dimanche 20 janvier 2019

Le Coin des libraires - #122 La mer de la tranquillité de Sylvain Trudel

Décidément, je crois que les auteurs canadiens ne sont pas ma tasse de thé ! Après avoir lu N'oublie pas, s'il te plaît, que je t'aime de Gaétan Soucy, je me suis plongée dans La mer de la tranquillité de Sylvain Trudel paru en 2013 - un des auteurs qui a écrit une réponse de l'étudiante dans le livre inachevé de Soucy.


Chez Sylvain Trudel, les magazines érotiques ont des vertus théologiques, les chats immolés se mêlent aux météorites, les adolescents amoureux font fi des becs-de-lièvre, les prophètes annoncent l’ère du Cochon en reluquant les prostituées, on noie la guerre dans le scotch étendu d’eau de Lourdes, les vieillards méditent des noirceurs sous leur chapka de putois, un homme tue sa femme mais épargne son fils caché sous la jupe d’une fille, des frères tatoués chez les Hells Angels fument du haschich dans des pages de la Bible, un malade alcoolique lit l’Eloge de la calvitie et écoute le Quatuor pour la fin du temps pendant que son infirmière musulmane lui fait une piqûre dans la fesse, un raté promène ses mutations génétiques dans un quartier contaminé par les métaux lourds. Sous la lune couleur d’os, tous pourchassent la vie heureuse et espèrent la mort paisible, sans savoir que, pour son malheur, l’homme est à la fois la galère et le galérien.


Plutôt que de déclarer de but en blanc que je n'ai pas aimé ma lecture, je préfère essayer de nuancer dans la mesure du possible. 
Tout d'abord, le gros problème de cette lecture a été que je n'ai, de prime abord, pas compris qu'il s'agissait d'un recueil de nouvelles. Du coup après être complètement passée à côté de la première appelée "Epiphanies", j'ai mis plusieurs pages avant de comprendre que "Deux visages" n'était pas le titre du deuxième chapitre, mais bel et bien le titre d'une deuxième nouvelle - oui, là c'est ma faute... 
Forcément pour entrer dedans, bah c'était plus compliqué. 

S'y ajoute le fait que certaines nouvelles étaient pour moi dénuées de sens excepté pour dire que l'espoir est mort et qu'il n'y a rien à attendre de la vie. Fin franchement je pense qu'il ne faut pas le lire à n'importe quel moment, ce livre peut donner des idées sombres. L'auteur met en scène des personnages fantomatiques ou dénués d'intérêt qui n'ont d'autres buts que d'errer, d'attendre quelque chose qui ne semble jamais venir.




Pour être honnête je ne sais pas si c'est moi qui aies un problème de compréhension, mais j'ai eu du mal à comprendre ce que je lisais par moment. J'ai eu le sentiment que l'auteur tournait en rond et qu'il parlait pour ne rien dire - enfin, je parle d'auteur, mais je veux plutôt dire narrateur. 
C'est donc un démarrage assez long, des passages par moment incompréhensibles et des personnages assez repoussants. 

Dans ces neuf nouvelles on n'apprend rien, si ce n'est que le monde est gris, solitaire et sans espoir. D'ordinaire c'est un postulat qui m'aurait plu, si je n'avais pas eu tant de mal à comprendre où l'auteur voulait en venir, enfin, si je n'avais pas chercher à comprendre quelque chose là où il n'y avait peut-être rien. 

Même si j'ai eu du mal avec la plupart des nouvelles, j'ai néanmoins aimé la quatrième qui se nomme "Le quadrille à maman Maïs". J'ai trouvé cette nouvelle drôle, remplie d'errances et de générosité. Oui, celle-ci m'a plu. Après, je ne suis pas certaine que l'auteur voulait en faire une histoire drôle, après tout, il s'agit quand même d'un garçon qui veut récupérer son âme, et qui pense qu'il faut faire de bonnes actions pour cela. Sa rencontre avec la prostituée m'a amusé et je n'en demandais pas plus. 

Le reste du recueil est fidèle à la première nouvelle : sombre et triste. 

Je pensais aimer malgré le fait que le résumé de la quatrième soit particulièrement énigmatique, mais une fois les premières pages tournées, on est forcé de se rendre compte que ce résumé est à l'image du recueil lui-même : un véritable fouillis. 

Attention, je respecte le travail de l'auteur et je reconnais le travail que celui-ci a dû fournir pour son livre, c'est simplement que d'une part, je ne m'attendais pas à ça, et d'autre part, j'avais des attentes assez hautes. En soi, je n'ai pas détesté la plume de l'auteur, au contraire, j'ai trouvé certains passages extrêmement bien écrits, - et j'ai pu découvrir de nouveaux mots haha. Disons seulement que je n'ai pas accroché aux histoires.


"L’angoisse de la nuit proche me noue la gorge et j’aimerais me cramponner aux gens pour leur arracher des lambeaux d’amitié, mais c’est en toussant et en crachant que je vois les derniers fantômes disparaître au loin, mêlant leur ombre aux ombres des bonheurs insensés, bonheurs secrets et inconcevables qui sanctifient des hommes et des femmes, au hasard, comme la foi, mais qui abandonnent les damnés au bord des chemins."
Sylvain Trudel, La mer de la tranquillité.








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