dimanche 21 mars 2021

Le Contrat de Maureen Demidoff

La jeune Nina est promise à un avenir pour le moins sombre. Lors de ses sept ans, ses parents passent un accord avec un homme qui a presque trois décennies de plus qu’elle : à ses vingt ans, elle se mariera avec lui.

Mais pourquoi treize ans ? Pourquoi cet homme ?




Nina grandit dans une maison où trône une seule photo, celle d’une coupure de journal, celle d’un homme, un moustachu, emprisonné pour détournement de fonds. Cet homme qu’elle ne connaît pas, c’est son futur mari. L’Entrepreneur ou l’Épervier, tout dépend de si on voit en lui un homme respecté ou un voleur. 


Le Contrat est une histoire de mariage forcée, une histoire qui ne ressemble pas à ce à quoi on s’attendrait. 

Nina est déshonorée et sa famille aussi. À cause de cette promesse sa vie vole en éclats même si elle ne se rend pas compte de sa chance de pouvoir vivre libre. 


Son petit village d’Albanie appartient à un autre monde, un autre ordre. Ici la tradition fait tout, les promesses sont sacrées. Nul contrat écrit, la parole suffit.


À 18 ans, deux ans avant le moment fatidique, Nina va mener l’enquête pour le retrouver, pour se marier et ainsi redorer le blason de sa famille, considérée comme pestiférée. 


Que se passe-t-il dans la tête de cette jeune femme pour qu’elle veuille se marier ? pour qu’elle se rende elle-même esclave et se retrouve avec un mari hors-la-loi assez vieux pour être son père ? 


Nina est folle, elle pourrait fuir, enfin même pas puisque ses parents ne veulent plus d’elle, elle pourrait simplement s’en aller et ne jamais revenir. Poursuivre ses études et vivre une vie qui n’aurait rien à voir avec celle du village et de ses traditions. 

Mais non car ça signifierait baisser les bras, tuer sa mère alitée (même si celle-ci est abjecte avec Nina) et tirer un trait sur ses origines. 


« Et pourquoi partir d’ailleurs ? Pourquoi se couper de son histoire et de sa famille ? Parce que vivre avec n’est plus possible ? Parce que sa terre n’offre pas plus de choix qu’une vie de misère et l’attente inutile d’un changement qui n’arrivera pas ? Parce qu’on refuse la possibilité d’une déception ? De se trouver devant une longue route dénuée d’amour, de rencontres éclairantes, de possibilités ? Parce que le passé entrave le présent ? »


Maureen Demidoff nous entraîne dans une histoire qui nous paraît loin mais dont les traditions sont en réalité encore assez répandues. Son écriture ajoute de la fluidité à son histoire et les courts chapitres permettent de poursuivre rapidement la lecture. Tenu en haleine, le lecteur a une idée assez précise de la fin du roman, mais en avoir la confirmation n’est pas décevant, au contraire. 

L’idée n’est pas originale mais le traitement est efficace, le clivage entre le petite village de montagnes et la ville est bien représentée même si ça m’a paru parfois assez surréaliste avec le commissaire — sans parler de la rencontre avec Dogan… 

En choisissant le thème du mariage forcé, l’auteure raconte une autre histoire de d’habitude : celle d’une jeune femme prête à tout pour retrouver son futur mari. La liberté n’est pas toujours là où on la croit, ce qui est confirmée par la conclusion du roman. 


Une histoire détonnante, une plume vive et efficace, Le Contrat est un bon premier roman. 


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