dimanche 10 décembre 2017

Le Coin des libraires - #79 Maharajah de M.J. Carter

Dernier roman de l'année 2017 pour la team thriller du Cherche-midi. Après avoir eu la chance de découvrir Sous ses yeux de Ross Armstrong puis Le Mystère Jérôme Bosch de Peter Dempf, c'est aujourd'hui au tour de Maharajah de M. J. Carter

Autant le dire dès maintenant, je ne trouvais pas que Le Mystère de Jérôme Bosch était un thriller, et il en va de même pour Maharajah qui m'apparaît plus comme un roman historique d'aventure - ce qui est d'ailleurs dit à la fin de la quatrième de couverture ! 


Calcutta, 1837. Le pays est sous la régence de la Compagnie britannique des Indes orientales. Figure haute en couleur chez les expatriés anglais, l’écrivain Xavier Mountstuart vient de disparaître dans les profondeurs de la jungle, alors qu’il faisait des recherches sur une secte d’assassins, les thugs. L’armée de la Compagnie envoie à sa recherche Jeremiah Blake, un agent spécial, grand spécialiste des mœurs du pays, accompagné d’un jeune officier, William Avery. C’est le début d’une aventure passionnante au pays des temples et des maharajahs. En approchant de la région où Mountstuart a disparu, celle des thugs, adorateurs de Kali, déesse de la mort et de la destruction, Blake et Avery vont bientôt découvrir une incroyable conspiration.
Un vrai roman d’aventures et de suspense qui tient à la fois du thriller historique et du voyage initiatique, un duo de personnages inoubliables : vous ne lâcherez pas Maharajah.


Tout d'abord, le grand point fort pour moi, c'est l'époque, on est directement catapulté dans l'Inde du XXe et, pour une novice comme moi, ça a été un réel plaisir de découvrir le pays, ses coutumes, etc. D'ailleurs, le fait que l'auteur ait utilisé des termes indiens pour son roman donne une épaisseur qui n'est pas négligeable. J'ai vraiment apprécié la présence du glossaire en fin d'ouvrage qui permet de nous immerger dans l'oeuvre - même si je dois avouer que j'ai toujours eu du mal avec les notes en fin d'ouvrage. 

On se retrouve alors à suivre le personnage de William Avery, un britannique qui aspire qu'à retourner chez lui, du moins, qui a en horreur Calcutta. Le seule vraie point négatif se trouve dans la mise en place que j'ai trouvé particulièrement longue. Je comprends qu'il y a la nécessité de poser les bases historiques, l'atmosphère du pays, etc. mais qu'est-ce que c'était long ! Surtout que de prime abord, le personnage d'Avery n'aide pas du tout, bien au contraire. Au début, il m'est apparu comme insipide et tout à fait insupportable. Heureusement, j'ai réussi à entrer dedans au moment où son seul et unique ami en Inde est retrouvé mort dans des conditions plutôt louches. Après cet événement j'étais dedans, prête à suivre les péripéties d'Avery et de Blake. 


Ce que j'ai particulièrement apprécié dans le roman c'est toute cette divergence d'opinion entre un Avery qui croit dur comme fer en la Compagnie britannique, qui est persuadé de son bien fondé et un Blake tout à fait désabusé qui ne se fait plus d'illusion sur ses intentions réelles. Bon, il est vrai que le fait de suivre le point de vue d'Avery est assez dérangeant, parce que le lecteur sait pertinemment qu'il y a anguille sous roche et que les intentions de la Compagnie ne sont pas uniquement dans le but de faire de l'Inde un pays débarrassé de la criminalité, de la famine et tout. Dès le début, on a conscience que la Compagnie profite allègrement des ressources du pays - notamment l'opium - et toute cette naïveté du personnage central s'avère être particulièrement énervante par moment. 
Évidemment, au fur et à mesure du roman, les certitudes d'Avery se retrouvent bafouées, mais il faut quand même attendre un bon moment avant qu'il commence enfin à douter de cette Compagnie pour laquelle il travaille. 


Maharajah de M.J. Carter aux éditions Cherche-midi


Pour ce qui est de l'histoire en elle-même, le périple est des plus passionnants, on voyage à travers l'Inde, on rencontre des personnages hauts en couleurs afin de retrouver la trace de Xavier Mountstuart, véritable Dieu pour Avery et ami de Blake. J'ai vraiment apprécié toute la démarche de l'auteur quant au personnage de Mountstuart. Le fait qu'il soit glorifié par Avery qui voit en lui le poète, l'homme qui l'a décidé à venir en Inde, et l'autre point de vue, celui d'un homme qui est tout à fait imbu de lui-même et qui, dans le fond, ne mérite sans doute pas d'être secouru. 
Et puis, toute cette aventure en Inde nous montre bien à quel point l'auteur s'est documenté sur l'époque, sur les traditions du pays et les bouleversements dues à la Compagnie. J'ai vraiment apprécié ces recherches historiques et la façon dont elles sont insérées dans l'histoire fictionnelle.

Roman d'aventure donc, mais aussi premier roman qui permet de présenter le duo de choc Avery/Blake que l'on retrouve dans d'autres romans par la suite. Comme je le disais plus haut, de prime abord Avery apparaît comme insipide et même franchement antipathique parfois, on aurait presque envie de lui dire de quitter son monde de bisounours pour regarder autour de lui. Je pense que c'est en grande partie à cause de cette aveuglement qu'il reste dans le flou durant si longtemps. On sent que Blake est le débrouillard, le véritable enquêteur, mais on n'a pas accès à ses pensées, ni mêmes à ses faits et gestes si bien que comme Avery, nous restons dans le flou, ignorant la situation. Évidemment narrativement parlant, ça permet de créer encore plus de surprise, on reste extérieur à l'enquête si bien que tous les éléments nous tombent dessus sans crier gare et forcément on reste pantois - en tout cas, personnellement il y a plein d'éléments que je n'ai pas vu venir ! 

Par contre, je déplore un manque d'informations concernant Blake, on ne sait pas grand chose sur lui - il est en Inde depuis un certain nombre d'années, il parle énormément de langues/dialectes ce qui lui permet de se fondre dans la masse et il a aimé une indienne qui est décédée. Finalement, c'est assez mince comme éléments et c'est dommage qu'il soit toujours présenté comme un personnage particulèrement énigmatique jusqu'à la fin. Bon, après, il est vrai que c'est un premier volet, du coup l'auteur a probablement voulu faire de ce roman une mise en bouche, il nous a donné quelques éléments, mais pas trop non plus, histoire qu'on ait encore des choses à découvrir dans les suites ! 



Finalement, les deux personnages se complètent bien, la naïveté agaçante d'Avery s'équilibre bien avec la lucidité de Blake, ils forment un duo attachant et intéressant. 
Si on met de côté la longueur de la mise en place, j'ai été séduite, entraînée par les personnages à la découverte de ce pays durant cette période tout à fait obscure pour moi. Je ne m'attendais pas du tout à ces retournements, si bien que jusqu'au bout j'ai été surprise et c'est ce que je demandais. C'est une bonne mise en bouche que M. J. Carter nous a livré, même s'il aurait pu passer sur certains éléments afin de raccourcir un peu son roman et ainsi éviter les longueurs. 
J'espère pouvoir découvrir la suite des aventures d'Avery et Blake, histoire de conforter mon avis sur ces deux héros ou au contraire, d'en changer.






samedi 2 décembre 2017

Le Coin des libraires - #78 Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan

Voilà des jours que je repousse l'écriture de cet article. Je ne sais pas encore quoi penser de ce livre et donc quoi en dire. 
Rien ne s'oppose à la nuit est le deuxième livre que je lis de Delphine de Vigan, après Jours sans faim qu'une amie m'a prêté il y a de ça des années. C'est un livre qui attend dans ma bibliothèque depuis longtemps maintenant - depuis sa sortie en poche je crois bien. 

J'avais trouvé Jours sans faim très intimiste, à la fois touchant et déchirant, j'ai trouvé Rien ne s'oppose à la nuit délicat et violent à la fois. 

C'est une lecture qui m'a fait me poser énormément de question sur le rôle du métier d'écrivain dans la vie d'une personne, sur ce qu'il peut et doit dire, sur ce qui est admissible et ce qui est, au contraire, inacceptable. 
Alors j'en reviens toujours à cette question : Rien ne s'oppose à la nuit, éloge à une mère ou simple déballage personnel dans le but de faire de l'argent ? 
C'est une vraie question que je me pose et dont je n'arrive pas à trouver de réelle réponse qui soit suffisamment argumentée ce qui est quand même dérangeant quand on souhaite donner son avis sur un livre. 


Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l'écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd'hui je sais aussi qu'elle illustre, comme tant d'autres familles, le pouvoir de destruction du verbe, et celui du silence. D. de V.



À la fin de ma lecture de ce livre qualifié à tort de "roman" - on peut appeler ça un témoignage, un récit en quelque sorte autobiographique mais je considère qu'on est bien loin du roman, mais passons - je me suis immédiatement interrogée sur les droits de l'auteure, droits qu'elle interroge elle-même tout au long de son livre, mais qui ne donnent pas pour autant une réelle légitimité à sa démarche. D'où sort une telle démarche d'ailleurs, un besoin d'exorciser un passé trop lourd, d'étaler une vie bien triste ou simplement de gagner la sympathie de milliers de lecteurs ? Quel est le but premier finalement, un hommage ? une dénonciation ? 

L'auteure remet toujours en cause sa démarche sans pour autant la justifier d'une façon plus que d'une autre. Elle est hantée par cette histoire, par la vie de sa mère qui a décidé de mettre fin à ses jours, mais la question que je me pose du coup est, maintenant que son livre est paru, qu'il a reçu mille et mille louanges, vit-elle mieux ? est-elle parvenue à passer à autre chose ? 


À mon échelle, je ne peux dire si sa démarche est légitime, en tout cas elle amène à une certaine controverse, dans quelle mesure peut-on étaler la vie d'autrui ? à quel moment peut-on considérer que c'est un besoin et à quel moment est-ce un nécessité commerciale
Il me semble un peu facile d'être heureux de remporter des prix littéraires pour avoir raconter la vie de sa mère, pour avoir ressorti des histoires sordides telles que le possible attouchement que Lucille aurait subit par son père. Je pense qu'il faut être pudique quand on aborde ce genre de sujet, quand on écrit sur un sujet aussi sensible que sa propre famille et a fortiori de sa propre mère qui a choisi de se donner la mort. 


Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan, éditions Livre de poche.



"Il me semblait qu’il valait mieux contenir le chagrin, le ficeler, l’étouffer, le faire taire, jusqu’au moment où enfin je me retrouverais seule, plutôt que me laisser aller à ce qui n’aurait pu être qu’un long hurlement ou, pire encore, un râle, et m’eût sans aucun doute plaquée au sol."

Delphine de Vigan, Rien ne s'oppose à la nuit


Peut-être que je suis trop dure, peut-être que l'auteure a voulu écrire sur sa mère afin de lui rendre hommage et si c'est le cas, félicitations parce qu'elle est restée juste, sans tomber dans la facilité ni la détestation, Delphine de Vigan nous a dépeint le visage d'une femme meurtrie par la vie, une femme toujours solitaire qui peine à s'en sortir avec ses deux filles. 
C'est un portrait attachant et fragile que l'auteure a brossé, un portrait qui, je pense, voulait être le plus proche possible de la réalité alors là-dessus je n'ai rien de négatif à dire. 

En mettant de côté toutes ces questions de ce qui est admissible et ce qui ne l'est pas, je dois dire que j'ai apprécié ma lecture. Bon, j'ai eu beaucoup de mal à entrer dedans, l'enfance de Lucille étant relativement ennuyante j'ai trouvé que c'était un peu long, mais une fois qu'on arrive au moment où Lucille est adolescente, j'étais partie. 

Entrer comme ça dans la vie d'une personne décédée m'a vraiment fait bizarre, parfois j'étais vraiment mal à l'aise : avoir l'impression de connaître quelqu'un quand on ne l'a jamais rencontré, c'est un sentiment étrange, alors entrer pleinement dans sa vie, connaître ses habitudes, ses qualités comme ses défauts, c'est délicat. 
Savoir qu'il ne s'agit pas d'un roman renforce justement ce sentiment de gêne, de voyeurisme et c'est surtout ça qui m'a dérangé. 

J'ai apprécié les passages où l'auteure parle de sa démarche, où elle parle de ses hésitations, ses cauchemars, son besoin de parler, j'ai trouvé que ça rajoutait une certaine épaisseur à l'oeuvre sans que, comme je l'ai dit plus haut, ça rende la démarche légitime. 

J'ai aimé découvrir Lucile et sa famille, découvrir ses habitudes même si comme je l'ai dit certains passages étaient clairement gênants, mais ça m'a plu et si je devais juger ce livre uniquement sur cette appréciation, je dirais que j'ai vraiment beaucoup aimé et que ça a été une excellente lecture. J'ai apprécié la plume de Delphine de Vigan, on dira ce qu'on voudra, je ne trouve pas que ce soit plat ou quoi, au contraire j'ai trouvé certains passages poétiques tout en étant modestes. 

J'aimerais demander à l'auteure quel était le but de sa démarche, l'intérêt de faire autant de pub lors de sa sortie si ça n'est pas dans une optique commerciale mais intimiste, c'est-à-dire simplement dans un besoin d'écrire pour exorciser, d'écrire pour dire et enfin se libérer, peut-être que j'en aurais l'occasion un jour, ou peut-être pas. Quoi qu'il en soit je reste fixée sur cette ambivalence, sur ce questionnement. 

Il n'empêche que je lirai d'autres livres de Delphine de Vigan, D'après une histoire vraie qui m'attend sagement dans ma bibliothèque déjà, mais aussi Un soir de décembre que j'aimerais lire.


"Lucile est devenue cette femme fragile, d’une beauté singulière, drôle, silencieuse, souvent subversive, qui longtemps s’est tenue au bord du gouffre, sans jamais le quitter tout à fait des yeux, cette femme admirée, désirée, qui suscita les passions, cette femme meurtrie, blessée, humiliée, qui perdit tout en une journée et fit plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, cette femme inconsolable, coupable à perpétuité, murée dans sa solitude."

Delphine de Vigan, Rien ne s'oppose à la nuit.





samedi 25 novembre 2017

Le Coin des libraires - #77 Je couche toute nue, Camille/Auguste

"Il a fallu que je te connaisse et tout a pris une vie inconnue, ma terne existence a flambé dans un feu de joie. Merci, car c’est à toi que je dois toute la part de ciel que j’ai eue dans ma vie."

Camille/Auguste, Je couche toute nue - Auguste à Camille, 1886.


Novembre. Cette période de l'année où tout va trop vite, où les jours sont trop courts et où il devient difficile de faire quoi que ce soit. Je croule sous le travail, à tel point que mon rythme de lecture a énormément baissé, mais je suis là, et ce, pour vous parler de ce livre ovni qu'est Je couche toute nue


Tout d'abord je voudrais une fois encore remercier les éditions Slatkine & Cie qui ont si gentiment accepté de m'envoyer ce livre, je suis juste trop contente d'avoir eu la chance de le découvrir. Je trépignais d'impatience de pouvoir me jeter dedans et même si j'ai mis plus de temps que ce que je pensais, je me dis qu'au final, ce n'est pas plus mal de l'avoir dégusté.


Camille Claudel et Auguste Rodin se rencontrent en 1884. Vingt-trois ans les séparent. Elle est encore mineure, et devient l’élève du maître. Ils vont s’aimer neuf ans, se séparer (1883-1895), se retrouver (1895-1899), se perdre enfin (1900). Rodin meurt en pleine gloire en 1917. Camille Claudel est internée en 1913 dans un asile où elle mourra seule en 1943.
L’histoire est connue pour avoir été cent fois dite, filmée. La voici, telle que, brutale, naturelle et poétique. Les sources seules, sans commentaire, ni notes. Correspondance inédite, journaux intimes, carnets… Une passion sans détours, racontée comme un roman. Une biographie vraie où les historiens (Didier Le Fur et Isabelle Mons) s’effacent pour laisser place à la musique des sources.

"[…] comment faut-il vivre ? Et vous m’avez répondu : en travaillant. Et je le comprends bien. Je sens que travailler, c’est vivre sans mourir."
Camille/Auguste, Je couche toute nue - Rainer Maria Rilke à Auguste Rodin, 11 septembre 1902.


Je couche toute nue est un document exceptionnel, ou plutôt, une somme de documents divers et variés qui nous permet d'entrer dans l'effervescence de la vie artistique de la fin du XIXe - début XXe. Contrairement à ce que je croyais à la base, ce livre n'est pas uniquement composé de lettres entre Claudel, Rodin et leurs proches, on y trouve également des coupures de journaux au sujet des sculpteurs, des comptes rendus de Salon ou même des fragments de journaux intimes comme celui des frères Goncourt ou encore de Paul Claudel, écrivain et frère de la sculptrice. 

C'est sans fard que nous entrons dans la vie des deux artistes, on est littéralement catapulté aux premières loges et ça, c'est vraiment génial ! On sent tout d'abord l'immense influence de Rodin dans le milieu de la sculpture, il est énormément plébiscité, et on peut voir à quel point il était reconnu de son vivant - même s'il a dû attendre des années pour enfin recevoir la consécration. 
Le fait d'avoir accès à tous ces documents permet de rythmer la vie des artistes, on a ainsi un rapide échange épistolaire entre Zola et Rodin autour de la statut Balzac, ou même entre Rodin et Rainer Maria Rilke par exemple. 

Néanmoins Claudel parvient petit à petit à se faire connaître, elle passe de "l'élève de Rodin" à son propre maître, elle est d'ailleurs souvent valorisée dans les journaux, son travail paraît être reconnu, mais paradoxalement, elle ne parvient pas à vivre de ses oeuvres. 
Un premier bémol (il n'y en aura que deux et ce sont surtout des détails) réside dans le fait que je m'attendais à trouver plus de lettres entre Claudel et Rodin, finalement il y en a assez peu, mais elles sont toujours très forte émotionnellement parlant et elles permettent d'accéder à une infime partie de ce qui les reliaient tous les deux. 


Je couche toute nue commence en quelque sorte quand Camille devient l'élève d'Auguste et se termine un peu après la mort de celle-ci en 1943 - plus spécifiquement après la mort de son frère Paul. Leur relation amoureuse est connue, mais les causes de leur séparation restent assez floues - on sait qu'elle aurait décidé de rompre parce que Rodin refusait de se séparer de sa femme et il y a des rumeurs d'avortement, mais c'est mystérieux. 
Étant une grande fan de l'artiste, j'appréhendais un peu le moment de son internement (en 1913) et sa captivité durant les trente dernières années de sa vie. Le moins qu'on puisse dire c'est que niveau apprentissage, je suis servie ! 


Elle a été internée pour délire de persécution (entre autres choses) et en voyant les lettres qu'elle adressait à sa famille (sa mère et son frère), on peut voir qu'elle avait bien un problème à ce niveau-là. Je me demande à partir de quel moment toutes ces idées ont germées dans son esprit - certains disent que c'est après qu'elle ait dû avorter d'un enfant de Rodin - et pourquoi fallait-il nécessairement qu'elle accuse son ancien amant. On voit clairement que Rodin n'est pas la cause de son internement, il veut l'aider au contraire, et ce, même après leur séparation, où il fera en sorte qu'elle vive le mieux possible en lui versant une petite pension tous les mois à titre anonyme. 
Peut-être que c'était trop dur pour Camille de simplement accepter que sa famille se cachait derrière l'internement. En même temps faut dire qu'elle avait pas l'air gâté niveau famille, son père avait à peine le pied dans la tombe que la mère et le fils faisaient en sorte qu'elle soit internée... 


Je couche toute nue, Camille/Auguste, éditions Slatkine & Cie.


On assiste à sa descente aux enfers, comment elle a eu besoin d'incriminer Rodin pour justifier le manque de reconnaissance, la façon qu'elle avait de s'enfermer chez elle de peur qu'on ne vienne lui voler ses oeuvres, ou même son autodestruction lorsqu'elle a brûlé ses oeuvres pour ne pas que "ses ennemis" puissent s'en emparer... Oui, elle avait clairement un problème, c'est indéniable, et ses lettres le montrent particulièrement bien, mais de là à être interné pendant 30 ans, de là à être rejetée par sa propre famille qui en fait clairement une pestiférée, une catin même - surtout sa mère - c'est franchement dur. 

J'ai été choquée par le manque de considération, par cette façon qu'avait sa mère de la rejeter, de la mettre en porte à faux, de ne pas envisager une seule seconde qu'elle soit transférée dans un asile sur Paris et encore moins qu'elle revienne habiter chez elle. 
On sent qu'il y a anguille sous roche et que ce n'est pas seulement la façon qu'avait Camille de vivre qui l'a condamné. Sa mère est bien trop véhémente, elle a bien trop honte de sa fille pour que ça se résume seulement à une vie de reclus, de famine et de laisser aller. 
Et c'est là que les propos de Paul Claudel viennent nous éclairer - un peu en tout cas - puisqu'il y a cette lettre envoyée à Mme Rolland - oui, la femme de Romain Rolland, il y en a des figures illustres dans ce livre ! - où il l'accuse d'avoir fait comme Camille, d'avoir tué une vie - en d'autres mots : d'avoir subit un avortement. 

On est donc envoyé sur cette piste qui reste obscure jusqu'au bout et qui confirme ce que la rumeur disait déjà. Camille est donc en partie devenue folle parce qu'elle a dû avorter de (ou des) enfant(s) de Rodin ? Peut-être en partie. 
Il y a aussi les propos du petit-fils de Jessie Lipscomb - une sculptrice qui était elle aussi élève d'Auguste et amie de Camille - qui parle du journal de sa grand-mère où cette dernière parle de l'existence d'enfants qu'auraient eu Claudel et Rodin. 


Je ne parle quasiment que de Camille et ce n'est pas anodin, c'est bien parce que j'apprécie énormément son art que j'ai souhaité lire ce livre, je voulais lever le voile autour de son existence si mystérieuse, autour de cette incarcération forcée - c'est en tout cas bien ce que c'est pour moi. 
C'est sans doute pour cela que j'ai préféré le moment où survient son internement, c'est là où tout s'assombrit, où Camille qui ne comprend pas de prime abord va finir par réaliser qu'elle ne sortira jamais, peu importe ses supplications, peu importe ses requêtes auprès des médecins, elle ne sortira pas. En grande partie parce que sa mère n'avait aucune envie de l'avoir sur le dos et parce que son frère était sans aucun doute un religieux réfractaire et égoïste. Je ne vois pas d'autres mots pour définir leur comportement, cette façon de parler d'elle comme si elle avait la peste et d'en faire le diable en personne, c'est abject. 

En tant qu'auteur, je ne sais pas si j'apprécie Paul Claudel, n'ayant jamais rien lu de lui, mais en tant que personne, il m'apparaît comme étant un être lâche et fermé d'esprit. 
Après tout, il parle lui-même de "libération" lorsqu'il apprend que sa soeur est malade et puis, le comble de l'hypocrisie survient lorsqu'il s'interroge sur ses actions après la mort de Camille. Au moment où c'est trop tard le gars se dit "ah, peut-être que j'aurais dû l'aider ?" ah, bah, peut-être qu'il aurait dû y penser avant de laisser sa soeur pourrir dans un hospice pendant 30 ans ! 
Je ne suis pas médecin, je ne suis donc pas habilitée à dire si elle devait réellement être internée ou si son délire de persécution aurait pu disparaître avec le temps, mais je ne suis franchement pas certaine qu'il y avait besoin de lui infliger toutes ces privations comme de refuser qu'on lui rende visite ou qu'elle écrive à ses amis...


Le deuxième bémol de ce livre est qu'il manque d'illustrations, on entend énormément parler des oeuvres des deux artistes puisqu'on assiste en quelque sorte à la création et à l'évolution de ces dites oeuvres et je pense que ça aurait été un vrai plus d'ajouter les sculptures dont il est fait mention. 
Bien sûr ce n'est qu'un détail là aussi, ça ne m'a pas empêché de regarder sur internet pour certaines d'entre elles, mais disons que j'aurais été comblée. 


Enfin voilà, Je couche toute nue fait partie de mes meilleures lectures de cette année et il faut dire qu'il n'y en a pas tant que ça qui s'élève à ce niveau. J'ai adoré entrer dans l'intimité de ces figures illustres, pouvoir me faire une idée de leur façon de vivre, de l'importance des commandes de l'Etat et surtout du problème que peut poser amour et travail lorsqu'on les mélange. Je l'ai refermé en ayant un sentiment d'injustice extrême pour Camille Claudel qui est passée d'artiste de génie à vieille fille folle, mais son talent transparait toujours aujourd'hui et le passage du temps n'a rien pu faire pour changer cela. 

J'ai grandement minimisé la place de Rodin dans cet article, je m'en rends bien compte, et j'en suis désolée. Mais soit je continue à écrire et on y est jusqu'à demain, soit je conclus en disant que tous les amoureux de sculpture ou d'art en général vont forcément trouver leur bonheur avec cet ouvrage rempli de sincérité, de documents authentiques, qui sont autant d'illustrations de la difficulté d'être une femme sculptrice au XXe (ou devrais-je dire sculpteur...) que d'avoir un aussi grand artiste qu'Auguste Rodin comme mentor. Ils se sont aimés et se sont déchirés. 



"Un jour que Rodin me rendait visite, je l’ai vu soudain s’immobiliser devant ce portrait, le contempler, caresser doucement le métal et pleurer. Oui, pleurer. Comme un enfant. Voilà quinze ans qu’il est mort. En réalité, il n’aura jamais aimé que vous, Camille, je puis le dire aujourd’hui. Tout le reste - ces aventures pitoyables, cette ridicule vie mondaine, lui qui, dans le fond, restait un homme du peuple -, c’était l’exutoire d’une nature excessive. Oh ! je sais bien, Camille, qu’il vous a abandonnée, je ne cherche pas à le justifier. Vous avez trop souffert par lui.[…]"
Camille/Auguste, Je couche toute nue - Eugène Blot à Camille Claudel, 3 septembre 1932.


"Je suis tombée dans le gouffre. Je vis dans un monde si curieux, si étrange. Du rêve que fut ma vie, ceci est le cauchemar."

Camille/Auguste, Je couche toute nue - Camille Claudel à Eugène Blot, 1935 ?







samedi 18 novembre 2017

Le Coin des libraires - #76 Brisée (#3 Effacée) de Teri Terry

Un an après avoir débuté la trilogie Effacée de Teri Terry, je me suis finalement plongée dans le troisième et dernier volet, oui, il n'est pas trop tôt ! 
J'aurais voulu le lire avant, rien que pour terminer la saga un bon coup et ne pas avoir besoin d'y revenir mais ça ne s'est pas fait de cette façon alors tant pis, voilà que je reviens aujourd'hui pour conclure mon périple. 

Je précise que mon avis sur Effacée et Fracturée doivent sans doute être lus avant de lire celui-ci, mais c'est comme vous préférez. 



Kyla est en danger. Les Lorders sont toujours à sa poursuite et le TAG, groupe Terroriste Anti-Gouvernemental, l'a manipulée.
Pour leur échapper, Kyla a dû se résoudre à une mesure extrême : se faire passer pour morte.
Sous une nouvelle identité et avec une nouvelle apparence, elle part à la recherche de son passé et de sa vraie famille.
Mais la vérité est plus compliquée - et bien plus sombre - que Kyla l'avait imaginée…



Dans la continuité des deux tomes précédents, on retrouve Kyla qui se cherche toujours. Elle désire renouer avec son identité, mais la vraie cette fois, celle qu'elle était avant qu'elle se fasse enlever par les Lorders. Kyla aka Lucy du coup, doit retourner d'où elle vient. 
L'auteure a énormément joué avec l'identité de son personnage si bien qu'il devient facile de se perdre, est-elle Kyla ou alors Lucy, puisque visiblement elle a prouvé dans le deuxième tome qu'elle n'est certainement pas Ondée ? 

Toute cette quête identitaire est vraiment intéressante je ne dis pas le contraire mais l'univers dystopique de l'auteure est lui aussi très intéressant et je trouve que globalement l'auteure s'est trop concentrée sur les diverses identités de Kyla ce qui est dommage. Je ne veux pas dire mais au final, on s'en fout un peu du prénom de Kyla, ce qui importe et d'en savoir plus sur le gouvernement des Lorders, sur sa mise en place, sur ses objectifs, tout ça, tout ça. 

Évidemment ces aspects sont aussi abordés, mais c'est plus par petites touches, quand l'intrigue identitaire s'y prête - par exemple, Kyla découvre l'horreur de l'orphelinat parce qu'elle est rentrée chez elle, du moins, là où elle a vécu lorsqu'elle était enfant. 
En fait j'ai trouvé un peu abusé de nous faire croire que ça y est, elle a enfin retrouvé sa place alors qu'en fait non, toujours pas. 

Je critique je sais et c'est un peu injuste parce que ça m'a plu, ce besoin de savoir qui elle est réellement et d'où elle vient, mais ce n'était pas ce qui m'intéressait le plus, pour un dernier tome, je m'attendais à autre chose, à une réelle explosion et non plus une simple continuité des deux premiers volets. J'ai énormément accroché à cette saga, j'ai trouvé l'idée très réaliste parce que tout à fait probable dans le monde dans lequel on vit - du moins, ça ne me choquerait pas outre mesure - et j'avais vraiment de très grande attente pour ce dernier tome et c'est normal d'un côté puisque j'ai beaucoup aimé les deux premiers, il fallait que le dernier dépasse mes espérances. 


Brisée de Teri Terry, éditions La Marinière jeunesse.

J'ai passé un bon moment c'est indéniable, j'ai aimé retrouver Kyla, mais l'excitation qui était bien présente auparavant n'était pas là cette fois. Je tournais les pages et à chaque fois je me disais qu'il manquait quelque chose et en effet, je ne saurais dire quoi exactement mais il m'a manqué quelque chose. 

J'apprécie toujours Kyla, son personnage est fidèle à celui du premier tome malgré tous les retournements de situation, mais j'aurais aimé qu'elle soit un peu moins naïve, qu'elle essaie de réfléchir avant d'agir notamment par rapport à Ben - même si je dois bien dire que la conclusion qu'elle donne et franchement choquante/insultante mais je vais y revenir. 
J'ai pas très bien compris l'intérêt du triangle amoureux Ben-Kyla-Aiden, je me demande encore si c'était une bonne décision de l'introduire. Après avoir passé deux tomes et demi à n'entendre parler que de Ben, voilà qu'on assiste à un virage à 180 degrés si bien que je n'ai pas vraiment compris l'intérêt si ce n'est de caser Kyla avec quelqu'un. 

J'ai vraiment bien aimé le personnage de Stella, elle m'a vraiment fait énormément de peine et j'ai trouvé qu'elle était un des personnages les plus touchants de cette trilogie. Sa relation avec Kyla/Lucy est difficile, parfois Kyla m'a semblé être injuste et parfois c'était l'inverse, mais dans les deux cas, j'ai trouvé que c'était une belle relation, quelque chose de sincère, quelque chose qui manquait à l'histoire. 

Non, en vérité c'est le personnage de Ben qui me laisse le plus dubitative. Ce changement de tempérament, le massacre dont il est à l'origine et surtout, cette phrase de Kyla à la fin, lors de l'épilogue si je me souviens bien, cette formule qui dit que Ben a été effacé parce que contrairement à elle, il avait fait de mauvaises choses, cette formule qui dit que comme il n'a pas un bon fond de base, il ne pouvait qu'être quelqu'un de mauvais. J'ai trouvé ça choquant, complètement à l'opposé du message délivré par la trame et vraiment, je n'ai pas compris comment la protagoniste qui a vu des horreurs, qui a été témoin du lavage de cerveau de gens qu'elle connaît peut dire ça, après tout ce qu'elle a vécu, je ne comprends pas et c'est la chose qui m'a véritablement déçue. 

Bon, pour ce qui est de la fin, je ne peux pas dire que je sois déçue ou quoi, mais j'ai trouvé que c'était un peu bâclé, un peu facile aussi - un peu de tout va bien dans le meilleur des mondes - Kyla retrouve sa famille, enfin ce qu'il en reste et puis comme sa famille a un rapport avec le gouvernement des Lorders - bah ouais sinon c'est pas drôle... - et bien, forcément avec les preuves accumulées et l'ignorance de certains dirigeants, tout redevient normal, la tyrannie disparaît, la démocratie revient et tout est beau. Je voulais que ça se termine bien, il était quasiment certain que ce serait le cas quand même, mais aussi bien, que ce soit aussi facile, c'est dommage. 


Globalement j'ai passé un bon moment de lecture. J'ai aimé découvrir la plume de Teri Terry et faire la connaissance de Kyla qui, à mon avis, aurait bien besoin d'un forfait à vie chez le psy après ce qu'elle a vécu ! J'ai trouvé que l'auteure a imaginé une dystopie qu'il est tout à fait possible de voir se réaliser d'ici quelques décennies - je ne le souhaite pas bien évidemment, mais ça me semble être possible.
C'est une bonne trilogie, une bonne histoire, mais qui se termine d'une manière un peu trop simpliste à mon goût. 

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé si jamais vous l'avez lu ! 








samedi 11 novembre 2017

Le Coin des libraires - #75 Métamorphose II. Paradis obscur d'Ericka Duflo

Après avoir lu et apprécié Exorde, le premier volet de la pentalogie Métamorphose d'Ericka Duflo, je me suis plongée dans le deuxième avec l'immense envie d'en savoir plus sur l'univers. 

Je précise maintenant que je ne sais pas encore quand je vais lire le troisième tome étant donné que le quatre n'est prévu que d'ici avril de l'année prochaine en France et qu'il restera encore à attendre la publication du cinquième et dernier tome. En d'autres mots, je peux très bien le lire demain comme attendre sagement la sortie du quatrième volet histoire d'en avoir toujours un dans ma pile à lire. 



Senna a finalement accepté de rejoindre ses semblables sur l'île d'Arpia. C'est là qu'elle devra compléter sa formation et apprendre à maitriser ses pouvoirs, sous l'oeil inquisiteur de la Matriarche. Mais elle n'a pas pour autant oublié son désir de vengeance. Malheureusement, rien ne se déroule comme prévu et des évènements étranges se succèdent. De plus, Ian, son seul allié sur l'île, a un comportement de plus en plus inquiétant...



Je vous disais dans mon article sur Exorde que j'ai aimé découvrir l'univers fantastique de l'auteure en grande partie pour l'originalité des créatures et en effet, après un premier tome qui fait office de mise en bouche, Paradis obscur nous plonge dans une ambiance radicalement différente. 

On change de campus pour un autre, enfin si on peut appeler un campus le royaume d'Appia évidemment. On a aussi un récit à trois voix cette fois puisqu'on suit le point de vue de Senna, Ian et enfin de la Matriarche, la "mère" des harpies en quelque sorte.
Généralement, c'est quelque chose que j'aime beaucoup, le fait de suivre différents personnages, d'apprendre à les connaitre de l'intérieur si je peux dire. Le seul problème ici réside justement dans le fait qu'on en apprend pas forcément plus sur les personnages que l'on suit, au contraire, on rajoute encore plus d'interrogations si bien qu'il y en a beaucoup trop. 

J'ai vraiment apprécié ma lecture, seulement je veux dire qu'à force d'être dans le flou pour tout, j'ai pas eu l'impression d'avancer dans l'histoire, j'ai plus eu le sentiment que ce tome était destiné lui aussi à poser l'univers, à l'étoffer. C'est bien hein, je ne dis pas le contraire, ça permet de faire la connaissance de personnages qui sont agréables - je ne trouve pas d'autres adjectif étant donné qu'on ne les connait pas des masses non plus - comme c'est le cas de Moon ou encore Safaree, mais au-delà de ça, je ne vois pas très bien si l'auteure voulait nous faire passer un message ou juste nous détailler le fonctionnement d'Appia. 


Métamorphose II - Paradis obscur d'Ericka Duflo, éditions Kennes.


Néanmoins ce n'est pas parce que je n'ai pas eu le sentiment d'avancer dans la trame que je n'ai pas pris du plaisir. J'ai trouvé intéressant ce monde surnaturel, le rapport à Hécate m'a énormément plu par exemple, ou encore la présence de la créature dans la forêt qui entoure le royaume - mais une fois encore je déplore le fait qu'on ne sache pas grand chose de concret, tout est encore trop flou et j'espère vraiment que le troisième volet nous donnera plus de clés. 


Bon sinon, l'autre point négatif de ce volet est qu'on suit bien trop Senna par rapport à Ian, je déplore son absence !
L'intrigue à son sujet a tellement à offrir et plus encore avec les événements qui surviennent dans ce tome et pourtant, j'ai eu l'impression qu'il était trop mis de côté ce qui m'a un peu embêté. Ce tome est trop concentré sur Appia, les coutumes, les traditions, si bien qu'à la fin on n'a pas avancé des masses sur l'intrigue qui se tisse dès le premier volet et qui est, quand même, ce pour quoi on a envie de lire la suite. 
Bien sûr Senna reste fidèle à son objectif, mais les choses sont tellement lentes que pour un deuxième tome, il aurait été bien de révéler plus de choses parce que finalement, j'ai l'impression d'avoir lu la deuxième partie du premier tome qui n'est là que pour mettre les choses en place et c'est dommage. En d'autres mots, j'aurais aimé entrer dans le vif du sujet tout en ayant quelques réponses. 

Je vous disais que Senna m'énervait un peu dans le premier tome, j'ai trouvé qu'elle était plus supportable dans ce volet. Maintenant qu'elle sait ce qu'elle est et qu'elle a trouvé son but, elle est plus attachante. Les nouveaux personnages ne m'ont pas particulièrement marqué, enfin j'ai bien aimé leur singularité mais j'ai surtout eu l'impression que les amies de Senna remplaçaient seulement celles qu'elle a perdu après être partie de l'école dans le premier tome. 
Ian reste mon personnages fétiche et c'est sans aucun doute pour cette raison que j'ai été déçue qu'il soit si peu présent dans ce tome, en espérant que ce soit différent par la suite ! 


Finalement, ce volet m'a mis encore plus l'eau à la bouche, je veux en savoir plus sur le destin de Senna et Ian, sur les véritables intentions de la Matriarche, sur l'origine de la créature dans la forêt, sur la santé de Ian et la façon dont ça va se passer entre lui et Senna. J'ai passé un bon moment à découvrir Appia et je n'ai désormais plus qu'à espérer trouver quelques réponses dans le troisième tome. 








mercredi 1 novembre 2017

Le Coin des libraires - #74 Le Journal d'Helga de Helga Weissová

Le journal d'Helga est le dernier livre traitant de la guerre en ma possession, tous les autres ont déjà été lus. Après Sonderkommando qui a été un des livres les plus difficiles à lire pour moi, j'ai voulu me plonger dans le récit intimiste que nous livre Helga, récit aux accents enfantin puisque le livre commence lorsqu'elle a 8 ans et se termine à la Libération, Helga est alors une adolescente. 

Je trouve qu'aucun récit de ce genre ne se ressemble, l'expérience de chacun est différente même si bien sûr on retrouve souvent des similitudes (le travail forcé, le manque de nourriture, les épidémies, etc.), celui-ci est quand même bien différent de tous ceux que j'ai pu lire puisque l'essentiel se concentre sur les années passées au ghetto de Terezin et non pas en camp de concentration/extermination directement. 


Helga a 8 ans quand elle commence son journal. Nous sommes en 1938 et les nazis ont envahi Prague. Les écoles sont fermées, son père a perdu son travail, toute la famille est confinée dans l’appartement. Un à un, les proches disparaissent, les déportations commencent.
En 1941, Helga et ses parents sont envoyés à Terezin, ils y resteront trois ans. Et Helga raconte : les voyages interminables, les conditions inhumaines, la faim, les maladies, la souffrance. Mais aussi l’amitié, les petits moments de joie, l’espoir. Et puis l’horreur. Helga écrit toujours et dessine pour obéir à son père : « Dis-leur ce que tu vois. »

Seules Helga et sa mère survivront. À la fin de son journal elle a 15 ans. Elle fait partie de la petite centaine d’enfants rescapés sur plus de quinze mille déportés. 



C'est une vision très intéressante que nous livre Helga parce qu'elle est innocente et en même temps très consciente de la situation. Au début elle nous décrit son quotidien à Prague, le fait qu'elle doive quitter l'école puisque celle-ci lui est désormais interdite, le fait qu'elle doive aller suivre des cours dans un appartement en compagnie d'autres enfants, également juifs. On suit son quotidien qui change, la mise en place du couvre-feu, la disparition de ses camarades au fur et à mesure que les jours passent. 

Et puis, voilà qu'un jour c'est son tour, elle aussi doit s'en aller, elle doit tout quitter pour partir à Terezin, elle a alors 12 ans à ce moment là. C'est à cet âge qu'elle doit faire face à toutes les horreurs du ghetto, elle doit accepter la séparation de ses parents (les hommes ne sont pas mélangés aux femmes), le fait de devoir travailler pour aider sa mère. Il faut subvenir à ses propres besoins, tenter le tout pour le tout afin de survivre dans la mesure du possible. 

Survivre, mais pourquoi ? pour continuer à vivre dans une pièce misérable où les corps sont collés tellement l'espace est restreint ? pour être finalement déporté et ne jamais revenir comme ça a été le cas pour son père ? 
Je n'avais jamais entendu parler de ce camp/ghetto qu'est Terezin et pourtant il semblait être une machine relativement bien huilée avec sa propre monnaie, ses propres règles. 


Le Journal d'Helga, d'Helga Weissová, éditons Pocket.


À certains moments, j'ai pensé à Charlotte Delbo et à sa trilogie Auschwitz et après, déjà parce que c'est le nom qui a été donné au deuxième chapitre du journal d'Helga, mais aussi parce qu'elles ont toutes les deux quelque chose en commun : l'espoir, la solidarité entre les êtres. 
Lors de ma lecture de Delbo j'ai été frappée par la façon dont les femmes étaient soudées entre elles, contrairement à Primo Levi, Martin Gray ou même Vladek Spiegelman qui nous expliquent bien que les camps, c'est du chacun pour soi - même si on peut un peu contraster pour Levi. 
Or, ici, une fois encore on retrouve ce sentiment d'entraide, cette idée que de toute façon tout le monde se retrouve dans le même bateau alors autant s'en sortir ensemble, du moins essayer. 


Forcément il est trop simple de dire "lisez-le" et pourtant, il le faudrait. C'est tellement difficile de lire ce genre de livres qu'on en sort toujours changé, toujours un peu plus dégoûté de faire face à cette Histoire qui est injuste et surtout abjecte. 
Il est impossible de dire "celui-ci est meilleur que celui-ci" chaque témoignage apporte un point de vue différent, raconte une vie unique et en même temps c'est une vie qui a été celle de milliers de personnes. 
J'ai aimé la présence de dessins réalisés par Helga durant ses années passées à Terezin, j'ai trouvé que ça permettait de très bien illustrer son propos et ainsi de donner une véritable image de la réalité. C'est un livre qui est complet parce qu'il est juste, il a pour vocation d'être vrai et c'est tout ce qui importe. 

Avec Le journal d'Helga, je garde surtout en mémoire que sur environ 15 000 enfants envoyés à Terezin, une centaine seulement a survécu et c'est quelque chose qu'il ne faut pas oublier : la mort de tous ces gens au nom de la haine, de l'envie et sans doute aussi de la peur de l'autre, et pourtant, c'est à cause de toutes ces choses si aujourd'hui encore la vie de tant de personnes se trouvent être ruinées ou simplement supprimées. 
Et je m'interroge toujours : comment est-ce possible ? 









mercredi 25 octobre 2017

Le Coin des libraires - #73 Le Mystère Jérôme Bosch de Peter Dempf

Je vous présente aujourd'hui le deuxième thriller lu dans le cadre de la team thrillers du Cherche midi. Le premier était Sous ses yeux de Ross Armstrong, un thriller psychologique ayant un certain nombre de défauts mais qui était néanmoins une lecture agréable. Avec Le Mystère Jérôme Bosch de Peter Dempf, c'est une lecture plus qu'agréable que je vous présente aujourd'hui, c'est une lecture addictive ! 

Avant d'entrer dans le vif du sujet à proprement parler, j'aimerais tout d'abord dire que l'idée d'écrire un thriller historique sur un tableau m'a dès le début enthousiasmé. J'ai un peu étudié l'histoire de l'art quand j'étais au lycée et ça m'avait vraiment plu, mais depuis, je me suis un peu éloignée de la peinture/sculpture, etc. et c'est très agréable de le retrouver dans un roman - surtout que je suis actuellement en train de lire Je couche toute nue de Claudel/Rodin qui a bien évidemment un lien avec la sculpture alors autant dire que pour ce qui est de l'art en général, je suis en plein dedans en ce moment ! 


Dans la lignée de Iain Pears et d’Arturo Pérez-Reverte, ce thriller érudit, qui connaît un triomphe international, entraîne le lecteur dans un jeu de piste passionnant à travers les secrets de l’œuvre de Jérôme Bosch.
2013 : Madrid. Le Prado. Le Jardin des délices, célèbre triptyque du peintre flamand Jérôme Bosch, a été vandalisé par un prêtre dominicain. Le religieux, convaincu que l’œuvre dissimule un dangereux secret susceptible de nuire à l’Église, a lancé du vitriol sur le tableau avant d’être maîtrisé par les gardiens du musée.

Restaurateur de tableaux, Michael Keie se voit confier la tâche délicate de remettre le triptyque en état. Très vite, il fait une découverte stupéfiante : à plusieurs endroits, les couches de peinture altérées laissent transparaître des symboles cachés. Avec l’aide de son collègue madrilène Antonio de Nebrija, un vieil érudit fantasque, Keie va tenter de déchiffrer ces signes étranges.

1510 : Petronius Oris arrive à Bois-le-Duc dans les Flandres pour travailler aux côtés de Jerôme Bosch. Alors que la cité est envahie par les sbires de l’Inquisition, Petronius découvre que Bosch, initié à un secret hérétique, travaille en secret à un mystérieux triptyque.

Avec ses deux enquêtes parallèles, l’une dans le présent, l’autre dans le passé, qui se font écho pour percer le secret du célèbre Jardin des délices, Peter Dempf fait preuve d’une incroyable érudition et nous offre un suspense magistral qui tient en haleine jusqu’à la dernière page.

Je dois avouer que dès le début j'avais un peu peur que l'intrigue se passe vraiment trop au XVIème siècle et pas assez au XXIème et c'est véritablement le cas, on suit beaucoup plus Petronius Oris que Michael Keie et de Neibrija, mais qu'est-ce que c'était bon ! 
Le XVIème n'est pas une période que j'affectionne particulièrement en histoire, à vrai dire tout l'époque Moyen Âge/Renaissance m'ennuie terriblement d'un point de vue historique - je préfère nettement la période allant du XVIIIème au XXème, ce dernier siècle étant ma période historique favorite comme vous le savez sans doute. 

Pourtant, je suis directement entrée dans l'histoire, j'ai été littéralement emportée par l'intrigue, par l'époque, par les personnages. Comme je lis très peu de livres de cette période - que ce soit écrit au XVIème ou qui se passe au XVIème, je n'y connais presque rien et du coup j'ai appris plein de choses, notamment sur l'Inquisition dont j'avais de vagues souvenirs - mes souvenirs étant ceux de Candide de Voltaire, on peut dire que ça ne pesait pas des masses niveau culture sur l'inquisition... 

On se trouve catapulté à Bois-le-Duc de façon brusque c'est vrai, mais c'est tellement bien introduit qu'on ne peut qu'adhérer à l'époque et à l'histoire. J'ai pu m'imaginer là-bas, je visualisais parfaitement les lieux et les personnages et c'est en grande partie ce qui m'a permis d'autant aimer ma lecture. Et puis comme je lis dis au-dessus, j'ai aimé le fait que ce soit l'époque de l'Inquisition qui est incarnée par le biais du père Baerle qui est un excellent méchant, une bonne ordure fermée d'esprit, on peut le dire ! 



Le Mystère Jérôme Bosch de Peter Dempf, éditions Cherche-midi.


J'ai surtout adoré l'interprétation du tableau Le Jardin des délices, ce triptyque aussi mythique que méconnu du point de vue de l'interprétation. Je ne m'attendais pas du tout à ce que l'auteur nous livre une interprétation aussi féministe en quelque sorte, et ça a été une excellente surprise et surtout une façon de voir les choses que j'ai trouvée particulièrement intéressante. 
Et puis aussi, le fait qu'on donne une si grande importance au féminin dans une oeuvre aussi réputée, aussi saluée et qui date du tout début du XVIème (environ 1504). L'auteur nous rappelle d'ailleurs que l'Eglise reconnaît que les femmes ont une âme et donc qu'elles ne vont pas en Enfer après la mort qu'en 1475... soit une trentaine d'années avant la conception de l'oeuvre. 

Toute cette façon de racheter la femme d'un point de vue religieux m'a enthousiasmé, cette idée qu'une nouvelle ère va arriver et qu'avec celle-ci le règne du matriarcat m'a semblé vraiment intéressant et surtout avec les éléments donnés par les personnages, ça tient la route à 1000 pour cent ! 

Même si l'interprétation de l'auteur est en grande partie fantaisiste et qu'elle n'est pas du tout confirmée d'un point de vue historique (dans le sens où les chercheurs en histoire de l'art ne vont pas dans cette direction) j'ai trouvé ce point de vue extrêmement novateur et donc intéressant. La présence de personnage réel comme Van Almaengien qui est ici sexuellement différent de ce que veut l'Histoire donne un attrait tout autre et appuie l'interprétation de Peter Dempf. 

Enfin, j'ai trouvé intéressante la façon dont est considéré l'homme-arbre dans l'intrigue - une émanation des cauchemars de Petronius - puisque classiquement, on considère cet homme comme étant Jérôme Bosch lui-même qui se condamnerait tout comme les autres Hommes, le tableau serait donc une illustration de l'humanité qui se trouve être condamnée. Ceci est une interprétation trouvée après des recherches personnelles dans un ouvrage, ce n'est évidemment pas la vérité - vérité que l'on n'aura jamais puisqu'aucun élément ne peut venir étayer une interprétation plus qu'une autre. 

À l'image de la mise en abîme (récit dans le récit), on est complètement emporté dans l'histoire racontée par le père Baerle (celui du XXIème), son talent de conteur qui est clairement félicité par les protagonistes est tout à fait véridique, donc par extension, celui de Peter Dempf l'est tout autant. Il nous entraîne dans un monde fait de complots, de tromperies et finalement, on ne peut qu'entrer dans l'histoire les yeux fermés et se laisser embarquer dedans. 


"Dans la réalité, seule la vie est envahie par le mal, la créativité est innocente, exempte de tout péché. Cette créativité est infinie, tandis que notre pensée reste enfermée dans les rets de nos erreurs."

Peter Dempf, Le Mystère Jérôme Bosch.









dimanche 22 octobre 2017

Série du moment - #19 Orphan Black

Cet article risque d'être extrêmement difficile à écrire. Cela fait une semaine que j'ai terminé Orphan Black, créée par John Fawcett et Graeme Manson et je ne sais pas vraiment si je vais être capable d'écrire quelque chose qui soit constructif, pour l'instant tout ce qui me vient est qu'Orphan Black est pour moi une des meilleures séries de ces dernières années - et j'en regarde quand même pas mal... 

Après cinq ans de bons et loyaux services, cette série produite par BBC America est désormais terminée et je dois bien le dire, je suis extrêmement triste. J'ai commencé à la regarder dès sa première saison il y a donc cinq ans. J'ai suivi les aventures de Sarah et de ses sestras au fur et à mesure des années et j'ai aimé, il n'y a rien d'autres que je puisse dire qui soit objectif, j'ai adoré cette série, son scénario, sa réalisation, son jeu d'acteur, absolument tout. 


Je me suis rendue compte que je ne vous en ai jamais parlé, je n'ai jamais rien écrit dessus et maintenant je le regrette, ça aurait sans doute été plus simple d'avoir déjà une base, de ne pas écrire sur une série qui compte cinq saisons à son actif et qui plus est vient de se terminer - ça ne motive pas des masses pour la visionner, mais si vous saviez à quel point elle vaut le coup, vous vous ruerez dessus ! 


Pour dire les choses rapidement, dans la saison 1 on suit Sarah Manning (Tatiana Maslany)  qui voit littéralement un double d'elle-même se jeter sous un métro, voilà pour le postulat. 
Sans tout révéler - ce serait compliqué de raconter cinq saisons en quelques lignes - Sarah va rapidement comprendre qu'il existe d'autres femmes comme elle, en d'autres mots, elle est un clone et elle n'est pas seule. 

N'étant pas hyper fan des histoires de clonage, etc. à la base, je ne donnais pas cher de la peau de cette série, mais finalement je n'ai pas pu en décrocher. On suit tour à tour des personnages tous plus attachants les uns des autres, des sestras qui sont bien évidemment toutes incarnées par l'incroyable Tatiana Maslany, - je le dis et le répéterai, cette actrice n'a cessé de me bluffer durant cinq ans ! il est difficile d'incarner un rôle mais alors en incarner autant qui soit tous si différents, je ne peux qu'applaudir. 




À vrai dire je ne sais pas trop si cette série est connue ou non, je n'ai pas l'impression qu'elle ait reçue l'attention qu'elle méritait en tout cas. Maintenant qu'elle est terminée je me dis qu'elle aurait dû être plus connue, même si je pense qu'elle a réussi à avoir des gens qui, comme moi, sont des fans de la première heure, sinon elle n'aurait pas eue cinq saisons à son actif surtout que j'ai beau dire, j'ai beau être triste que ce soit terminée, le dernier épisode conclu extrêmement bien la série, le travail des showrunners aura été excellent jusqu'au bout si bien que dire au revoir aura été difficile, mais je n'aurais pu espérer meilleure fin pour cette histoire. 

J'ai décidé de ne pas me focaliser sur la dernière saison, au début c'est ce que je comptais faire puis après coup j'en suis venue à la conclusion que je ne voulais pas donner mon avis sur cette saison mais je voulais donner envie aux gens de la regarder, d'au moins voir le premier épisode et d'aviser après. Le plaisir que j'ai ressenti face à cette série, bah j'aimerais que d'autres puissent le ressentir aussi. 
Bon forcément ceux qui décideront de s'y mettre auront la chance de ne pas avoir à attendre un an entre chaque saison, chose qui aura été extrêmement dure. Je me suis énormément languis, patientant jusqu'au mois d'avril pour enfin avoir la possibilité de voir où cette histoire aller pouvoir mener. 

Je me suis souvent dit qu'ils avaient été au bout, qu'il n'y avait plus rien à dire, plus rien à écrire sur ces clones, sur leurs histoires et je me suis trompée. Voir la saison 5, c'est se rendre compte de la logique des scénaristes, c'est comprendre que des événements survenus des années plus tôt sont essentiels et on voit alors que tout s'emboîte, que cette histoire de Castor qui ne m'avait pas particulièrement fascinée a une place réellement important - autant que celle de Leda finalement. 


Orphan Black - saison 5, épisode 9 


Après coup, je me dis que les showrunners avaient peut-être épuisé leurs cartes, peut-être qu'ils ont dû construire une dernière saison sans vouloir forcément que ce soit la dernière je n'en sais rien. J'aurais aimé que ça continue c'est évident mais d'un autre côté je me dis aussi qu'au moins cette série n'aura pas le destin de beaucoup d'autres - j'entends par là une série qui voit sa qualité baisser parce qu'elle est renouvelée durant 10 saisons et qu'il n'y a simplement plus rien à dire dessus - il faut compter Supernatural comme une des rares séries qui durent et qui procurent toujours un plaisir fou ! 
Non, Orphan Black est cohérente, intéressante si ce n'est passionnante du début à la fin et c'est sans doute pour cette raison que j'ai autant aimé, que j'ai été aussi triste en voyant le dernier épisode. 
J'y ai énormément repensé depuis que je l'ai terminé et j'en viens toujours à cette conclusion que contrairement à d'habitude, je n'ai rien à redire pas même un petit détail et c'est ce qui rend cette série si chère à mes yeux. 


Je ne veux pas m'attarder sur le scénario comme vous pouvez le voir, je ne veux pas prendre le risque de raconter quoi que ce soit, prendre le risque de vous empêcher de plonger les yeux fermés dedans et d'apprécier sa qualité à sa juste valeur. 
Je ne vais pas non plus m'attarder sur les personnages en grande partie parce que le gros de la série n'est porté que par Tatiana Maslany est qu'il faut voir son jeu - enfin ses jeux - pour comprendre à quel point elle est douée, elle rend tous ses personnages uniques et c'est sans doute l'une des plus grande force de cette série - ça et son scénario de dingue. 


Je ne veux pas m'étaler parce que je veux vous donner envie de la regarder et que je ne veux rien gâcher. Finalement, tout ce que je peux dire est "essayez, essayez et vous verrez" et si vous le faites, j'espère que vous aimerez autant que j'ai aimé parce que c'est une série qui aborde énormément de thèmes qui sont importants : le problème que pose la science avec le clonage, l'acceptation de soi et des autres, la difficulté de vivre sans avoir d'origines, l'amour, la folie, la tolérance, tout un tas de choses qui sont importantes, non, même primordiales, et dont on ne fait peut-être pas toujours suffisamment attention. 














mercredi 18 octobre 2017

Le Coin des libraires - #72 Six of Crows I & II de Leigh Bardugo

Bon j'ai tellement de retard dans mes articles que j'ai décidé d'écrire en un seul mon avis sur la duologie Six of Crows de Leigh Bardugo. Et puis, c'est aussi parce que j'ai lu les deux tomes dans la foulée alors c'est plus simple pour moi.

Il faut que je le dise maintenant avant de m'étaler : j'ai adoré, ça a été une lecture plus que géniale et vraiment, je recommande cette duologie à mille pour cent !
Tous les ingrédients sont réunis pour me plaire : du fantastique, une bande de jeunes voyous prêts à tout pour mener leur mission à bien, des personnages avec une réelle épaisseur et une identité qui leur est propre, bref, tout y est.


  • Six of Crows I


Avant d'aborder le deuxième volet que j'ai préféré au premier, je pense qu'il est bon quand même de revenir sur ce dernier, rien que pour aborder la mise en place.
L'immersion dans l'univers du Barrel est immédiate, si bien que n'ayant pas lu la trilogie ultérieure de l'auteure nommée Grisha, j'ai eu un peu de mal au début avec le jargon propre à l'univers développé. Je suis plusieurs fois revenue au début pour voir quel grisha correspond à quelle capacité en quelque sorte. En dehors de ce détail, je n'ai rien à redire de négatif qui tienne vraiment la route.

La mise en place se fait relativement rapidement, l'auteure alterne les points de vue des six personnes que l'on va suivre tout au long du livre et chaque personnage possède sa propre vision des choses, son propre passé, etc. si bien que chacun est vraiment intéressant à suivre parce qu'il permet de contre balancer avec les autres.

Kaz est le chef de meute en quelque sorte, le plus sadique de tous parce qu'il a rarement des scrupules, parce qu'il est prêt à tout pour mener sa mission à bien. Si tous les personnages étaient comme lui, l'histoire se trouverait être amoindrie parce qu'on se dirait seulement "ouais ce ne sont que des voyous sans coeur", mais là ce n'est pas le cas parce qu'il y a Nina ou même Mathias qui sont très différents et qui viennent rééquilibrer le tout.

J'ai accroché avec tous les personnages à des degrés différents bien sûr. J'ai beaucoup aimé Kaz par exemple, mais je pense que je l'aurais détesté s'il n'y avait pas eu Inej. Pareil pour Mathias ou même Jesper - ouais non en fait j'adore Jesper tout court.
Leigh Bardugo nous livre des personnages qui semblent être insensibles de prime abord, mais qui se révèlent être très fragiles au final - en particulier Kaz mais ça on le voit surtout dans le deuxième tome.
L'essentiel de ce volet repose dans le fait de nous présenter les différents personnages et de nous donner les enjeux de l'intrigue : aller sauver Mathias et faire le coup du siècle en gros.

Ce sont les personnages qui m'ont enchanté dans ce volet, les différentes relations entre chacun, la singularité de chacun, les dons de certains, les aptitudes des autres. Je pense que j'ai énormément aimé pour la simple est bonne raison que c'est un roman auquel on ne peut pas mettre d'étiquette, le ranger dans la catégorie fantasy n'est pas juste parce qu'il y a aussi de l'aventure ou même de la romance, mais c'est toujours par petite touche, par-ci, par-là, si bien qu'on n'est jamais dans un seul genre ou même deux, mais plus dans une sorte de melting pote parfaitement maîtrisé.


Six of Crows t.I de Leigh Bardugo, éditions Milan.


  • Six of Crows II - La cité corrompue 


Comme je l'ai dit plus haut, j'ai préféré le deuxième volet au premier et même si c'est une bonne brique déjà, j'aurais aimé qu'il soit plus long encore.
J'ai tellement dévoré ces livres que j'ai eu du mal à mettre des sentiments sur ce que j'ai ressenti, ça a été l'effervescence durant quelques jours, le besoin de me poser un bon coup pour réfléchir à cette lecture et essayer le mieux possible de comprendre pourquoi j'ai tant aimé et pourquoi ça m'a tant déchiré le coeur de devoir quitter ces personnages.

J'ai rarement ressenti un vide aussi grand à la fin d'une lecture, enfin ça m'est arrivé à plusieurs reprises c'est sûr, mais je ne sais pas, ça faisait longtemps on va dire.
L'auteure est véritablement douée pour nous faire aimer ses personnages - pour ceux qui l'ont lu, ils comprendront pourquoi j'ai été si bouleversée par ce qu'il se passe un peu avant la fin, par rapport à Mathias... - à tel point que c'est une déchirure de devoir les quitter, de devoir accepter le fait que eux se reverront sûrement - c'est une promesse tacite entre Kaz et Inej quand même - mais que nous, lecteurs ne pourrons jamais les revoir, je crois que c'est surtout ça qui m'a fait de la peine.

J'ai aussi préféré ce volet parce que la mission suicide est passée et qu'il est temps de s'attaquer au Barrel, de se battre contre le grand méchant, Pekka Rollins, et ouais, l'histoire m'a plus captivé encore. Et puis on continue d'en apprendre plus sur le passé des personnages, on les découvre toujours un peu plus et ça n'a fait que confirmer mon attachement pour Inej qui est de loin ma préférée, mais j'ai aussi appris à mieux connaître Jesper en grande partie grâce à son père et ça a été une bonne surprise.


Six of Crows - la cité corrompue, Leigh Bardugo, éditions Milan.


Le fait que l'auteure ait choisi le parti d'ajouter à la bande un couple homosexuel m'a énormément plu, surtout qu'il s'agit d'hommes alors que généralement lorsqu'on aborde l'homosexualité, ce sont plus des femmes qui sont mises en scène. C'est encore un sujet qu'on traite trop peu que ce soit dans la littérature, dans le cinéma, bref, dans les arts en général et c'est bien dommage, il faudrait qu'il ait la place qui lui revient - peut-être dans quelques décennies ou suis-je trop optimiste ? 

L'histoire est plus prenante encore, plus intense, plus tout ce qu'on veut, si bien que les 500-600 pages s'avalent avant même qu'on ait compris que la moitié était passée.
À la lecture de cet article, beaucoup penseront que je ne dis rien, que je me contente de survoler le sujet et c'est sans doute vrai. Je pourrais écrire des lignes et des lignes sur la psychologie des personnages, sur ce que j'ai aimé d'eux par exemple, mais quel serait l'intérêt si ce n'est vous gâcher un merveilleux moment de lecture ?

Je pense que j'ai adoré en grande partie parce que j'avais refusé d'en savoir trop, à vrai dire je ne savais même rien du tout si ce n'est qu'on allait suivre une bande d'ados "voyous" et je pense que c'est le mieux, ne rien savoir et se laisser prendre par l'histoire, par l'univers singulier de Leigh Bardugo.
En revanche, si vous l'avez déjà lu, je serais ravie de pouvoir en discuter avec vous alors n'hésitez pas me dire ce que vous en avez pensé !

Je ne sais pas encore si je vais tenter l'aventure avec Grisha qui vient d'être traduit en français ou même si je vais essayer son nouveau livre : Wonder Woman. J'hésite énormément parce que Wonder Woman n'est pas mon héroïne préférée, même pas du tout, mais j'ai tellement aimé la plume que je vais peut-être lui laisser une chance !








Le ciel en sa fureur d'Adeline Fleury

Quand le varou m'emportera je m'endormirai dans le ciel de tes yeux. Sous les auspices de Jean de La Fontaine, Adeline Fleury nous ...