dimanche 6 décembre 2020

La Lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne

 Mais je continue à croire qu’il vaut mieux pour celui qui souffre être libre de montrer sa douleur, comme cette pauvre femme, que de l’enfermer dans son coeur.

Qui n’a jamais entendu parler de ce roman, La Lettre écarlate ? Que ce soit parce qu’il est considéré parmi ces livres qui ont construit la littérature américaine, ou pour sa protagoniste, véritable héroïne dans son sens le plus strict. 


Publié en 1850, La Lettre écarlate se situe deux siècles plus tôt, en 1642 à Boston et s’étale sur sept ans. 


La belle Hester Prynne vit dans une communauté puritaine, largement dominante à cette époque — c’est cette même société qui a fondé les 13 colonies de la côte Est des États-Unis. 

Cette même société qui l’accuse d’adultère. Face au mutisme de la jeune femme qui refuse de dévoiler le nom de l’homme avec qui elle a eu une liaison, le châtiment est sans appel : Hester devra porter cette lettre, preuve de son déshonneur : A. 


Destinée à vivre comme une pestiférée, Hester refuse de laisser son trésor, sa petite fille, Perle, être éduquée par les puritains. 

Qu’à cela ne tienne, Hester, la tête haute, n’a que faire des ragots… 


Le mari, lui, a laissé sa femme venir dans le Nouveau Monde, alors forcément quand il revient et apprend la nouvelle, il se désolidarise en refusant de se faire connaître. 

Le secret est bien gardé là aussi. 

 

Les années passent, Hester conserve de sa superbe, elle qui coud magnifiquement pour les autres. Elle dont la lettre exerce une étrange fascination, entre admiration et répulsion. 

Elle qui porte à la face de tous sa déchéance avec superbe. 


Mais La Lettre écarlate ce n’est pas seulement Hester Prynne. 

C’est aussi le secret de la paternité de la petite Perle. C’est aussi l’amour dans un monde où le divorce n’est pas envisageable, où les convenances empêchent le bonheur.


La fin est tout ce qu’il y a de plus beau. Ravagé par la culpabilité, largement encouragé par le mari, le coupable suprême, celui dont le nom n’a pas été prononcé publiquement dévoile sa faute. C’est déchirant. 


La Lettre écarlate c’est la dénonciation. Celle de cette société qui se pense bien sous tout rapport mais qui est en réalité gangrénée par l’hypocrisie. 

C’est l’admiration pour cette femme, pour la beauté de sa lettre, illustration de la honte et pourtant tellement plus que cela. 

La lettre fascine quoi qu’on dise. Avec ses fils d’or Hester démontre qu’elle accepte le châtiment mais qu’elle n’est pas seulement une femme adultère, elle est aussi tellement plus. 


La lettre écarlate mérite sa place au sein des pionniers de la littérature américaine. En faisant le pari de dénoncer la société puritaine du 17e siècle, Nathaniel Hawthorne créer la figure majeure d’Hester Prynne, illustration d’une résilience hors norme.


C’est un curieux sujet d’observation et d’étude que de savoir si la haine et l’amour ne sont pas au fond la même chose. Tous deux, parvenus à l’apogée de leur développement, supposent un degré élevé d’intimité et de connaissance du coeur ; tous deux font dépendre un individu d’un autre individu pour sa nourriture affective et spirituelle ; tous deux laissent l’amant passionné, ou celui qui hait non moins passionnément, solitaire et désolé si l’objet de sa passion lui est retiré. D’un point de vue philosophique en conséquence, ils semblent être essentiellement identiques, à ceci près que l’un apparaît baigné de lumière céleste et l’autre sous un jour ombreux et sinistre.


La Lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne, traduit par Pierre Leyris aux éditions 10/18







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