Dernier roman de l'année 2017 pour la team thriller du Cherche-midi. Après avoir eu la chance de découvrir Sous ses yeux de Ross Armstrong puis Le Mystère Jérôme Bosch de Peter Dempf, c'est aujourd'hui au tour de Maharajah de M. J. Carter !
Autant le dire dès maintenant, je ne trouvais pas que Le Mystère de Jérôme Bosch était un thriller, et il en va de même pour Maharajah qui m'apparaît plus comme un roman historique d'aventure - ce qui est d'ailleurs dit à la fin de la quatrième de couverture !
Calcutta, 1837. Le pays est sous la régence de la Compagnie britannique des Indes orientales. Figure haute en couleur chez les expatriés anglais, l’écrivain Xavier Mountstuart vient de disparaître dans les profondeurs de la jungle, alors qu’il faisait des recherches sur une secte d’assassins, les thugs. L’armée de la Compagnie envoie à sa recherche Jeremiah Blake, un agent spécial, grand spécialiste des mœurs du pays, accompagné d’un jeune officier, William Avery. C’est le début d’une aventure passionnante au pays des temples et des maharajahs. En approchant de la région où Mountstuart a disparu, celle des thugs, adorateurs de Kali, déesse de la mort et de la destruction, Blake et Avery vont bientôt découvrir une incroyable conspiration.
Un vrai roman d’aventures et de suspense qui tient à la fois du thriller historique et du voyage initiatique, un duo de personnages inoubliables : vous ne lâcherez pas Maharajah.
Tout d'abord, le grand point fort pour moi, c'est l'époque, on est directement catapulté dans l'Inde du XXe et, pour une novice comme moi, ça a été un réel plaisir de découvrir le pays, ses coutumes, etc. D'ailleurs, le fait que l'auteur ait utilisé des termes indiens pour son roman donne une épaisseur qui n'est pas négligeable. J'ai vraiment apprécié la présence du glossaire en fin d'ouvrage qui permet de nous immerger dans l'oeuvre - même si je dois avouer que j'ai toujours eu du mal avec les notes en fin d'ouvrage.
On se retrouve alors à suivre le personnage de William Avery, un britannique qui aspire qu'à retourner chez lui, du moins, qui a en horreur Calcutta. Le seule vraie point négatif se trouve dans la mise en place que j'ai trouvé particulièrement longue. Je comprends qu'il y a la nécessité de poser les bases historiques, l'atmosphère du pays, etc. mais qu'est-ce que c'était long ! Surtout que de prime abord, le personnage d'Avery n'aide pas du tout, bien au contraire. Au début, il m'est apparu comme insipide et tout à fait insupportable. Heureusement, j'ai réussi à entrer dedans au moment où son seul et unique ami en Inde est retrouvé mort dans des conditions plutôt louches. Après cet événement j'étais dedans, prête à suivre les péripéties d'Avery et de Blake.
Ce que j'ai particulièrement apprécié dans le roman c'est toute cette divergence d'opinion entre un Avery qui croit dur comme fer en la Compagnie britannique, qui est persuadé de son bien fondé et un Blake tout à fait désabusé qui ne se fait plus d'illusion sur ses intentions réelles. Bon, il est vrai que le fait de suivre le point de vue d'Avery est assez dérangeant, parce que le lecteur sait pertinemment qu'il y a anguille sous roche et que les intentions de la Compagnie ne sont pas uniquement dans le but de faire de l'Inde un pays débarrassé de la criminalité, de la famine et tout. Dès le début, on a conscience que la Compagnie profite allègrement des ressources du pays - notamment l'opium - et toute cette naïveté du personnage central s'avère être particulièrement énervante par moment.
Évidemment, au fur et à mesure du roman, les certitudes d'Avery se retrouvent bafouées, mais il faut quand même attendre un bon moment avant qu'il commence enfin à douter de cette Compagnie pour laquelle il travaille.
Pour ce qui est de l'histoire en elle-même, le périple est des plus passionnants, on voyage à travers l'Inde, on rencontre des personnages hauts en couleurs afin de retrouver la trace de Xavier Mountstuart, véritable Dieu pour Avery et ami de Blake. J'ai vraiment apprécié toute la démarche de l'auteur quant au personnage de Mountstuart. Le fait qu'il soit glorifié par Avery qui voit en lui le poète, l'homme qui l'a décidé à venir en Inde, et l'autre point de vue, celui d'un homme qui est tout à fait imbu de lui-même et qui, dans le fond, ne mérite sans doute pas d'être secouru.
Et puis, toute cette aventure en Inde nous montre bien à quel point l'auteur s'est documenté sur l'époque, sur les traditions du pays et les bouleversements dues à la Compagnie. J'ai vraiment apprécié ces recherches historiques et la façon dont elles sont insérées dans l'histoire fictionnelle.
Roman d'aventure donc, mais aussi premier roman qui permet de présenter le duo de choc Avery/Blake que l'on retrouve dans d'autres romans par la suite. Comme je le disais plus haut, de prime abord Avery apparaît comme insipide et même franchement antipathique parfois, on aurait presque envie de lui dire de quitter son monde de bisounours pour regarder autour de lui. Je pense que c'est en grande partie à cause de cette aveuglement qu'il reste dans le flou durant si longtemps. On sent que Blake est le débrouillard, le véritable enquêteur, mais on n'a pas accès à ses pensées, ni mêmes à ses faits et gestes si bien que comme Avery, nous restons dans le flou, ignorant la situation. Évidemment narrativement parlant, ça permet de créer encore plus de surprise, on reste extérieur à l'enquête si bien que tous les éléments nous tombent dessus sans crier gare et forcément on reste pantois - en tout cas, personnellement il y a plein d'éléments que je n'ai pas vu venir !
Par contre, je déplore un manque d'informations concernant Blake, on ne sait pas grand chose sur lui - il est en Inde depuis un certain nombre d'années, il parle énormément de langues/dialectes ce qui lui permet de se fondre dans la masse et il a aimé une indienne qui est décédée. Finalement, c'est assez mince comme éléments et c'est dommage qu'il soit toujours présenté comme un personnage particulèrement énigmatique jusqu'à la fin. Bon, après, il est vrai que c'est un premier volet, du coup l'auteur a probablement voulu faire de ce roman une mise en bouche, il nous a donné quelques éléments, mais pas trop non plus, histoire qu'on ait encore des choses à découvrir dans les suites !
Finalement, les deux personnages se complètent bien, la naïveté agaçante d'Avery s'équilibre bien avec la lucidité de Blake, ils forment un duo attachant et intéressant.
Si on met de côté la longueur de la mise en place, j'ai été séduite, entraînée par les personnages à la découverte de ce pays durant cette période tout à fait obscure pour moi. Je ne m'attendais pas du tout à ces retournements, si bien que jusqu'au bout j'ai été surprise et c'est ce que je demandais. C'est une bonne mise en bouche que M. J. Carter nous a livré, même s'il aurait pu passer sur certains éléments afin de raccourcir un peu son roman et ainsi éviter les longueurs.
J'espère pouvoir découvrir la suite des aventures d'Avery et Blake, histoire de conforter mon avis sur ces deux héros ou au contraire, d'en changer.
Bonjour et bonne annee 2018.
RépondreSupprimerL histoire de l Inde me passionne..
Vous avez vraiment bien explique votre opinion sur les personnages etc..
Cela donne réellement envie de lire ce livre!
Ce que je ferait des que j aurai termine ceux que je terminent.
Cordialement.
Bonsoir,
SupprimerRavie que mon article vous donne envie ! Je serai curieuse de connaître votre ressenti si jamais vous vous lancez !
Belle soirée et bonne année également.
Vous pouvez me trouver sous le surnom de google à:
RépondreSupprimer"No name".
Merci.
Voilà un roman que je ne connaissais pas mais il a une très belle couverture et un résumé attirant. Sans être spécialement attirée par l'Inde, son Histoire et ses coutumes, j'aime les romans dépaysants et je me dis que celui-ci doit l'être, assurément. Je vais le retenir et le garder quelque part dans un coin de ma tête... Jolie chronique ! ;)
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