samedi 28 décembre 2019

Le Coin des libraires - #153 L'Absente de Noël de Karine Silla

Première publication des éditions de L’Observatoire, L’Absente de Noël de Karine Silla me faisait de l’oeil. Ayant rapidement entendu parler d’un voyage en Afrique, de dépaysement et d’histoires de famille, j’étais plutôt intriguée. 

Une fois la période de Noël arrivée, je me suis plongée dedans, croyant découvrir un autre monde comme ça a été le cas avec La Saison des fleurs de flamme ou plus récemment avec Nous qui sommes jeunes




Noël approche. Sophie, 20 ans, est partie faire de l’humanitaire à Dakar, mais la famille ne se doute de rien et commence à sérieusement s’inquiéter dès lors qu’elle n’arrive pas pour le repas. Tout est prêt, il ne manque qu’elle, mais rien ne peut aller si elle n’est pas là. 

L’absence de Sophie va être l’occasion de nous présenter sa petite famille : son père, séparé de sa mère, a reconstruit sa vie avec une autre. Et faut dire qu’il n’est pas franchement un exemple de figure parentale lorsqu’on voit que la jeune Sophie n’est pas à proprement parler la bienvenue dans sa petite famille parfaite.

Que faire des sentiments qui naissent malgré nous ? Le mensonge blesse. La vérité dévaste. Il aurait fallu, pour que tout s’arrête, s’interdire de vivre. Se rendre prisonnier du concept moral ou accepter que l’appel du bonheur soit parfois immoral. Que la liberté, qui finit quand celle de l’autre commence, est une contradiction en soi.

Mais contre toute attente, Antoine (le père) décide de partir avec toute la petite famille au Sénégal, afin de retrouver sa fille. Comble de l’ironie, il emmène avec lui sa nouvelle femme, Fanny (avec qui Virginie, la mère de Sophie ne s’entend pas — faut dire que quand tu as été victime d’adultère, ce n’est jamais très cool de se retrouver avec la personne concernée…) et le petit chien de Fanny, aussi adorable qu’insupportable.

Le voyage au Sénégal est le prétexte pour faire cohabiter ces êtres liés par la vie, mais qui n’ont plus grand chose en commun. C’est aussi l’occasion de dénoncer pleins de préjugés, de clichés sur l’Afrique, surtout quand on a l’habitude de se promener en costume et que la seule image positive qu’on a de l’Afrique, c’est Banania — oui je vise carrément le personnage d’Antoine. 

Si j’avais un bon pressentiment au début de la lecture, j’ai un peu déchantée au bout de deux-trois chapitres. Finalement l’histoire familiale ne me semblait pas très originale et quand j’ai vu la présence d’un énième triangle amoureux j’ai bien cru que le bouquin allait me glisser des mains ! 

Et puis c’est l’arrivée au Sénégal, et là j’étais dedans là je me suis souvenue pourquoi je voulais tant lire ce livre. 
La description des lieux, des coutumes, la rencontre avec la population, c’est ça pour moi l’élément fondamental de ce livre. Dépaysement il y a eu, mais pas grâce à Virginie, ni même Antoine. 

À la rigueur, si je devais parler des personnages, ceux qui m’ont le plus touché sont le grand-père, qui a un cran d’avance sur tous les autres et qui a pu réaliser un de ses rêves en allant en Afrique. Et l’autre c’est Fanny. Si de prime abord je la trouvais méprisable, au fil du récit se dévoile une femme fragile, découragée et anxieuse. 
J’ai aimé la formation des duos de personnages pour apprendre à mieux les connaître aussi. 

Mais je n’ai pas aimé Sophie. Cette éternelle absente ne m’a pas touché une seule fois. À aucun moment j’ai eu de l’empathie pour elle parce qu’au final elle m’apparaît comme une enfant capricieuse. Je comprends certaines de ses raisons, mais sa réaction est si excessive que je ne peux m’identifier ou compatir pour ce genre de personnage. 

Pourtant, on abandonne seul nos rêves d’absolu. Les autres n’y sont pour rien, parfois nos rêves ne sont que l’imagination mégalomane de croire en nos fantasmes forgée par nos manques et, très souvent, ce que l’on cherche n’existe pas. L’angoisse n’est que le résultat de cette quête improbable empirée par notre condition d’homme abandonné au milieu du paradis perdu.

Finalement je me souviens de ce roman pour la beauté de ses paysages. Karine Silla, originaire de Dakar a retranscrit avec son coeur, elle véhicule un regard honnête, elle n’essaie pas de cacher la réalité et ainsi de faire du Sénégal une utopie. Elle pose un regard bienveillant dessus et, à travers des aventures cocasses et amusantes, le lecteur se trouve déplacé dans un autre espace-temps. 


L’Absente de Noël n’est pas un coup de coeur. C’est une lecture au début assez lente et au fur et à mesure, comme un animal sauvage, l’ouvrage se laisse apprivoiser afin de donner à voir un monde ensoleillé et charmant, un monde où le paysage possède une place plus important que les personnages.







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