dimanche 17 février 2019

Le Coin des libraires - #126 Le Saboteur de Paul Kix

Comme toujours j'aimerais remercier le Cherche midi pour l'envoi de Le Saboteur de Paul Kix ! Je l'ai reçu en épreuve non-corrigée il y a quelques semaines maintenant - en tout cas avant sa sortie officielle en librairie qui a eue lieu le 3 janvier dernier

J'ai décidé de refuser la plupart des services presses qui me sont proposés pour l'année à venir, mais je n'ai pas pu résister à celui-ci, en grande partie parce qu'il se déroule durant la Seconde Guerre mondiale - époque qui correspond au domaine de recherche pour mon mémoire ! 


Juin 1940. Robert de La Rochefoucauld a 16 ans lorsque l’Allemagne nazie envahit la France. Farouchement décidé à défendre son pays, il gagne Londres, y rencontre le général de Gaulle avant d’être recruté par la branche action des services secrets anglais. Après un entraînement commando, il est parachuté en France. Multipliant les fausses identités, il y accomplit de nombreuses missions, il est capturé à plusieurs reprises par les Allemands, s’évade à chaque fois, dans des conditions souvent rocambolesques. À partir de centaines d’heures d’entretiens, de recherches inédites dans les dossiers officiels, Paul Kix a reconstitué la vie romanesque et palpitante de ce héros peu ordinaire. Avec un sens de l’intrigue et de la construction digne des plus grands romanciers, il nous offre ici un document exceptionnel qui se lit comme un véritable thriller.  


Forcément j'ai été intriguée par la mention "L'histoire d'un héros français : quand la réalité dépasse la fiction" puisque je souhaite travailler sur la tension entre fiction et réalité concernant les écrits de la Seconde Guerre. 

On suit donc Robert de La Rochefoucauld. Ce nom vous dit quelque chose ? C'est bien normal puisque notre protagoniste n'est autre qu'un descendant du célèbre poète François de La Rochefoucauld qui a vécu au XVIIe et à qui l'on doit l'écriture des Maximes. On ne tombe pas n'importe où donc, et peut-être est-ce aussi une des raisons qui ont mené le jeune Robert à s'engager auprès de De Gaulle pour libérer son pays des Allemands. 

L'auteur américain, Paul Kix explique dans son avant-propos le souci d'exactitude qui ne l'a jamais quitté durant les quatre années où il a travaillé sur ce sujet. Selon ses propres mots, Le Saboteur n'est pas une fiction, c'est bel et bien la réalité. 
Là aussi se pose la question de la véracité des informations, de la difficulté de trouver des éléments probants concernant un homme qui a possédé diverses identités pour éviter de se faire attraper. D'un homme qui a été capturé, incarcéré, torturé. J'ai toujours cette méfiance à l'égard des auteurs qui mettent en avant leurs recherches, le fait qu'ils n'inventent rien et ne font que conter des événements réels. 




Ici, pas de méfiance. Je crois que l'auteur est parvenu à me convaincre dès son avant-propos et ce sentiment de vérité m'est ensuite apparu durant toute la lecture du livre. 
Le Saboteur n'est peut-être pas un document d'histoire (pour cela, il manque sans doute les références bibliographiques et autres notes glanés par l'auteur durant ses recherches), mais ça reste un livre qui parvient à raconter une histoire (trop) méconnue. Ce qui fait la force de l'ouvrage, c'est évidemment l'histoire de ce résistant qui n'a jamais faibli. On est subjugué par cet homme qui a tout essayé, qui n'a jamais accepté la défaite et l'Occupation.

Le personnage de Robert est le livre à lui seul. Il est le héros, il est l'histoire, il est la justification d'une telle entreprise. J'ai aimé le suivre, pas spécialement en tant qu'homme, mais en tant que résistant. J'ai admiré son courage, il n'y a pas d'autres mots. 

Ce livre est très intéressant, il permet de découvrir l'identité d'un homme à qui l'on doit peut-être un peu notre vie actuelle (dans le sens où sans ces hommes, peut-être serions-nous toujours sous le joug de l'Allemagne nazie, qui sait). C'est pour moi l'essentiel. 
Concernant la plume de l'auteur, je trouve qu'elle fait très "historien" dans le sens où il s'en tient aux faits, aux éléments qu'il a trouvé et qu'il relate simplement. Paul Kix se place selon moi entre l'historien et l'écrivain, il raconte quelque chose qui s'est véritablement produit à l'aide de faits, et il remet en ordre les événements afin d'en sortir une histoire intelligible et à peu près complète.
Ce que j'essaie de dire c'est que la plume n'est pas franchement poétique - et je pense d'ailleurs que le but n'était pas d'en faire quelque chose de poétique, mais bel et bien de narrer une histoire réelle méconnue et ce, de la manière la plus concise et juste qui soit. 


Le Saboteur a été une bonne découverte. Je n'ai pas particulièrement accroché au personnage de Robert, mais j'admire son héroïsme et je lui dis merci pour tout... Je suis heureuse d'avoir pu faire sa connaissance, car il mérite amplement d'être plus reconnu pour ses actions durant la Seconde Guerre mondiale. 
Si vous êtes passionné par l'époque, si vous avez envie de découvrir une histoire ignorée ou simplement si vous aimez les histoires d'espionnage, ce livre est fait pour vous ! 


« L’expérience de la torture n’est pas seulement, peut-être même pas principalement, celle de la souffrance, de la solitude abominable de la souffrance, écrirait Semprun. C’est aussi, surtout sans doute, celle de la fraternité. Le silence auquel on s’accroche, contre lequel on s’arc-boute en serrant les dents, en essayant de s’évader par l’imagination ou la mémoire de son propre corps, son misérable corps, ce silence est riche de toutes les voix, toutes les vies qu’il protège, auxquelles il permet de continuer à exister. […] »
Paul Kix, Le Saboteur







2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Je suis historien, spécialiste des services secrets pendant la Seconde Guerre mondiale.
    Je vous invite à lire le texte (en français ou en anglais) que j'ai écrit ici : https://www.facebook.com/sebastien.albertelli
    Le livre de Kix est peut-être un bon roman, mais son "héros" est n'a jamais été un agent du SOE. C'est de ce point de vue un pur imposteur.
    Cordialement
    Sébastien Albertelli

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    Réponses
    1. Bonsoir,

      Merci pour ce commentaire, je vais de ce pas regarder votre texte !

      Angélique

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