dimanche 28 janvier 2018

Le Coin des libraires - #82 Confession de Richard Montanari

Confession est mon premier Richard Montanari, je ne connaissais même pas l'auteur avant, c'est pour dire ! Depuis, j'ai appris qu'il écrit depuis mal de temps maintenant, et j'avoue, je me plongerai bien dans d'autres de ses romans, en particulier ceux qui mettent en scène le protagoniste de Confession : Kevin Byrne. 

J'ai reçu ce livre dans le cadre de la team thriller du Cherche-midi et je dois dire que j'étais pressée de me plonger dedans, le résumé fait envie, il y a quand même une excellente accroche de James Ellroy qui est l'auteur du Dahlia Noir, entre autre, et puis, il a surtout été élu meilleur thriller de l'année par le New York Times !



Lorsqu’on est flic trop longtemps dans la même ville, toutes les rues mènent à des souvenirs que l’on préférerait oublier.

Chaque nouveau meurtre vous en rappelle un autre.

L’obsession n’est jamais loin.

Pour Kevin Byrne, inspecteur des homicides à Philadelphie, le traumatisme originel a eu lieu en 1976. Encore adolescent dans le quartier défavorisé de Devil’s Pocket, il a été impliqué de près dans un meurtre jamais résolu.
La fin de l’innocence pour Byrne.
Quarante ans plus tard, une affaire de meurtres en série le ramène à Devil’s Pocket, à ses amis d’alors, à ce passé qu’il a essayé, en vain, d’oublier.
Bientôt, le voile va se lever sur des secrets, des mensonges et une vérité qu’il aurait peut-être mieux valu ne jamais connaître.
À la façon de Dennis Lehane, Richard Montanari dépasse une nouvelle fois toutes les limites du genre pour sonder en profondeur les zones d’ombre de l’âme humaine.


Depuis le début de cette fabuleuse aventure qu'est la team thriller, je n'ai lu que des livres qui m'ont fait sortir de ma zone de confort - excepté peut-être pour Sous ses yeux de Ross Armstrong - avec des intrigues liées à l'histoire souvent - c'est le cas pour Le Mystère Jérôme Bosch de Peter Dempf ou plus récemment avec Maharajah de M.J. Carter
Avec Confession, je retrouve l'ambiance que j'adore dans les polars, un personnage fort et une intrigue rudement bien ficelée - avec des morts et tout ça, tout ce que j'aime en fait haha !

On rencontre (ou retrouve, si jamais on est familier avec l'oeuvre de Montanari) Kevin Byrne qui est donc inspecteur à Philadelphie. Celui-ci a été mis en scène à de nombreuses reprises par l'auteur, je ne sais plus combien de volets il y a eu avant celui-ci, mais quand même pas mal. J'ai souvent un peu de mal avec les personnages récurrents qu'on peut quand même suivre en ne lisant qu'un tome. Généralement, j'ai le sentiment de rater quelque chose. Enfin quand on pense par exemple à Lehane, il y a très souvent des renvois aux enquêtes antérieures, en tout cas pour sa saga Kenzie/Gennaro. 

Là, je dois dire que ça ne m'a absolument pas gêné de ne pas avoir lu les précédents. Je pense que j'aimerais les lire dans l'ordre même s'il y en a beaucoup, mais à part ça, je n'ai pas eu le sentiment de passer à côté de quoi que ce soit. Il faut dire qu'on se concentre vraiment énormément sur l'intrigue, enfin les deux intrigues parallèles et pas tant que ça sur le protagoniste. 
Dans les polars que j'ai l'habitude de lire - qui sont plus souvent nordiques, c'est vrai - on s'attarde plus sur le personnage en tant qu'"être humain" et non pas seulement le personnage par rapport à son travail. Ici on n'a pas de passages sur les soirées de Byrne, sur sa fatigue et le fait que son frigo est vide (je caricature un peu, mais vous avez compris. 

Confession, c'est vraiment plus de 400 pages sur l'enquête et rien d'autre et, qu'est-ce que c'était bon ! On trouve seulement quelques remises dans le contexte, le fait que Byrne a une fille, le fait qu'il était auparavant le coéquipier de Jessica, parmi d'autres détails. Ce sont des éléments qu'on nous donnent, mais qui ne sont pas primordiales et qui ancrent plus les personnages dans une réalité, mais une réalité qui nous est lointaine (pour ce qui est de sa famille en tout cas).
Et il y a l'enquête qui est juste tellement bien ficelée, on a beau savoir qui est le coupable assez rapidement, il y a toujours cette intrigue secondaire qui n'aurait aucun sens si ce n'était pas familial. Je suis entrée dedans très rapidement, au bout de quelques pages ça y était. 



Confession, Richard Montanari, éditions Cherche-midi.


J'ai bien aimé le personnage de Kevin Byrne en grande partie parce que tout ne tourne pas autour de lui, on se moque de savoir s'il aime le café ou non, on ne reste pas bloqué des heures sur ses état d'âme, sa fatigue d'être flic, etc. Attention, je ne dis pas que je n'aime pas ça, quand la psychologie du personnage est mise en avant, au contraire j'aime beaucoup. C'est simplement que ça change de ne pas l'avoir ici, ça permet qu'on se concentre uniquement sur le sujet du livre : la traque d'un tueur en série - et aussi parce que du coup, c'est agréable de pouvoir le lire et de l'apprécier entièrement quand on est un nouveau lecteur de Montanari. 

L'histoire est quand même relativement complexe, on fait des bonds dans le temps, on suit les deux côtés, deux points de vue et fatalement, on finit par s'attacher à ce méchant - enfin pour ma part je n'ai pu m'empêcher de ressentir de la compassion pour ce qui lui est arrivé par le passé. 
J'ai en tout cas trouvé passionnant cet handicap qui frappe Billy (dit comme ça, c'est horrible...), je n'en avais jamais entendu parler, et même si je trouve ça absolument horrifiant, c'est une bonne idée qu'a eu l'auteur, rien à dire là-dessus. 

Et puis, gros point fort pour l'aspect familial, l'importance du passé qui vient hanter le présent. Au fond, je crois que j'ai simplement eu de la pitié pour cette famille qui semble être maudite depuis son arrivée. Même le passage où on nous parle des grands-parents m'a intéressé parce que justement il permet de remettre en perspective les enjeux.


C'est donc un vrai thriller comme je les aime, une histoire de tueur en série, un mobile, du sang et des morts, le tout est bel et bien réuni. J'ai aussi passé un bon moment parce que Kevin Byrne est attachant, sans être trop mis en avant on s'habitue à lui, à sa relation avec Jessica. D'ailleurs, j'aime aussi beaucoup le personnage de Jessica, c'est un peu pareil que pour le protagoniste, on nous parle un peu de sa vie, de son passé, mais c'est tout sauf mis au premier au plan, du coup c'est agréable.
J'ai toujours un peu de mal à juger la plume des auteurs de polars, je trouve que c'est différent que pour de la "littérature générale" dans la mesure où pour moi, ce qui compte le plus c'est bel et bien l'histoire, le frisson et non pas forcément le style. 

Je considère que c'est gagné à partir du moment où je suis rapidement entrée dedans et que je n'ai pas décroché durant ma lecture. Ça n'a pas été le cas ici alors on peut le dire, Confession a été pour moi un très bon moment, j'ai aimé le dévorer, son intrigue m'a énormément plu et puis, ça m'a rappelé à quel point j'aime lire ce genre de livres - c'est sans doute pour ça que j'ai commencé Gone Baby Gone pas longtemps après !
En tout cas, le moins qu'on puisse dire, c'est que le Cherche-midi commence fort 2018 avec ce thriller ! 

Du coup si j'ai l'occasion, je lirai sans doute d'autres romans de Montanari et comme je le disais, j'aimerais bien que ce soit des enquêtes antérieures à celle-ci et avec Kevin Byrne.



"Il se souvenait de ce moment comme il se souvenait de tout ce qui avait constitué sa première vie, comme s’il regardait à travers un mur constitué de blocs de verre, un théâtre d’ombres diffus, des silhouettes figées dans une glace blanche."

Richard Montanari, Confession





mercredi 24 janvier 2018

Le Coin des libraires - #81 La mer infinie (#2 La 5è Vague) de Rick Yancey

Un an après avoir lu et moyennement apprécié le premier tome de la trilogie La 5ème Vague de Rick Yancey - dont vous pouvez retrouver mon avis ici - je reviens pour vous parler du deuxième volet, La mer infinie qui m'a déjà plus intrigué et plu tout simplement. 

Je me souviens avoir écrit une critique plutôt assassine sur le premier volet, y trouvant bien plus de défauts que de qualités même si j'avais trouvé l'idée novatrice. Le premier volet m'a déçu en grande partie parce qu'on faisait grand bruit de cette saga et qu'à ma lecture, j'avais trouvé l'histoire bien trop longue et insupportable - à cause du personnage de Cassie énervant au plus haut point. 

J'ai commencé ma lecture un peu à reculons, je n'avais pas envie de perdre mon temps, de lire une histoire insipide avec un personnage ennuyeux et niais, mais j'avais aussi envie de voir ce que la suite pouvait donner, surtout que j'avais déjà la trilogie complète en ma possession alors autant voir où l'auteur voulait en venir. 
À l'heure où j'écris cet article je n'ai pas encore lu La dernière étoile, le troisième volet, et pour tout dire, j'attends d'écrire cet article et de terminer ma lecture en cours pour pouvoir le commencer. 


Comment débarrasser la Terre de ses sept milliards d'habitants ? Retirez aux hommes leur humanité...
Cassie Sullivan et ses compagnons ont survécu aux quatre premières vagues destructrices lancées par les Autres. Maintenant que l'espèce humaine a été presque entièrement exterminée et que la 5e Vague déferle sur la planète, le groupe se trouve face à un choix : se préparer à affronter l'hiver en espérant le retour rapide d'Evan Walker, ou se mettre en quête d'éventuels survivants avant que l'ennemi ne referme sur eux son impitoyable piège.Personne ne peut prédire à quels abîmes de cruauté les Autres sont prêts à s'abaisser, ni à quelles hauteurs l'humanité saura se hisser. La bataille finale ne fait que commencer...Ils connaissent notre manière de penser.Ils savent comment nous exterminer.Ils nous ont enlevé toute raison de vivre.Ils viennent maintenant nous arracher ce pour quoi nous sommes prêts à mourir.


Bon il est vrai que j'avais peur de frôler la catastrophe après La 5è Vague, je ne voulais pas avoir à supporter Cassie, à lire des pages et des pages qui ne servent pas franchement à grand chose, mais non. En réalité, la plupart des points négatifs du premier volet ne sont pas présents dans celui-ci. Cassie est très peu présente, ce qui a grandement amélioré mon plaisir de lecture ça c'est clair, et puis, c'est aussi parce que mine de rien, ce tome est moins épais que le premier. Je trouvais que l'auteur avait écrit une centaine de pages en trop et là, ces pages ne sont pas présentes alors forcément, c'est bien mieux passé. 

Ce tome s'ouvre un peu après la fin du premier, l'équipe que l'on a vu se constituer est parvenue à s'enfuir sans Evan qui est porté disparu. 
J'avais un peu peur de perdre le fil étant donné que j'ai lu La 5è Vague il y a un an, mais en réalité, ça a été. Par contre, j'ai encore eu le même souci avec les chapitres. Vraiment, il aurait été bon de dire qui on allait suivre à chaque début de chapitre. J'adore ce principe de suivre différents points de vue, mais j'aime bien savoir qui je vais suivre avant de lire trois/quatre pages pour m'en rendre compte. 
Par exemple, on suit énormément Ringer dans ce tome ce qui est franchement cool - je préfère 1000 fois son personnage à celui de Cassie, personnellement - mais c'est un personnage que l'on n'a pas suivi par le passé, alors il serait bon de préciser qu'on suit son point de vue, au moins la première fois. 



La mer infinie de Rick Yancey.


Comme je le disais j'ai largement préféré ce tome, il est moins long donc il y a moins d'infos inutiles et on ne suit pas Cassie durant les trois quarts ce qui est une excellente idée pour le coup. J'ai trouvé d'ailleurs qu'on la suivait suffisamment comme ça et j'espère franchement que ce sera pareil pour le dernier volet.

Par contre, il faut quand même reconnaître qu'il n'a aucune réelle existence, il fait le pont entre le premier volet et le dernier, son seul rôle est celui de transition et c'est dommage parce qu'il aurait pu être un excellent tome. On sent bien que tout ce qui se passe ne trouvera de résolution que dans le dernier opus, si bien que finalement, ce tome n'a rien de bien original, on avance par vraiment dans l'intrigue, la seule nouvelle chose, c'est Grace. Bon après il faut bien le dire c'est hyper intriguant et tout, mais c'est le seul élément nouveau, le reste semble être un peu du réchauffé - même pour Ringer. 

Déjà dans le premier tome je trouvais que le personnage de Ringer avait un certain potentiel,  et là, en la suivant pendant un certain temps, je dois dire que j'ai beaucoup aimé, son passé, son tempérament, ouais, définitivement je trouve que c'est un bon personnage. Elle est surtout attachante, même si c'est vrai qu'à certains moments elle est insupportable, mais ce n'est pas à la même échelle que Cassie qui est juste insupportable. 

Il reste encore tout un tas de questions, et forcément d'autres se sont ajoutées à celles que l'on se posait déjà : en quoi Grace est si spéciale ? Ringer va-t-elle parvenir à retrouver Ben et compagnie ? 
L'auteur n'a plus qu'un tome pour me convaincre, pour l'instant, je reste mitigée, la balle est au centre alors il ne me reste plus qu'à voir ce que donnera la fin et si elle parviendra ou non à me convaincre. 

Quoi qu'il en soit je vais bientôt lire La dernière étoile, histoire de terminer cette trilogie déjà mais aussi pour enfin avoir le fin mot de l'histoire.
N'hésitez pas à me laisser votre avis sur ce que vous avez pensé de ce tome, si vous l'avez préféré au premier ou au contraire si vous l'avez moins aimé. 




vendredi 19 janvier 2018

Littérature - bilan 2017

Mi janvier 2018, déjà. Je n'ai pas eu le temps d'écrire mon bilan de l'année passée avant, mais je souhaitais absolument revenir dessus, donc, mieux vaut tard que jamais ! 

90. Voici le nombre de 2017, le nombre de livres lus - merci Goodreads qui est très utile pour se créer des challenges sur l'année et ainsi pouvoir avoir un petit recap' des lectures. Mon challenge personnel était de lire 74 livres (j'en ai lu 73 en 2016) alors d'en avoir lu quinze de plus, j'étais bien contente ! Surtout, j'ai toujours privilégié la "lecture de qualité" comme je l'appelle, c'est-à-dire lire à mon rythme, lire ce que j'ai envie de lire - bon sauf pour mes livres de cours mais ça, c'est autre chose - et puis ne pas me prendre la tête. Je ne suis pas le genre à angoisser parce qu'on me dit que j'ai par exemple trois livres en dessous du bon rythme ou autre, non, je préfère me laisser porter. 


Cette année 2017 aura été très riche, j'ai découvert de nouveaux auteurs, notamment des contemporains ; j'ai approfondi le sujet qui m'intéresse plus que tous les autres en littérature : la Seconde Guerre mondiale ; j'ai continué à découvrir des polars, comme avec Jo Nesbø qui m'a particulièrement conquis avec les cinq premiers volets qui mettent en scène les aventures de Harry Hole. En bref, mon résumé de l'année est diversifié et c'est ce que j'adore - je parle littérature en général puisque je ne lis pas de manga ni de BD. 


Cet article est pour moi l'occasion de vous présenter mes cinq meilleures lectures de 2017, celles qui m'ont le plus marqué, celles qui je relirai possiblement (même si je ne suis pas trop relecture), celles qui laisseront une trace indélébile dans mon histoire de lectrice, mais aussi dans mon histoire personnelle. 
Je précise maintenant qu'il n'y a pas d'ordre, il n'y a pas de n°5 et de n°1, les livres dont je vais vous parler sont très différents les uns des autres et je considère qu'on ne peut pas comparer deux oeuvres à partir du moment où elles n'appartiennent pas au même genre. Je vais simplement vous donner cinq livres en espérant qu'ils vont feront envie et surtout, qu'ils vous retourneront le coeur comme ça a été le cas pour moi. 

Bien évidemment si vous connaissez ce blog, vous connaitrez déjà mon avis sur la plupart de ces livres puisque je les ai déjà chroniqué plus tôt, mais j'aime assez l'idée de les réunir dans un même article. 


  • Clarissa (1981 - posthume), Stefan Zweig 


Forcément il fallait s'y attendre, Stefan Zweig figure dans ce top. Je n'ai pas lu énormément de livres de l'auteur cette année - cinq il me semble - il faut dire que j'essaie de les étaler. C'est un peu comme avec Simone de Beauvoir, j'ai cette angoisse de tout découvrir trop vite et de me retrouver sans aucun autre texte à me mettre sous la dent. 
J'ai lu Clarissa au mois de mai dernier, juste avant de lire le recueil La Peur - que je recommande aussi d'ailleurs - et encore maintenant, je suis hantée par l'histoire et plus encore par son caractère inachevé. 
Si vous avez vu mon article dessus, je parlais surtout de cette oeuvre par rapport au regard de l'auteur sur le début du XXe, sur la Première Guerre mondiale, sur la place de la femme un peu aussi. Je suis surtout restée pantoise face à ce roman en fait, et ce, parce qu'il n'est pas terminé et que, comme c'est souvent le cas, jamais on ne pourra savoir où l'auteur voulait en venir avec ses personnages - c'est aussi parce que le moment où il s'arrête et particulièrement injuste...
Je ne suis pas très adepte des fins ouvertes parce que j'ai tendance à avoir l'impression que j'abandonne le personnage, ou que lui m'abandonne, et là, le sentiment s'est retrouvé en puissance mille si bien que j'ai relu la dernière page une bonne dizaine de fois. 

Même si c'est une oeuvre inachevée, je trouve dommage qu'elle soit un peu mise de côté dans l'oeuvre de Zweig. On parle forcément du Joueur d'échecs, de ses nouvelles telles que Vingt-quatre heures de la vie d'une femme ou même de son roman-testament Le Monde d'hier. On ne parle pas suffisamment de Clarissa et pourtant, pour moi, on y retrouve un grand nombre de thématiques chers à l'écrivain et en particulier l'humanisme qui ressort de certains personnages. 


NB : je voulais ne présenter qu'une oeuvre de l'auteur, mais j'ai longuement hésité avec Derniers messages, un petit recueil qui m'a énormément touché parce qu'on retrouve aussi l'omniprésence de ce qui, pour moi, fait de Zweig un grand écrivain : son humanisme, sa volonté d'unification. Du coup, même si j'ai préféré vous reparler de Clarissa, je vous conseille tout autant Derniers messages





  • Sonderkommando (publié en 2009), Shlomo Venezia 


C'est tout aussi évident que pour Zweig, il fallait que je reparle d'une de mes lectures sur la Seconde Guerre mondiale et celle-ci me paraît être pertinente puisqu'elle ne figure pas parmi les plus connues, malgré le fait qu'on en apprend énormément sur ce "groupe" si obscure et controversé qu'est le sonderkommando. J'ai trouvé ce témoignage-entretien lors de ma visite au Mémorial de la Shoah à Paris lorsque j'ai été voir l'exposition Shoah et bande dessinée - qui était géniale d'ailleurs ! - et je n'ai pas résisté. 
Alors bien sûr, ce n'est clairement pas une oeuvre à mettre entre les mains de tout le monde, c'est extrêmement cru mais comment décrire l'horreur si ce n'est avec l'horreur ? Décrire l'indicible est quelque chose de très complexe et beaucoup d'auteurs ont eu énormément de mal ou ne sont même pas parvenus à écrire rien qu'une parcelle de l'horreur qu'ils ont vécu dans les camps - l'exemple de Charlotte Delbo qui a composé sa trilogie Auschwitz et après à l'aide de fragments de récits, de poèmes et autres formes en est un bon exemple. 
Seulement, si vous souhaitez en savoir plus sur les camps, si vous souhaitez vous enliser plus loin encore dans l'abomination, vous devez lire ce livre. 

Pour ma part, c'est un devoir de mémoire, une nécessité pour comprendre le passé et pour vivre l'avenir. Beaucoup sont rebutés à l'idée de lire ce genre de témoignage et je peux le comprendre, c'est tout sauf une lecture légère, ce n'est pas le genre de livre qui te donne franchement envie de vivre d'amour et d'eau fraîche, mais c'est notre histoire et il me paraît important de ne pas l'occulter - ce n'est bien sûr que mon avis personnel. 


NB : j'ai aussi hésité entre Sonderkommando ou Si c'est un homme de Primo Levi, mais ce dernier est bien plus connu, c'est généralement celui sur lequel on se penche quand on veut lire sur cette période, alors il m'a semblait plus judicieux de parler de Sonderkommando qui est moins connu, et qui est un peu un "pour aller plus loin". Je trouve qu'il est surtout destiné à ceux qui veulent en savoir plus, ceux qui ont déjà lu d'autres oeuvres sur les camps auparavant. 
Et puis, il est préfacé par Simone Weil - dont il faut que je lise les mémoires de guerre d'ailleurs - alors rien que pour cette raison, il mérite de figurer dans cet article. 





  • Duologie Six of Crows, Leigh Bardugo 


Je me surprend moi-même à vous présenter un livre young adulte, enfin plutôt deux livres puisqu'il s'agit d'une duologie. À vrai dire, j'aime assez lire de la "littérature jeunesse", je passe toujours globalement un bon moment, mais j'ai tendance à rapidement oublier ces lectures. Disons qu'elles me marquent généralement moins que les autres. Avec Six of Crows, c'est différent. 
Le premier volet m'a fait de l'oeil dès sa sortie avec sa couverture absolument magnifique et tous les avis positif sur internet (avis que je regarde très rarement quand il s'agit de livres que je n'ai pas lus), mais comme je déteste attendre les suites, j'ai voulu attendre le deuxième volet.
À la base j'étais contente qu'il n'y ait que deux tomes, mais une fois lancée dans la lecture, j'ai rapidement déchanté !

Pour dire les choses rapidement, j'ai littéralement adoré l'univers proposé par l'auteure, l'ambiance, les personnages, tout y était si bien que je n'ai pas résisté, j'ai dévoré les deux tomes. 
Disons que j'ai aimé le premier, mais le deuxième m'a tellement entraîné, j'étais tellement dans l'histoire que je n'ai pas vu les pages passer et, ah, rien qu'en y repensant je me le dis, c'était trop rapide, j'aurais voulu en avoir encore ! Je suis restée avec un grand sentiment de vide les jours qui ont suivi, j'ai eu du mal à me décoller des personnages, à me plonger dans un autre livre, j'étais comme bloquée. 
Maintenant, je suis à la fois déçue d'avoir tout lu, tout découvert et heureuse d'avoir eu la chance de me plonger dedans. Avec Six of Crows, j'ai de nouveau eu cette confirmation que la littérature jeunesse ne s'adresse pas qu'aux jeunes et que malgré la réduction que cette littérature subit, elle n'en reste pas moins une littérature de qualité. 


Rien que d'écrire de nouveau sur ces livres, j'ai envie de me plonger dans Grisha qui est la première trilogie de l'auteure. Je l'ai reçu à mon anniversaire, ça fait donc deux mois que je résiste à l'envie de m'y plonger, mais je sens que c'est pour bientôt, sûrement dans les prochains jours, je ne tiens plus ! 





  • Petites reines (2017), Jimmy Lévy 


Si vous avez vu mon article dessus, vous savez que je suis obligée de vous parler de ce roman, je n'ai pas d'autre choix, il figure bien évidemment dans ce top de 2017. 
L'année 2017 m'a permis d'avoir mon premier partenariat avec une maison d'édition, celle du Cherche-midi et je ne remercierai jamais assez Benoit pour cette chance. J'ai eu le plaisir d'être choisie avec d'autres blogueurs pour faire partie de leur team thriller, mais surtout, j'ai reçu ce petit bijou qu'est Petites reines

L'histoire est assez complexe dans le fond et elle est surtout divinement bien écrite. Comme vous le savez sans doute je ne suis pas hyper branchée auteur contemporain, j'en aime bien quelques-uns mais c'est rarement l'amour fou, le gros coup de coeur, et pourtant, Petites reines a tout cassé par sa crudité tout autant que par sa justesse. Il y a tellement de thèmes abordés dans ce livre qu'il ne servirait à rien de tout lister, et puis, parfois, il ne suffit pas de conseiller, il faut laisser à l'autre l'espace afin que se créer l'envie. 

Néanmoins, je le conseille bien évidemment, mais j'ai surtout envie que de vous-mêmes, vous tentiez d'apprivoiser ces petites reines et peut-être qu'alors vous ressentirez l'émotion que j'aie ressenti lors de ma lecture. C'était les montagnes russes, la découverte du monde, l'attachement pour des êtres tout à fait différent, c'était magnifique et pour cela je remercie le Cherche-midi de publier des textes avec cette qualité que ce soit dans son propos comme dans son style. 
-- Je précise quand même que la maison d'édition ne m'a absolument pas demandé d'écrire ça, c'est uniquement parce que j'ai adoré ce livre que je vous en parle. -- 





  • Je couche toute nue (2017), Camille/Auguste 


Mon avis sur ce livre est assez récent alors je dois avouer que je ne sais pas trop quoi ajouter, mais il mérite de figurer ici, rien que pour le travail effectué. J'imagine qu'il en a fallu du temps pour rassembler toutes ces lettres d'artiste, toutes ces coupures de presse. Je couche toute nue, c'est l'histoire à l'état brut, sans artifice ni déguisement, c'est les faits sans interprète, c'est une merveilleuse plongée dans le Paris artistique du début du XXe et plus particulièrement du Paris des sculpteurs. 

Il faut bien évidemment aimer l'art, mais j'ai quand même le sentiment qu'on peut aimer ce livre sans s'y connaître des masses, sans être fana des deux artistes. Je trouve que Je couche toute nue permet aussi d'avoir une vision globale de la façon dont on voyait l'art il y a un siècle et ce, par le biais des journaux intimes ou, comme je le disais, des coupures de presse et autres comptes rendus de salon. 
Je le conseille parce qu'on en apprend énormément sur Rodin et Claudel, enfin même plus sur Camille puisqu'Auguste est mort trente ans avant elle.
N'hésitez pas à aller voir mon article dessus, il est bien plus détaillé et je crois que malgré la difficulté, j'ai retranscrit la plupart des sentiments ressentis lors de ma lecture. 





Sélection de certaines de mes meilleures lectures de 2017.


Il est évident qu'il y a d'autres livres qui m'ont marqué durant l'année passée, je pense à Charlotte de David Foenkinos ou dans le même registre Être ici est une splendeur de Marie Darrieussecq lu à la toute fin du mois de décembre et dont j'espère vous donner mon avis très bientôt. Il y a aussi Le Jardin de Winter de Valérie Fritsch ou même La mort du roi Tsongor de Laurent Gaudé, mais je ne peux malheureusement pas vous reparler de tous ces livres, alors le mieux à faire est sans doute d'aller voir mes articles dessus et d'espérer que 2018 me réservera d'aussi belles lectures !
Après, il faut le dire, c'est déjà partie pour ! 

J'espère que votre année 2017 aura été aussi riche que la mienne, que vous n'avez pas eu trop de déceptions ou du moins, pas autant que de coups de coeur, mais surtout, je vous souhaite une excellente année 2018. 









samedi 6 janvier 2018

Le Coin des libraires - #80 Rue Sans-Souci (#4 Harry Hole) de Jo Nesbø

C'est dans la continuité de Rouge-gorge que Jo Nesbø a écrit Rue Sans-Souci. D'une taille un peu pareil au volet précédent - 600 pages environ - on est de nouveau propulsé dans une histoire véritablement intéressante, mais qui met du temps à se mettre en place. 

J'avais très envie de lire ce tome, en particulier à cause des événements survenus dans Rouge-gorge, événements qui ne trouvent pas encore de résolution. Le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est dur de connaitre l'identité d'un meurtrier quand les personnages n'en ont absolument aucune idée ! 


Rue Sans-Souci… Drôle d’adresse, lorsqu’on est flic, pour trouver dans un appartement d’Oslo le cadavre de la femme avec laquelle on vient de passer la nuit. Surtout si on ne se rappelle rien… Conscient qu’il pourrait devenir le principal suspect, Harry Hole décide d'enquêter secrètement, même s’il est officiellement chargé d’une autre affaire : un hold-up qui a mal tourné lorsque le braqueur a abattu une employée pourtant obéissante. Ses collègues évoquent un simple dérapage, mais Hole conclut à un meurtre. Deux crimes insolites à résoudre pour l’inspecteur norvégien, alors qu’une question le tourmente : et si quelqu’un tentait de le piéger?



Comme je l'ai dit, j'ai mis un peu de temps avant d'entrer dedans. À vrai dire j'étais tellement obsédée par le mort d'Ellen, par le fait que le coupable n'ait pas été trouvé que j'ai eu du mal à accepter le fait que sa mort n'était pas à l'ordre du jour. 
J'ai dû prendre mon mal en patience et accepter le fait qu'on allait suivre une autre enquête - enfin même plusieurs autres - avant de revenir à celle-ci. C'est pour cette raison que j'ai eu du mal au début, et aussi parce que cette histoire de braquage qui s'est terminé en meurtre ne m'a pas plus emballé que ça. 
C'est à partir de la mort d'Anna que je suis véritablement rentrée dedans et qu'ensuite, les pages se sont tournées toutes seules. 

J'ai apprécié le fait que différentes enquêtes soient mêlées, que de prime abord elles n'aient rien en commun, ce qui est le cas, elles n'ont rien en commun si ce n'est le personnage de Raskol qui m'a beaucoup intrigué d'abord et que j'ai fini par trouver vraiment attachant - je pense que ce n'est d'ailleurs pas normal que je trouve un criminel attachant, mais bon. 

Il est vrai que toute l'enquête par rapport au braquage de banque ne m'a pas particulièrement fascinée, j'ai bien aimé la suivre mais j'avais une petite idée du coupable, idée qui s'est avérée être la solution, alors forcément, ça m'a un peu déçue. En revanche, cette enquête permet d'insérer un nouveau personnage, celui de Beate que j'adore, voilà il faut le dire. 


Rue Sans-Souci de Jo Nesbø, éditions Folio.


Malheureusement, Beate passe surtout pour la remplaçante. Il faut remplacer Ellen qui est partie mais qui n'est pas oubliée - sa mort est toujours présente. Harry ne l'a pas oublié même si ça reste très secondaire dans ce volet. En réalité, Beate a énormément à offrir, tout son passif avec son père, mais aussi son efficacité, enfin c'est en grande partie grâce à elle si Harry n'a pas terminé en prison après ce qu'il s'est passé avec Anna. 

Je disais dans mon article sur Rouge-gorge qu'il y a toujours un mort dans l'entourage d'Harry et je ne me suis pas trompée, dans ce volet aussi il y a un mort dans son entourage, jamais ça ne s'arrêtera, Jo Nesbø a-t-il décidé de donner la mort à au moins une connaissance de son protagoniste dans chaque tome ? Non parce que là il est franchement bien parti pour ! 

C'est en grande partie grâce à Beate si j'ai tant aimé cette enquête et j'aurais aimé qu'on suive plus souvent son point de vue. L'auteur nous donne l'esquisse de son personnage, un personnage intelligent mais profondément fragile et c'est dommage qu'on en sache pas plus. En réalité j'aurais juste trop aimé qu'elle dise à Harry qu'elle a vu Waaler avec une femme le soir de la mort d'Ellen, mais il faut que je sois patiente, ça arrivera sûrement à un moment, enfin j'espère ! 

Comme je le disais plus haut, j'ai bien aimé le personnage de Raskoll, j'ai aimé toute l'histoire par rapport aux gens du voyage, mais aussi cette histoire de famille qui nous est racontée. J'ai d'ailleurs pu apprendre que gadjo signifie "non tzigane" pour les tziganes, chose que je ne soupçonnais absolument pas ! 
C'est donc toute l'intrigue par rapport à Anna qui m'a plu, mais j'ai eu des doutes dès qu'elle a évoqué sa grande oeuvre, son chef-d'oeuvre en rapport à Némésis, j'ai eu des doutes et puis je me suis persuadée que je me trompais et puis je me suis rendue compte que je ne m'étais pas trompée... 
Bon, ça arrive de trouver, c'est un peu embêtant c'est vrai, mais ça n'a pas gâché mon plaisir de lecture et c'est le plus important. 


Ça a donc été une autre bonne enquête, un autre volet où j'ai pris du plaisir à suivre Harry. Question appréciation, il est un peu en dessous de Rouge-gorge qui m'avait captivé grâce à tout ce parallèle avec la Seconde Guerre mondiale et puis aussi avec la mort d'Ellen, mais sinon, j'ai passé un excellent moment de lecture, j'ai pris du plaisir à découvrir le passé d'Anna, à faire la connaissance de Beate et puis, bah forcément à suivre Harry qui reste un de mes personnages de roman policier favori. 


"Tous les matins, il s’était réveillé en pensant qu’il avait à présent bien dû prendre l’habitude de tomber, que la peur avait bien dû lâcher prise, l’issue était connue, la douleur déjà subie. Mais il n’en était pas ainsi. Il s’était mis à attendre avec une impatience croissante de toucher le fond, le jour où il pourrait en tout cas cesser d’avoir peur. Et maintenant qu’il voyait le fond sous lui, sa peur n’en était que plus intense."

Jo Nesbo, Rue Sans-souci.





Le ciel en sa fureur d'Adeline Fleury

Quand le varou m'emportera je m'endormirai dans le ciel de tes yeux. Sous les auspices de Jean de La Fontaine, Adeline Fleury nous ...