Ce qu'est l'homme de David Szalay m'est tombé dans les mains un peu au hasard. J'ai reçu un mail de la part de Babelio dans le cadre d'une opération privilégiée comme il l'appelle. Cette opération proposait de recevoir ce roman et comme le résumé m'a bien plu, j'ai tenté le coup.
Voilà que trois jours après je reçois le roman dans ma boîte aux lettres, quelques jours avant sa sortie officielle. Je remercie donc Babelio et les éditions Albin Michel pour m'avoir donné la possibilité de lire ce livre.
David Szalay est un nom encore inconnu en France, ce livre est son premier roman traduit en français, mais avec Ce qu'est l'homme, il est possible que les choses changent.
Neuf hommes, âgés de 17 à 73 ans, tous à une étape différente de leur vie et dispersés aux quatre coins de l’Europe, essayent de comprendre ce que signifie être vivant. Tels sont les personnages mis en scène par David Szalay à la façon d’un arc de cercle chronologique illustrant tous les âges de la vie. En juxtaposant ces existences singulières au cours d’une seule et même année, l’auteur montre les hommes tels qu’ils sont : tantôt incapables d’exprimer leurs émotions, provocateurs ou méprisables, tantôt hilarants, touchants, riches d’envies et de désirs face au temps qui passe.
Et le paysage qu’il nous invite à explorer, multiple et kaléidoscopique, apparaît alors au fil des pages dans sa plus troublante évidence : il déroule le roman de notre vie.
Avec ce livre, finaliste du Man Booker Prize, le jeune auteur britannique offre un portrait saisissant des hommes du XXIe siècle et réussit, en disséquant ainsi la masculinité d’aujourd’hui, à dépeindre avec force le désarroi et l’inquiétude qui habitent l’Europe moderne.
Et le paysage qu’il nous invite à explorer, multiple et kaléidoscopique, apparaît alors au fil des pages dans sa plus troublante évidence : il déroule le roman de notre vie.
Avec ce livre, finaliste du Man Booker Prize, le jeune auteur britannique offre un portrait saisissant des hommes du XXIe siècle et réussit, en disséquant ainsi la masculinité d’aujourd’hui, à dépeindre avec force le désarroi et l’inquiétude qui habitent l’Europe moderne.
Je n'avais pas pensé à la taille du livre avant de le recevoir et je dois dire que ça ne m'a pas arrangé qu'il soit aussi gros (quasi 550 p.) - l'inconvénient quand on a des livres à lire pour les cours... Mais au final, je l'ai lu rapidement et ce, grâce à la forme du livre. Catégorisé roman, il pourrait très bien être considéré comme un recueil de nouvelles, puisque une partie correspond à une histoire indépendante les unes des autres. En réalité, le seul élément qui fait que l'on lit les parties dans l'ordre est le fait que les âges des protagonistes évoluent à chaque fois.
Le premier homme que l'on suit à 17 ans, puis on entre dans la vingtaine, la trentaine, jusqu'à arriver jusqu'à 65 et 73 ans. C'est intéressant de ce point de vue parce que personnellement, j'ai attaché énormément d'importance au temps, à l'emprise du temps, son passage, sa durée. C'est vraiment ce qui m'a le plus plue dans ce livre : la façon dont les personnages que l'on suit vivent dans un lieu dont ils ne sont pas originaires et comment le temps passe ou au contraire, semble faire du sur-place.
On entre dans l'histoire par le biais de Simon, un anglais qui a décidé de partir faire une partie de l'Europe avec un ami à lui. J'ai adoré cette première partie, le personnage de Simon, ses réflexions, sa passivité et évidemment leur voyage - qui ressemble énormément à celui que je rêverai de faire !
J'ai aimé le questionnement intérieur. Simon qui est "déçu" se demande pourquoi on voyage et ce qu'est être un touriste.
J'ai aimé le questionnement intérieur. Simon qui est "déçu" se demande pourquoi on voyage et ce qu'est être un touriste.
Dans la deuxième, c'est au tour de Bernard de nous occuper avec un moment de sa vie. Bernard est français, il est en quelque sorte un bon à rien, en tout cas il est suffisamment incapable pour que son oncle décide de le virer. Il décide de partir à Chypre seul après avoir été embrigadé, puis abandonné. Au début j'avais un peu de mal avec lui, avec le fait de devoir rencontrer un autre homme, découvrir sa vie, ses attentes, ses rêves.
Et bah franchement, je pense qu'il en a pas des masses de rêve, le Bernard. Là aussi j'ai beaucoup aimé suivre son périple, mais je ne saurais pas dire pourquoi. Parce qu'il est resté passif tout du long et n'a fait que subir jusqu'à la fin ? Parce qu'il n'a absolument rien appris, ou en tout cas, qu'il ne semble pas avoir appris grand chose de ce voyage en solo ? Ou peut-être simplement parce que les situations dans lesquelles il se retrouve sont parfois hilarantes.
Je ne vais pas parler de toutes les histoires, mon article serait trop long et le but n'est pas de vous faire un résumé. Je vais néanmoins en aborder quelques unes plus que d'autres, parce que je trouve que ce roman est très intéressant d'un point de vue anthropologique et sociologique, mais inégales du point de vue des histoires qu'il nous raconte.
Certaines ne m'ont pas franchement intéressées et c'est pas bien parce qu'elles sont globalement assez courtes (une soixantaine de pages en gros), que j'ai pu en venir à bout. À titre d'exemple, après avoir aimé les deux premières, j'ai beaucoup moins accroché avec la troisième et la cinquième surtout (la quatrième un peu aussi, mais ça allait pour certains aspects). À vrai dire, je ne voyais pas forcément l'intérêt de suivre ces hommes, je suis restée assez hermétique à leur vie, leur but.
Et puis, j'ai trouvé aussi que ça tournait un peu trop autour du sexe, et ce, dans quasiment toutes les parties. Il y a souvent une espèce d'"enjeu" sexuel, comme si être un homme signifiait nécessairement coucher avec une femme ou le souhaiter. Ça pour le coup, j'ai trouvé que c'était dommage.
Au-delà de ça, certaines parties m'ont marquées pour leur propos, ou leur personnage. Ça a été le cas de la septième, celle de Murray, un anglais qui s'est expatrié en Croatie. Cet homme est détestable, mais il est tout autant attachant parce qu'il est malchanceux. J'ai trouvé cette partie particulièrement bien écrite parce qu'elle nous met dans la situation d'un homme qui se croit mieux que les autres et qui, finalement, est forcé de s'avouer vaincu. J'ai aimé l'ambiance qui se dégage du pays, la moiteur déjà rencontrée à Chypre, dans la deuxième partie.
J'ai aimé les deux dernières, celles qui mettent en scène des hommes plus vieux, des hommes qui ont déjà vécu une grande partie de leur vie et qui regardent en arrière plutôt qu'en avant. Il m'a été facile de lire ces parties parce qu'elles sont formidablement écrites, elles nous mettent devant la réalité que représente le fait de vieillir, le fait que le temps passe inexorablement. Les destins d'Aleksandr et Tony sont tout à fait différents, ils ont un rapport au temps et donc au monde tout aussi différent, mais il n'empêche qu'à leur façon, ils permettent de remettre les choses en perspective. Ils nous font nous poser cette question toute simple : qu'est-ce que vivre ? ou peut-être plutôt, comment vivre ?
Aussi, j'aurais voulu visiter plus de pays. Je sais que le résumé parle bien de l'Europe et seulement de l'Europe - chose qu'en soi, je trouve dommage -, mais j'ai un peu eu le sentiment que l'auteur entend l'Angleterre comme centre de l'Europe, et plus particulièrement Londres. En y regardant bien, sept parties citent Londres, que ce soit le domicile du personnage, la ville dont il est originaire, où le lieu où il part en voyage. L'Europe ne se résumé pas à ça, du coup c'est dommage, voire regrettable.
Comme je le disais j'ai trouvé les histoires assez inégales, peut-être que je suis passée à côté des parties "centrales" - j'ai beaucoup aimé les deux premières ainsi que les trois dernières et ce sont les quatre du milieu qui ne m'ont pas convaincues. Je garde un très bon souvenir de certains personnages et je me suis vraiment attachée à eux au point que ça m'aurait plue que leur histoire continue. C'est ce qui est difficile aussi dans ce livre : accepter de suivre le destin d'un homme durant quelques chapitres, puis la fin arrive et on en ressort avec un sentiment de solitude assez fort. Solitude qui est peut-être (sans doute) celle de ces hommes qui paraissent toujours un peu à l'écart, complètement esseulés.
Le temps et la solitude donc, oui, ça me paraît assez bien pour résumer mon ressenti pour Ce qu'est l'homme de David Szalay. Loin d'être un coup de coeur, mais une lecture très agréable quand même, et sûrement une lecture plus complexe qu'elle n'y paraît. Ce n'est donc que justice si ce roman a été un des finalistes du Man Booker Prize.
"Ils
ont beau être affutés comme des pierres précieuses, ces souvenirs
semblent étonnamment petits, lointains, comme observés dans un
télescope à l’envers."
David
Szalay, Ce qu'est l'homme
"La
veille, il s’était senti sombrer dans une sorte d’obscur
crépuscule de l’âme. Un pessimisme épouvantable plusieurs heures
d’affilée. En substance, la conviction qu’il avait bousillé sa
vie, et que tout était terminé."
David
Szalay, Ce qu'est l'homme.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire