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dimanche 2 juillet 2023

Vidocq ou l'énigme du Temple de Louis Bayard

Un ouvrage ne fait pas l'autre ! la preuve : je suis passé à côté d'Un oeil bleu pâle. En revanche j'ai beaucoup aimé Vidocq ou l'énigme du Temple

L'atmosphère change radicalement, exit le gothique et le double d'Edgar Allan Poe, exit les Etats-Unis des années 1830 et bonjour le Paris de la Restauration. 

En 1818 les Bourbons sont de retour, mais les tensions demeurent. A peine trois ans plus tôt la Terreur blanche avait lieu. Le pays est entre le souvenir sanglant de la Terreur, les conquêtes flamboyantes et la débâcle de Napoléon et le retour d'un système que l'on croyait révolu. 

C'est dans cette atmosphère trouble que vont évoluer les personnages principaux, Hector Carpentier, étudiant en médecine et Vidocq. 

Le personnage éponyme n'est autre qu'Eugène-François Vidocq. Figure historique, elle remplace en quelque sorte le Poe d'Un oeil bleu pâle

Fidèle à l'Histoire, Louis Bayard dépeint un ancien bagnard devenu chef de la "brigade de sûreté" en 1811 mais officiellement reconnu comme tel lors de sa grâce en 1818. Physionomiste d'exception Vidocq était un détective hors pair ; l'auteur ne l'a pas inventé. 

En puisant dans l'Histoire de la France du 19ème, Louis Bayard questionne un événement toujours discuté : le Dauphin, fils de Louis XVI et Marie Antoinette est-il mort au Temple comme tout le monde le croit ? N'a-t-il pas pu être sauvé, emmené, caché...? n'a-t-il pas pu être sauvé car malgré son statut et le sang royal coulant dans ses veines, n'était-il pas qu'un enfant de dix ans ? 

Vidocq ou l'énigme du Temple referme une double temporalité : 1818 avec Hector et Vidocq et une plus ancienne, probablement en 1795 puisque c'est l'année où la mort de Louis-Charles est annoncée. 

Cette double temporalité modifie la narration : la première raconte les événements des années après qu'ils soient survenus, la seconde nous plonge dans le passé actuel puisqu'il s'agit d'un journal tenu par un médecin ayant accès au Temple. 

La reconstruction historique est réussie au point que l'on se croirait effectivement dans le Paris de la Restauration. Le personnage de Vidocq renforce d'ailleurs cette impression de réalisme - d'où l'intérêt d'ajouter une figure réelle qui est à la fois reconnue par certains et méconnue pour beaucoup d'autres. 

L'enquête est d'autant plus prenante qu'il s'agit d'un véritable mystère : qu'est-il arrivé à Louis-Charles ? est-il mort en 1795 comme annoncé ou plus tard ? 

La fin du roman est magistrale. L'auteur nous balade comme il l'entend. Il nous donne à voir une solution, mais l'est-elle réellement ? 

J'ai adoré l'ambiance, le mystère et l'inconnu entourant le Temple, cette dernière prison pour la royauté, ce lieu de infesté de vermines et de mort. J'ai aimé être aux premières loges grâce au journal autant que de revenir sur les lieux sans y être invité grâce aux recherches d'Hector et Vidocq. Ficelé comme une enquête doit l'être, l'auteur nous tient en haleine jusqu'au bout des 470 pages. Bel exploit puisqu'on ne s'ennuie pas un instant !


[collaboration commerciale non rémunérée]


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