relativement dubitative. Que fait-on quand il est impossible de démêler le vrai du faux ? Qu'a-t-on réellement vu et qu'est-ce qui finalement n'était que dans l'esprit de Lily ?
Esprit déséquilibré ou simplement affaibli ? Délire passager ou maladie réelle ?
Bon c'est vrai que je dis avoir été assez troublée - et ça a été le cas ! - mais c'est surtout parce que je ne m'attendais absolument pas à ça, j'étais à fond dans l'enquête que mène Lily si bien que je n'ai rien vu venir, je ne me suis posée aucune question et pour ça, je dois dire que l'auteur s'en est vraiment bien sorti, en tout cas, moi, il m'a eue.
J'ai réellement été choquée par la révélation au sujet d'Aiden, par cette solitude soudaine qui s'abat sur la protagoniste et la frappe de plein fouet. Je n'ai pas été sensible aux signes avant coureurs que représentait la disparition soudaine du mari, je me suis interrogée sur le pourquoi du comment, mais à aucun moment je n'ai imaginé ça.
Sous ses yeux de Ross Armstrong, éditions Cherche midi.
Au début, j'ai trouvé assez étrange d'être directement apostrophé en quelque sorte. Lily écrit un journal et elle l'écrit pour quelqu'un, pour le lecteur bien évidemment, mais pour une autre personne avant tout et cette façon d'utiliser le tu ne m'a pas du tout dérangé, au contraire j'ai trouvé assez intéressant de devenir un personnage à part entière, tout en étant un personnage extérieur. Cet intérêt a d'ailleurs été renforcé dès l'apparition du père et de la façon dont Lily résume les choses, on en vient alors à se demander pourquoi elle le fait, pour elle-même ou finalement simplement pour le lecteur qui devient alors bien plus important qu'il ne le croyait au départ ?
J'espère que ce que je dis là est clair, mais bizarrement je n'en suis pas certaine. Haha !
Bon parce qu'il faut bien donner un petit bémol, le voici. Pour moi, l'auteur est tombé dans un écueil basique, celui de vouloir trop cacher le coupable tout en laissant des indices qui semblent le désigner. C'est une erreur qui est assez commune finalement que celle de vouloir faire en sorte qu'on ne le soupçonne pas du tout, ce qui rend forcément le personnage suspect. Vous l'aurez donc compris, j'ai rapidement découvert l'homme que recherche Lily donc pour la surprise, c'est un peu tombé à l'eau !
Mais en définitive, plus que l'enquête c'est l'aspect humain qui m'a plu, c'est le personnage de Lily qui a besoin de trouver le coupable pour fuir sa vie, sa réalité et ainsi survivre. Même si dès le début on se doute que quelque chose cloche avec elle, on se demande ce que signifient ces dates qui nous sont données à chaque début de chapitre (je pense aux J-10 par exemple), on se laisse emporter dans son monde, dans sa paranoïa et dans sa douleur également.
Je dois enfin préciser que j'ai beaucoup aimé les en-têtes de début de chapitre où Lily observe - traque ? - quelqu'un. Ça donne un vrai plus à l'intrigue, mais aussi au roman en lui-même, ça ajoute une pointe d'originalité.
Vous l'aurez compris, j'ai passé un bon moment avec Sous ses yeux, plus que pour l'enquête que mène Lily, c'est pour son personnage à elle que je l'ai aimé même si évidemment, l'intrigue reste addictive.
"Ils
savent que je suis une imitation d’être humain. Les gens doivent
voir que j’ai décomposé le million de choses insignifiantes
qu’ils font inconsciemment pour survivre, et que je les fais une à
une, les empilant minutieusement, consciente de tout, me plaçant
moi-même dans un état de soumission, actionnant manuellement les
rouages qui me permettent de traverser péniblement la journée."
Ross
Armstrong, Sous ses yeux
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire