mercredi 11 novembre 2020

La Danse de Martha de Tom Saller

Pour moi, le passé est devenu présent — et peut-être m'ouvre-t-il un avenir autre que celui auquel je me croyais destiné.

Au début des années 20 la jeune Martha vit dans son petit village de Pologne aux côtés de ses parents et de l’ami de la famille, Wolfgang. Entourée par une famille de musiciens la jeune fille se cherche, elle qui ne sait exactement ce qui l’habite. 




À l’étroit dans cette ville, elle fait le choix de partir pour rejoindre Weimar, là où se trouve le Bauhaus, l’école d’art créée par le fameux Walter Gropius. 

Là-bas, Martha découvrira une vie insoupçonnée et laissera libre court à ses envies. 


Parallèlement à l’histoire de cette femme qui a croisé les plus grands de son époque, à l’instar de Kandinsky, on suit l’arrière petit-fils de cette femme qui a mis la main sur le carnet de Martha, au début des années 2000. 


Cette alternance permet de brosser une image de la fille devenue femme. Ce qu’elle est devenue jusqu’à sa mystérieuse disparition en 1945, et la raison pour laquelle la grand-mère du narrateur, décédée il y a peu de temps, ne parlait jamais de son enfance. 


Tom Saller nous plonge au coeur de l’Histoire grâce au point de vue de Martha. En nous plongeant dans l’effervescence des années 20, l’auteur raconte autant l’histoire du Bauhaus que celle de Martha. 


En instaurant une alternance de temporalité et de points de vue, il créer un suspense qui ne disparaîtra véritablement qu’à la fin, même si on peut s’y attendre. 


La Danse de Martha est un premier roman réussi. En privilégiant des phrases courtes, l’auteur traduit de l’urgence de percer le mystère de cette femme, de lui rendre hommage. Parce qu’en lui rendant hommage, c’est à toute une génération que Tom Saller s’adresse. À celles et ceux qui, entre-deux-guerres, ont oeuvré pour donner à l’art un nouveau visage. Non plus celui, austère des Beaux arts, mais celui d’une conception de l’art comme un artisanat. 


Martha est une jeune fille touchante et pour laquelle on se prend rapidement d’affection, mais au-delà de cette femme et de son histoire, c’est l’époque en elle-même qu’il m’a plu de découvrir, d’autant plus que l’auteur a effectué des recherches très précises sur l’époque. 


À lire pour ceux qui aiment les récits autour de l’art, de l’histoire de l’art, ainsi que les secrets de famille. 

Le coeur ne devrait pas se laisser induire en erreur par la crainte.


La Danse de Martha de Tom Saller, traduit par Isabelle Liber aux éditions Charleston. 








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