samedi 17 septembre 2016

Le Coin des libraires - #32 Effacée de Teri Terry

La dystopie est un genre que j'affectionne particulièrement, que ce soit dans la littérature ou au cinéma,  je trouve toujours intéressante la vision de l'auteur par rapport à la société dans laquelle il vit. 
Ça faisait longtemps maintenant que je n'en avais pas lu, depuis la trilogie Hunger Games en fait, je crois. J'ai eu envie de me plonger dans la saga Divergent, les films m'ont tellement dégoûté que j'ai décidé de m'abstenir, et puis, j'ai la trilogie de la 5ème Vague de Rick Yancey qui n'attend qu'à être lu et auquel je pense bientôt m'atteler - si j'arrive à trouver le temps... 

Sinon, il y a une trilogie que j'ai beaucoup aimée lorsque j'étais au lycée, il s'agit de Uglies de Scott Westerfield. C'est une copine qui m'avait prêté le tome 1 et j'avais vraiment beaucoup aimé la vision de l'auteur par rapport au diktat de la beauté et tout ce que ça entraînait. Malheureusement, les quatre tomes qui constituent cette saga sont plutôt inégaux, les deux premiers tomes sont excellents, les deux derniers biens moins, mais ça restait un bon moment de lecture. 

Et puis il y a quelques jours je tombe sur la couverture d'Effacée de Teri Terry, me doutant que c'est une dystopie ou en tout cas quelque chose dans ce goût-là, je me dis que ça pourrait être une lecture intéressante, agréable. Comme je le fais souvent, je l'ai acheté - ainsi que les deux tomes qui constituent la trilogie - sans même avoir lu la quatrième, j'aime me plonger tête baissée quand je lis un livre. 



Dans un futur proche, les criminels de moins de 16 ans sont condamnés à avoir la mémoire effacée. Ils doivent repartir de zéro, avec interdiction d'éprouver des émotions négatives : un appareil greffé sur eux est là pour le contrôler.
Kyla, 16 ans, a ainsi été « reprogrammée » et doit tout réapprendre, sous le contrôle sévère de ses parents adoptifs.
Pourtant, malgré son effacement, elle fait d'étranges cauchemars et se découvre des qualités qu'elle n'est plus censée avoir. Comme si son passé s'obstinait à remonter à la surface…
Et quand elle apprend qu'un avis de recherche la concernant a été lancé avant son effacement, elle s'interroge : a-t-elle vraiment été une criminelle ? A-t-elle vraiment mérité son sort ?
Alors, lorsque des lycéens opposés à l'effacement commencent à disparaitre, Kyla réagit.
Avec l’aide de Ben, effacé, lui aussi, elle décide de comprendre et part à la recherche de son histoire.
Mais le chemin qui mène à la vérité s'avère plus difficile que prévu. Et Kyla n'est pas de plus en plus certaine d'assumer le passé qu'elle sent progressivement revenir à elle…

On va donc suivre Kyla qui vient tout juste d'être effacée. Lors de notre "arrivée" dans son monde, dans un futur qui n'est pas si loin de nous, elle est encore à l'hôpital et va très bientôt en sortir pour rencontrer ceux qu'elle doit appeler ses parents, sa soeur, sa famille quoi. 
Kyla est bien évidemment différente des autres effacés puisqu'elle a des cauchemars sont en quelque sorte des souvenirs de son passé qui surgissent et le genre de souvenirs pas très marrants quand même. 

Au fur et à mesure des pages, on en apprend évidemment plus sur cette procédure d'effacement, pourquoi a-t-elle été créée ? par qui ? pour qui ? 
Bien évidemment on est loin d'avoir toutes les réponses après la lecture du tome I, sinon, il n'y aurait pas d'intérêt d'en écrire deux autres, ça tombe sous le sens ! 
Mais quand même, on en apprend suffisamment pour avoir envie d'en savoir plus, pour vouloir connaître le fin mot de l'histoire par rapport à la mère adoptive de Kyla qui n'est autre que la fille de ceux qui ont mis en place la procédure de l'effacement et les Lorders. Ah oui, parce que je n'en ai pas encore parlé d'eux mais en gros, ils sont une espèce de milice qui enlève un peu qui ils veulent et ceux qui disparaissent bah, ils ne reviennent pas. 

On peut s'imaginer que les disparus vont être "effacés" or, on ne peut être effacé que jusqu'à l'âge de 16 ans et quand l'amie de Ben - le copain de Kyla - qui a 17 ans se fait arrêter ainsi que le professeur d'arts plastiques de Kyla qui n'est pas loin d'être un vieillard se font enlever, on peut aisément imaginer qu'ils passent directement à la case mort 

Cette mise en place des Lorders et de l'opération d'effacement date des années 30, soit plus de 20 ans avant les évènements que nous suivons. La mère adoptive de Kyla nous apprend que ça vient des années 2020, à la suite d'émeutes urbaines. Le gouvernement afin de contrôler les "délinquants" a décidé de mettre en place l'opération afin de donner une seconde chance aux jeunes tout en les contrôlant jusqu'à leurs 21 ans par le biais de ce que l'on appelle un Nivo, c'est-à-dire une sorte de bracelet directement relié au cerveau qui tue son hôte si jamais celui-ci ressent des émotions trop fortes (amour, colère, etc.) ou encore s'il tente de retirer son nivo.

Ce contrôle effectué par le biais du nivo a une place relativement importante dans le récit puisque pour je ne sais quelle raison encore Kyla peut très bien s'énerver sans que son nivo ne réagisse, en revanche si elle est trop malheureuse/triste, son nivo chute et alors elle s'évanouis.
Tout au long de ce premier tome on ressent que personne n'est à l'abri, que l'on ne peut s'exprimer librement. En réalité, toutes les libertés m'ont l'air d'être bafouées - un peu comme en France en ce moment en fait.

Effacée de Teri Terry.

En plus d'être une quête identitaire pour notre protagoniste qui est persuadée d'avoir été une mauvaise personne, c'est aussi la représentation réaliste de ce que pourrait être notre monde d'ici quelques années/décennies : un monde régit par les forces de l'ordre qui font absolument tout ce qu'ils veulent et n'ont de comptes à rendre à personne, une population qui vit dans la peur en somme. Bon je dis dans quelques années ou décennies mais en réalité, c'est comme ça, on n'est déjà plus libre de s'exprimer ou encore de manifester alors je m'interroge, notre monde va-t-il devenir comme celui dans lequel évoluent Kyla et les autres ? Son monde n'est-il pas le nôtre finalement ?

J'ai souvent vu des similitudes avec notre époque, avec la mentalité des gens. Ça m'a amusé de lire que les émeutes et l'effondrement de l'économie ont eu lieu lors de la sortie de l'Angleterre de l'Union européenne, ça sonne tellement dans l'actualité alors que l'auteure a écrit ce livre il y a quatre ans si je ne m'abuse !
C'est sans doute une des raisons qui ont fait que j'ai tant aimé cette lecture, elle sonnait réelle, actuelle. Quand on lit Hunger Games, on a conscience que les Etats-Unis ne sont pas exactement comme ça, que même s'ils finissent de cette façon, ce ne sera pas avant un paquet de temps, là, pour ce qui est de cette histoire je me dis, pourquoi pas après tout ? Les gouvernements seraient tout à fait capables de mettre au point une opération qui permettraient d'effacer les mémoires et ainsi se débarrasser des fauteurs de troubles - ce n'est que mon point de vue après tout.

Pour ce qui est des personnages, Kyla reste évidemment au centre, on suit son point de vue, on ressent ses sentiments, on assiste à ses cauchemars donc forcément, on s'identifie plus à elle qu'à n'importe qui d'autre. Étant donné que cette trilogie entre dans la catégorie jeunesse j'avais peur qu'elle soit un peu niaise, chiante quoi, en fait non, du tout même. On a droit à un personnage conscient de la réalité, du bien et du mal sans que ce ne soit trop manichéen, elle-même ne sait pas ce qu'elle a fait pour mériter d'être effacée ce qui permet d'avoir un point de vue un peu plus ouvert sur la question de ce qui est bon ou mauvais.
Même si à la fin du tome I on ne peut pas remettre en question que le gouvernement (donc les Lorders) sont les ennemis du peuple, on ne peut pas dire que les terroristes soient "les gentils" non plus. Il n'y a pas de gentil à proprement parler, il n'y a que la population, les effacés et ceux qui ne l'ont pas été d'un coté et le gouvernement de l'autre.

Après, il y a le personnage de Ben, le copain de Kyla qui a lui aussi été effacé. Son personnage est tout simplement génial, voilà. Pour le coup, l'auteure a réussi à me faire adorer un personnage dont on  ne connait rien ! Il est le gentil garçon inoffensif au point qu'on se demande ce qu'il a bien pu faire pour être effacé d'ailleurs. On en sait autant que lui sur sa vie c'est-à-dire pas grand chose puisqu'évidemment, il n'a aucun souvenir. Il n'empêche que je l'aie trouvé vraiment très attachant, surtout à partir du moment où il ouvre réellement les yeux sur ce que le gouvernement fait aux effacés mais aussi à ceux qui ne le sont pas. Il passe du garçon tout gentil avec son sourire un peu niais à un jeune homme qui n'a plus l'intention de se faire marcher sur les pieds et surtout qui est prêt à tout pour se libérer des chaînes du gouvernement, quitte à en mourir - attention, je ne dis pas qu'il est mort parce que j'avoue, j'en sais rien du tout.

Le seul bémol que j'aurais à reprocher est la qualité des descriptions. Alors oui, je n'aime pas quand il y a 10 pages de description, mais là il y en a tellement peu que j'ai eu énormément de peine à me représenter l'environnement dans lequel les personnages évoluent, que ce soit la maison de Kyla ou encore le lycée, c'est si rapidement dessiné que l'on n'a pas vraiment la possibilité de pouvoir se l'imaginer.
Et aussi, j'ai trouvé la plume (ou la traduction ?) de l'auteure un peu moyenne, le style est fluide, agréable à lire mais voilà quoi je n'ai rien trouvé de transcendant, je n'ai même pas trouvé une seule citation à relever - chose qui ne m'arrive que très, très rarement.


Pour un premier tome de trilogie, Effacée remplit plutôt bien son contrat, il pose les bases d'une société qui n'est pas exactement la nôtre mais qui pourrait l'être, il pose également un certain nombre de questions qui restent en suspens et donnent très envie de découvrir la suite, de savoir ce qu'il va se passer pour la battante Kyla surtout après cette fin un peu incompréhensible par rapport à son passé. J'étais un peu sonnée quand j'ai lu les dernières pages au point que je me demande si j'ai bien compris haha, à suivre donc !






2 commentaires:

  1. Très bonne critique, j'avais vraiment bien aimé aussi, il y a une espèce de lenteur mais pas ennuyeuse dans le roman que j'avais apprécié également.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup !
      Oui tout à fait, ça donne envie d'en savoir plus au contraire !

      Supprimer

Le ciel en sa fureur d'Adeline Fleury

Quand le varou m'emportera je m'endormirai dans le ciel de tes yeux. Sous les auspices de Jean de La Fontaine, Adeline Fleury nous ...