mercredi 28 septembre 2016

L'Avenue du cinéma - #23 Le Cercle des poètes disparus de Peter Weiss + livre éponyme

Comme je vous le disais dans mon bilan du mois d'août, j'ai lu le roman Le Cercle des poètes disparus. Ça faisait pas mal de temps que je voulais voir le film, surtout après avoir étudié un extrait en cours et avoir essuyé des "quoi ? tu n'as jamais vu ce film ??"
Voilà, c'est désormais chose faite, ma culture cinématographique n'a plus à en souffrir, haha

Pour la "petite histoire", Le Cercle des poètes disparus fait partie de ces films qui ont été conçu avec une idée originale et non provenant d'une œuvre littéraire, ce qui, il faut bien le dire est tout à son honneur. On trouve quand même beaucoup de films qui sont des adaptations et ce, depuis la création du cinéma, ce n'est pas quelque chose de nouveau, le cinéma se lie très bien à la littérature et c'est un rapport que j'ai toujours trouvé passionnant. 

J'ai d'abord lu le livre avant de voir le film, même si j'aurais préféré le contraire, oui, vous devriez avoir remarqué que je suis ce genre de personne qui lit/voit d'abord l'œuvre originale et se tourne ensuite vers l'adaptation. Cette fois, ça n'était pas possible alors j'ai d'abord lu le roman. 
Sauf si ma mémoire est défaillante, je crois bien que c'était la première fois que je lisais un livre qui était auparavant un film, ce qui est un peu étrange quand on est habitué au contraire. 

J'ai décide de d'abord parler du film et d'ensuite le comparer au livre car, après tout, celui-ci est venu le premier.

L'approche du film est assez originale, on ne suit pas des pauvres ou encore des marginaux, non non, on suit l'élite, ceux qui sont destinés à rejoindre de grandes écoles et à exercer des métiers influents.
Le milieu rigide et archaïque de cette école pour garçons qu'est Welton, étonne par son aspect vieillit  au point qu'aujourd'hui, on peut penser que ça ne se passe plus du tout de cette façon, même dans ce genre d'école. En définitive, le fait que ce soit toujours comme ça aujourd'hui compte peu. Ce que j'ai trouvé un peu abusé de prime abord, c'est le fait que justement, on suit une bande d'adolescents qui n'ont pas à se plaindre de leur statut, du genre "quoi, tu vas devenir un prestigieux avocat et faire tes études à Yale, oh grand Dieu, quelle chienne de vie !"

Mais avec du recul, j'en suis venue à me demander si justement le cas de Neil n'était pas différent. Je veux dire par là que le fait que l'argent ne fait pas tout n'entre pas en compte pour lui, étant donné que même si sa famille a de l'argent aujourd'hui,  on nous fait bien comprendre que son père a trimé toute sa vie pour être là où il est et que c'est pour cette raison qu'il veut que son fils soit l'excellence même.
Donc oui, l'environnement fortuné de l'école est primordial, on suit des ados fortunés qui pourront faire ce que bon leur chante une fois sortis des jupes des parents. Il n'empêche néanmoins que Neil est un personnage à part pour cette raison et que c'est sans doute pour cela qu'il sera celui qui s'en ira.


L'histoire est très belle évidemment, les acteurs ajoutent grandement à sa beauté et en particulier Robin Williams dans le rôle de Mr Keating, il est un personnage attachant que l'on ne peut qu'adorer notamment pour son attitude qui détone complètement avec l'école. Je pense bien sûr à cette scène où il leur dit d'arracher l'introduction de leur livre, les élèves sont tellement façonnés par l'enseignement délivré par des professeurs austères qu'ils n'y croient pas leurs oreilles.
C'est un sujet noble que celui de la liberté, de la poésie, du fait qu'il faut "sucer la moelle de la vie" comme Keating le reprend si bien.

J'ai vraiment beaucoup aimé l'histoire que j'ai trouvée horriblement triste, incontestablement. Il fait partie de ces films très beaux avec un message très fort - Carpe diem ici - et c'est surtout le message que j'ai aimé, plus que le film en lui-même.
Bien que d'une certaine beauté, je n'ai pas trouvé l'esthétique du film très recherché, tout est au service de l'histoire et aucun plan ne ressort par rapport aux autres, excepté cette scène finale, celle où Todd court dans une neige qui ne s'arrête pas de tomber, qu'il court dans cette étendue de blanc, qu'il trébuche et pourtant, il continue à courir encore et encore, pour ne pas se laisser tomber, pour ne pas abandonner son cher ami qui l'a quitté. Ce plan est vraiment magnifique visuellement comme narrativement, mais j'ai trouvé dommage de devoir attendre la fin pour trouver un plan qui soit esthétiquement bon et pas seulement au service du scénario.

Attention, je ne dis pas que le film est moche parce que ce n'est pas le cas, certaines scènes sont intéressantes, notamment celles dans la grotte où se réunit le cercle, mais il n'y a rien de transcendant, malheureusement.

Il y a juste une chose qui m'a un peu fait tiquer (mais pareil dans le livre), c'est le fait que ce soit de la poésie d'hommes pour les hommes. Où est la poésie féminine ? Non parce que Keating cite quelques noms à un moment dont Shelley, mais Shelley l'homme, l'époux de Mary qui n'est "qu'une femme de lettres" et non une poétesse. Rien, la poésie féminine passe à la trappe ! Déjà que la femme en tant que telle n'est pas très bien représentée dans les deux supports, j'ai trouvé ça un peu moyen de voir que toute la poésie qui est citée n'est que de la poésie écrite par des hommes et ici, lu par des hommes aussi.
Je ne critique pas White, Thoreau ou même Shakespeare, absolument pas, mais ça n'aurait tué personne d'ajouter rien qu'un poème écrit par une femme, je vous assure.
Mais surtout le problème c'est que l'image de la femme dans ce film est franchement discutable. Non parce qu'au final, à quoi servons-nous ? Et bien, retour aux siècles précédents, nous ne sommes que des muses, des sources d'inspiration pour ces grands auteurs masculins ! Chris qui est la seule fille vraiment présente tout au long du film ne sert qu'à inspirer Knox pour écrire son poème, les deux autres filles présentes lors d'une des réunions du cercle ne servent à rien à part faire les pimbêches.
Le pire, c'est quand même qu'il suffit à Charlie de deux vers qu'il fait passer pour sa création (et qui sont en réalité de Shakespeare) pour que celles-ci soient en admiration devant lui, comme si elles n'avaient jamais rien entendu de telle.
Non mais franchement, faut pas abuser non plus, on n'est pas aussi niaises que ça, merci !

Au final, le seul moment relativement juste, c'est celui où est publié l'article où il est demandé que les filles puissent s'inscrire dans l'école. Mais là encore, ce n'est pas pour les bonnes raisons, c'est simplement parce que les garçons s'ennuient sans les filles et que bah, ce serait plus sympa s'ils pouvaient s'occuper quand même ! Donc voilà, pour ce qui est de l'image de la femme, on peut sérieusement repasser.



  • De l'écran au papier


Publié en 1990 soit un an après la sortie du film, le livre Le Cercle des poètes disparus est une transposition en livre, tout simplement. Très court, à peine deux cents pages, j'ai trouvé l'histoire très intéressante - faut dire que je la découvrais pour la première fois comme je n'avais pas vu le film. Pour tous ceux qui ont aimé le film, je leur dirai qu'il peut être sympa de lire le livre, mais en soit il n'est pas non plus très différent du film.
Le style d'écriture est plaisant, ça se lit bien et on arrive rapidement au bout sans y trouver de longueur.

En revanche, est-ce que le livre apporte plus que le film ? Oui et non.
Comme très souvent, on a généralement plus de détails dans un livre que dans un film, c'est par exemple comme cela que j'ai su que les vers récités par Charlie aka Ruwanda - je crois - sont en réalité ceux de Shakespeare, chose qui n'est pas dite dans le film. C'est ce genre de petits détails qui rend le livre intéressant par rapport à l'œuvre originelle.
J'ai aussi trouvé que l'on sent plus que Todd est le protagoniste que dans le film où là, tout le monde est un peu sur la même échelle et gravite autour de Neil.
Sinon, bah je dois bien avouer que durant le visionnage du film, j'ai surtout trouvé que l'auteur, N.H. Kleinbaum a repris le tout plan par plan et l'a écrit. Sans être une pale copie, le roman n'offre pas forcément un regard nouveau et c'est peut-être pour cela au final que j'ai été plutôt déçue par la réalisation. Le même point de vue a été adopté dans les deux ce qui du coup ne permet pas d'avoir un regard très original en fonction du support.

Le Cercle des poètes disparus de  N.H. Kleinbaum.

Ça a été un bon livre, un bon film aussi. Je dirais quand même un meilleur film qu'un livre parce que finalement, je ne trouve pas que ce soit très dur d'écrire à la lettre une histoire qui a déjà été écrite auparavant - ça n'est que mon avis évidemment. J'ai particulièrement aimé le message, comme beaucoup je pense, c'est un message vraiment magnifique, un message qui touche tout le monde et qui nous rappelle de ne pas attendre pour vivre notre vie, parce que la vie ne nous attend pas pour nous quitter. Une belle histoire, une histoire triste comme il y en a de plus en plus rarement au cinéma.

L'adaptation de ce film en livre m'a mené à une question dont je n'ai pas trouvé la réponse, pourquoi ce film-là a eu droit à son roman et pas d'autres films tout aussi beaux ? Qui est-ce qui a décrété, permis, décidé que Le Cercle des poètes disparus deviendrait un livre en plus d'être déjà un film ?
Cette histoire méritait d'être écrite, c'est vrai, mais comme d'autres histoires, comme j'aurais aimé lire l'histoire d'Eternal Sunshine of the spotless mine de Gondry par exemple, alors pourquoi lui précisément ?








2 commentaires:

  1. C'est un film que j'ai beaucoup aimé ! Je me rappelle l'avoir vu pour la première fois lors d'un cours d'anglais (en VO) et quelques années après en français :)
    Mais je suis tout à fait d'accord avec toi en ce qui concerne l'image des femmes... et ceci est vraiment dommage !

    Je n'ai pas lu le livre, me le conseillerais-tu ? :)

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    Réponses
    1. Bonjour Camilla :)
      De même pour moi, j'en ai entendu parler pour la première fois lors d'un cours d'anglais !

      Si tu as vraiment aimé le film et que tu aimerais voir la façon dont un film peut être adapté en livre oui je te le conseille !
      En revanche, si tu as aimé le film, mais sans plus, il ne sers peut-être pas à grand chose de lire le livre, le film se suffit à lui-même !

      Belle journée.

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