dimanche 15 avril 2018

Le Coin des libraires - #93 L'écrivain public de Dan Fesperman

Ce livre, je l'attendais depuis qu'on nous en a parlés dans le cadre de la team thriller du Cherche midi. Étant une grande passionnée de la Seconde Guerre mondiale - même si c'est vraiment l'aspect témoignage (en particulier de rescapés) qui me passionne - j'aime en savoir plus sur cette époque en général, je vous laisse donc imaginer mon impatience quand j'ai entendu parler de ce livre, L'écrivain public de Dan Fesperman

À vrai dire, j'étais très pressée de le lire car, s'il parle de la Seconde Guerre, il traite également d'un lieu et d'un sujet dont je n'ai auparavant jamais entendu parler : la présence des nazis aux États-Unis et plus largement, la situation de New-York en 1942 - cela faisait alors quelques mois que le pays était entré en guerre. 


9 février 1942. Dès son arrivée à New York, Woodrow Cain, un jeune flic du sud des États-Unis, est accueilli par les flammes qui s’échappent du paquebot Normandie, en train de sombrer dans l’Hudson. C’est au bord de ce même fleuve que va le mener sa première enquête, après la découverte d’un cadavre sur les docks, tenus par la mafia. Là, il fait la connaissance d’un écrivain public, Danziger, obsédé par les migrants qui arrivent d’une Europe à feu et à sang, ces fantômes au passé déchiré et à l’avenir incertain. Celui-ci va orienter Cain vers Germantown, le quartier allemand, où, dans l’ombre, sévissent les sympathisants nazis. Alors que le pays marche vers la guerre, la ville est en proie à une paranoïa croissante. Et les meurtres continuent…

Au fil d’une intrigue passionnante, Dan Fesperman évoque avec un réalisme rare quelques pages aussi méconnues que fascinantes de l’histoire de New York : l’influence nazie, le sort des immigrés juifs et l’implication de la mafia dans le conflit mondial.


Forcément, de savoir qu'il a été élu meilleur roman policier de l'année par le New York Times, ça créer des attentes et même si cela fait maintenant quelques jours que j'ai terminé le bouquin, je me demande encore s'il a rempli son rôle - je tâcherai de la découvrir au fil de cet article ! 


Le prologue nous propulse au coeur de l'intrigue, sans préambule nous sommes catapultés auprès de Cain, le protagoniste principal si je puis dire. J'ai beaucoup aimé ce prologue parce que justement on n'a pas trente pages de présentation avant d'entrer dans le vif du sujet, on ne tergiverse pas, on y va et c'est le genre de truc qui me plaît, surtout quand je lis un roman policier ! 
Mais premier bémol, une fois passé ce prologue, l'entrée dans l'histoire a été, disons chaotique pour la simple et bonne raison que je me suis énormément perdue dans les noms des personnages - excepté pour Danziger et Cain évidemment ! Faut dire qu'il y a un sacré paquet de personnages tout au long du livre et je ne sais pas, parfois c'était vraiment difficile de retenir qui était qui. 

Au-delà de ça, je dois dire que l'auteur possède un grand talent de conteur dans le sens où vraiment, on s'y croit. Ses descriptions permettent une réelle immersion. Enfin, personnellement, j'ai senti que l'auteur s'était documenté sur le sujet, sur l'architecture de l'époque, le style vestimentaire, etc. si bien qu'en plus d'être un roman policier, c'est un roman historique qui nous est livré et ce, par bien des aspects - j'y reviendrai plus loin. 

C'est vraiment pour moi un gros point fort de ce roman : le réalisme. 
Pourtant d'ordinaire j'ai du mal avec les descriptions, je trouve que c'est parfois (souvent...) trop long et ça peut plomber un bouquin qui aurait pu être vachement bien. Là, les descriptions sont tout ce qu'il y a de plus utiles car en plus de nous faire ressentir une atmosphère par moment suffocante, elle nous envoie directement à cette époque et c'est génial ! 


L'autre gros point fort, c'est forcément Danziger, qu'est-ce que je me suis attachée à ce vieux monsieur ! 
C'est d'abord son métier que je trouve passionnant et également modeste. On n'y pense pas - en tout cas je n'y pense pas - mais c'est vrai que lors des grandes vagues d'immigration en particulier, il y avait besoin de quelqu'un pour aider ceux qui ne parlaient pas la langue, rien que pour l'aspect administratif ou encore pour permettre aux personnes illettrées de pouvoir interagir avec leurs proches restés au pays par exemple. 
Danziger, c'est le monsieur sympatoche qui te file un coup de main en toute circonstance et surtout,  c'est celui qui porte de la considération à ta vie, tes proches, ton passé, à l'être humain en dépit de sa langue - bah ouais, on voit bien que ça posait problème d'être allemand à cette époque quand même, mais être juif n'avait pas l'air d'être plus cool non plus bizarrement... 

Là encore j'ai un petit bémol, enfin non, un assez gros bémol : j'ai tellement aimé son personnage que je l'ai trouvé trop peu présent. On a quelques chapitres de son point de vue, mais trop peu : 9 chapitres sur 43, et la plupart du temps ces dits chapitres sont très courts. 
Et puis c'est aussi son passé qui m'a énormément plu, son arrivée à New-York, son passage par Ellis Island, c'est un tout qui fait que ce personnage est de loin mon préféré du livre. Je trouve donc que c'est juste que ce soit lui qui est en quelque sorte mis en avant dès le début et ce, par le biais du titre de l'oeuvre. 


L'écrivain public de Dan Fesperman, éditions Cherche midi.


Attention, ça ne veut pas dire que je n'ai pas aimé le protagoniste, Woodrow Cain, le "vrai" policier, fraîchement arrivé du sud des États-Unis où il a toujours vécu dans une petite ville tranquille jusqu'à, bah jusqu'à il y a quelques mois. Après avoir vécu un événement pour le moins traumatisant, on comprend vite que cet homme, père d'une petite fille, a besoin de se reconstruire, de recommencer et quoi de mieux que New-York pour cela n'est-ce pas ? Sauf qu'évidemment rien ne sera simple pour lui. 

C'est un peu pareil pour lui que pour Danziger. J'ai aimé le fait qu'on lui donne un certain background, un passé assez lourd il faut bien le dire, mais qui ne prend pas vraiment le pas sur l'intrigue. On est vraiment focus sur les corps retrouvés, sur les manigances entre la marine américaine et la mafia, si bien que ce passé qui reste encore frais et est donc par moment mis en avant est surtout le bienvenu parce qu'il permet de donner de l'épaisseur au personnage. 
Après franchement tout le délire avec sa femme, enfin ex-femme, j'ai trouvé ça un peu inutile, en tout cas personnellement je m'en suis foutue de savoir si elle allait bien ou même si elle était à New-York. 

Et puis évidemment il y a l'enquête en elle-même. Les corps trouvés en quelque sorte à la chaîne donc là, bah oui, je suis preneuse. J'ai été entraînée dans l'enquête, j'ai trouvé que tout s'enchaînait parfaitement bien, tout était fluide sans être facilement comment dire, trouvable ? Pas une seule seconde je me suis attendue à cette conclusion, je partais toujours dans des directions qui n'étaient pas les bonnes. Jusqu'au bout je ne savais pas à quoi m'attendre et c'est bien entendu le troisième gros point fort de ce livre. J'ai passé un très bon moment et surtout je n'avais pas envie de le poser avant de savoir. 

Alors oui, même s'il est vrai que je me suis à certains moments sentie perdue à cause de tous les personnages, de leurs noms qui finissaient par me paraître tout à fait étranger ou à l'inverse trop familier, j'ai passé un très bon moment à suivre cette enquête, à découvrir une ville morcelée, une ville à feu et à sang qui vit au rythme de l'effort de guerre et dans la peur que le pays soit de nouveau attaqué. 


Enfin, le vrai gros point fort comme je le disais plus haut, c'est l'aspect réaliste de l'oeuvre. La note de l'auteur en fin d'ouvrage permet d'en savoir plus et nous explique clairement ce qui provient de son imagination et ce dont il s'est inspiré, c'est-à-dire quels sont les faits réels qui ont permis l'élaboration de cette histoire. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y en a des éléments réels dans son bouquin ! J'admire franchement la recherche historique de l'auteur qui a permis de pondre un livre extrêmement précis et surtout passionnant sans tomber dans l'écueil de la pure imagination. Saupoudré par une écriture (ou devrais-je dire une traduction ici) à la fois fluide, agréable et entraînante, j'ai définitivement aimé ma lecture de L'écrivain public. 





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